Borsig a écrit :
Le choix qui a été fait par Roosevelt (et Churchill peut-être ?) ne fut pas sans conséquence. L'opération Torch a été préparée sans mettre Darlan dans la confidence. Dans ces conditions Roosevelt aurait du deviner que la réaction serait violente dés que les navires s'approcheraient dés ports d'AFN.
Mais enfin Borsig, comprendrez-vous enfin que Vichy collaborait avec les Allemands ?Darlan est l'homme qui a proposé en 41 les accords de Paris, en se déplaçant à Berchtesgaden pour en discuter avec Hitler. Les clauses : (source Wiki)
Citer :
Les Protocoles de Paris sont signés le 28 mai 1941 par Darlan et Abetz. Par anticipation sur ces accords, et avec l'approbation active de Pétain, qui en adresse directement l'ordre au général Dentz, une base a été livrée à la Luftwaffe à Alep en Syrie, tandis que des véhicules, de l'artillerie et des munitions sont cédés aux Allemands, en Afrique du Nord, ainsi qu'en Syrie, aux Irakiens en lutte contre le Royaume-Uni.
Les autres protocoles signés à Paris par Darlan prévoient aussi la livraison aux Allemands de bases navales à Bizerte et Dakar. Ces textes prévoient même qu'en cas de riposte des Britanniques, ou des Américains (à ce moment ces derniers sont pourtant encore neutres) contre les bases ainsi transférées aux Allemands, les forces de Vichy devront les défendre.
(Sans rien obtenir en échange, ce qui cette fois ferait pencher la balance vers le "grand manipulateur" évoqué par Jardin David.)
Personne parmi les Alliés n'aurait fait la folie de prévenir Darlan. - Autant prévenir Hitler ! - Il faisait au contraire partie des personnes à intoxiquer absolument. Le 2e Bureau français à Vichy - qui travaille lui avec l'Intelligence Service - y a veillé, et quelques jours avant le débarquement Darlan est persuadé qu'il concerne l'Italie ou la Grèce. (Ce qu'il confie à Baril, qui peut ainsi constater que ses services ont bien travaillé.) C'est l'état de santé de son fils qui l'amène à faire un saut à Alger. Sans l'action de la résistance algéroise, qui le capture avant le début de l'action et le tient pieds et poings liés pour le consul américain, sa présence inattendue à Alger aurait été une catastrophe.
A cette occasion, un épisode qui va marquer les Américains : Murphy fait pression sur Darlan pour qu'il donne l'ordre de cesser le feu à toutes les unités d'Algérie. Darlan finit par accepter et rédige un ordre - à destination de l'E.M. d'Alger, qu'il met dans une enveloppe.
A Murphy : - Vous voulez lire cet ordre ?
Murphy :- Mais non. J'ai confiance en votre parole.
Un résistant présent, qui connaît son client, se montre plus méfiant et exige de lire le mot. Texte :"Ordre à la flotte d'ouvrir le feu."
(On s'apercevra plus tard qu'il a également fait demander par télégramme à Vichy l'intervention de la Luftwaffe.)
Pendant les trois jours suivants, Darlan va accepter de collaborer avec les Américains, tout en restant en liaison par cable avec Vichy, ce qui lui permet de prétendre qu'il agit selon les ordres de Pétain, ce que le maréchal à Vichy dément publiquement en condamnant sa trahison.
Situation tellement tordue qu'elle donnera à Churchill l'occasion de ce mot superbe, aux Communes :
- Si Darlan faisait fusiller Pétain, il le ferait sûrement au nom du maréchal.
Ce qui n'empêchera pas Roosevelt de faire conférer à Darlan le rôle de chef des Français (civils et militaires) d'Afrique du Nord. (Il s'agit de tenir De Gaulle à l'écart.) Darlan qui s'est acquis le mépris des Américains sur place : Eisenhower et Clark dans leurs courriers ne le désignent que sous les initiales YBSOB-Darlan - Yellow belly son of a bitch - ce foireux fils de pute. Ils n'en font d'ailleurs pas mystère à la presse, en privé.
Il aggravera encore son cas au cours d'une conférence de presse avec les journalistes alliés, où il prétendra que la négociation avec Hitler et les accords de Paris lui ont été arrachés par la contrainte, ce qui donnera le commentaire unanime : " Pokerface ! "
Roosevelt sommé par la presse américaine de mettre fin à ce pouvoir délégué à un collabo notoire, est obligé de concéder qu'il s'agit d'un "expédient provisoire." (Sans préciser d'ailleurs sous quels délais.)
A Londres, De Gaulle commente par courrier à Churchill : (de mémoire) " C'est une erreur que de se mettre ainsi en contravention avec le caractère moral de cette guerre. Nous ne sommes plus au 18ème siècle où Frédéric payait des gens à la Cour de Vienne pour conserver la Silésie, ni à la Renaissance où des mercenaires mettaient leur épée au plus offrant entre cités italiennes. Encore ne les mettait-on pas ensuite à la tête des peuples conquis. Si la France devait s'apercevoir que sa libération c'est Vichy, vous pourrez bien gagner la guerre, mais en définitive vous la perdriez d'une autre façon, et il n'y aurait qu'un vainqueur : Staline."