Je profite de ce message pour corriger une erreur dans mon ordre de bataille.
Je mentionne à plusieurs reprises les "Panzerjäger Abteilungen", ces bataillons antichars des Heerestruppen. Mais en fait, en septembre 1939, la nomenclature officielle est "Panzerabwehr Abteilungen". Ils ne deviendront "Panzerjäger" qu'en avril 1940.
Le Panzerabwehr Abteilung (motorisiert) 525 n'est pas un régiment, mais un groupe (un bataillon). Il ne comprend pas trois groupes de dix tubes, mais seulement dix tubes, a priori des 3,7cm Pak 36 en effet. Je ne crois pas qu'ils soient automoteurs (Sfl), puisque le groupe est qualifié de "motorisiert". De toute manière, aucun automoteur antichars n'était disponible à cette époque, le Panzerjäger I apparaissant en mars 1940 seulement. Je dirais donc des pièces de 3,7cm tractées.
Autre point : il m'apparaît délicat de comparer les vagues allemandes aux séries françaises. Ainsi, la série A française est-elle duale. Elle comprend d'une part les formations d'active mobilisées (26% de cadres d'active, 40% d'hommes de troupe d'active), d'autre part les divisions de réserve de série A (18% de cadres actifs, 2,5% d'hommes de troupe de l'active). La valeur est donc inégale. Mais bon, de toute manière, à l'exception de la 6ème DIC qui est une formation série A non-active, toutes les autres formations engagées sont de série A active, ce qui règle le problème.
Mais dans tous les cas, la comparaison avec les unités allemandes est difficile. La série A est - pour l'infanterie uniquement, attention - inférieure à l'active allemande, les formations d'active série A étant d'un niveau sensiblement supérieur aux divisions allemandes de la 2. Welle, tandis que les série B françaises (non-mobilisées ici) sont un équivalent des 3. Welle. Les 4. Welle n'ont pas d'équivalents, et il faudrait nuancer votre appréciation : si elles sont mal équipées et mal formées, elles comprennent en majorité du personnel jeune. A titre de comparaison, une division 3. Welle ne comprend aucun personnel d'active, chefs de corps exclus, 12% de réservistes première catégorie (douze mois de service militaire), 46% de réservistes deuxième catégorie (huit à douze semaines d'instruction militaire) et 42% de personnels de la Landwehr (deuxième réserve, formés avant 1918, pas d'instruction depuis) ; une division 4. Welle comprend 9% de personnels actifs, 21% de réservistes de première catégorie, 46% de réservistes de deuxième catégorie et 24% de Landwehr (soit un tiers de personnels complètement formés, ce qui est bien mieux qu'une division série B, et peut même s'apparenter à certaines divisions de série A de formation).
Sinon, ponctuellement :
"
Citer :
NB : attention, il s'agit là de l'ordre de bataille au 1er septembre 1939, alors que l'offensive de la Sarre débute, si mes souvenirs sont bons, vers le 8 ou le 10. L'ordre de bataille est donc susceptible d'évolution au cours de cette période (mais à la marge à mon avis).
Aucun renfort n'est susceptible de renforcer cette portion du front avant la fin de la campagne de Pologne."
>>> Je n'insinuais pas que des renforts pouvaient surgir avant les dix derniers jours de septembre au mieux. Mais que la 1. Armee pouvait être renforcée par des unités prélevées sur les 5. et 7. Armeen par exemple. Je pense que les Allemands avaient les moyens de faire roquer rapidement jusqu'à une demi-douzaine de divisions sur le secteur. De plus, je crois qu'il y a une autre demi-douzaine de divisions (essentiellement des 4. Welle il est vrai) en réserve stratégique à l'intérieur du Reich. Mais celles-ci semblent de peu d'utilité.
Néanmoins, je ne pense pas qu'il y ait eu de modifications significatives de l'ordre de bataille allemand entre le 1er et le 7 septembre 1939. Nous tombons donc d'accord.
En ce qui concerne les similitudes Westwall/Sedan, je nuancerais un peu. Certes, l'obstacle antichars et l'étranglement logistique que représente la Meuse n'est plus présent. Mais il me semble que les positions allemandes sont plus fournies, mieux disposées et surtout pensées pour une défense élastique. Je ne parle pas seulement des trois lignes, mais bel et bien de la profondeur des sous-secteurs. Idéal pour une bataille de retardement... Alors que nous, à Sedan, passés quelques fortifications bétonnées, il n'y a plus rien.
Surtout, et vous le pointez du doigt en mentionnant les appareils du VIII. Fliegerkorp, il y a deux différences essentielles entre les deux cas : eux ont un meilleur appui tactique (le nôtre est inexistant), alors même que les délais de concentration de notre artillerie ne sont pas achevés au 7 septembre 1939 ; eux ont procédé par des actions commandos décisives (je pense en particulier au travail réalisé par les types du Sturmpionier Bataillon 43, qui permettent le franchissement du fleuve et la neutralisation des positions fortifiées presque à eux seuls - cf. ce qu'en dit Frieser), alors que nous en étions bien incapables (pas dans notre mentalité ni nos capacités à l'époque).
Une très grosse différence. Nous n'avions rien retiré de l'expérience allemande des "Stosstruppen". Eux l'ont poussé au maximum.
Concernant le niveau des unités, quand je parle de divisions d'active d'un excellent niveau, c'est bien entendu relativement. Sur l'ensemble des unités engagées en septembre 1939, elles sont bel et bien d'un excellent niveau, tout comme certaines de nos divisions série A. Les 2. Welle valent sans aucun doute mieux que nos série A de réserve, certaines étant l'équivalent de nos divisions série A d'active (même si d'autres en sont loin). Les 3. Welle ne valent que pour faire du nombre ou si elles sont doublées par des unités plus solides, les 4. Welle ne peuvent guère être engagées, sauf pour des missions de seconde zone. Elles se rattraperont bien et seront parmi les divisions allemandes les plus performantes à partir de 1940.
"Sans négliger la valeur de l'obstacle qui nous est opposée, il est évident qu'une mobilisation commencée à temps, suivie d'une concentration débutant dès le 1er septembre 1940, devait nous permettre de disposer d'au moins 30 divisions opérationnelles à cette date, dont 20 d'active au minimum.
En l'état, nos pièces de 105, de 155 et de 75 étaient suffisantes pour aveugler les blockhaus ou casemates qui nous étaient opposées, le tir de neutralisation étant obtenu par les 75 tractées ou par ceux des B1 bis. (102 disponibles pour l'offensive)
Le canon de 47 des chars D2 (90 sur le front), était indiqué également.
On doit mentionner les 9 chars C également disponibles avec leur 75 sous tourelles.
Ces 201 chars "lourds" auraient pu être précédés de 300 chars R.35 environ. Pour des opérations "dynamiques", à la limite de ce que nos généraux étaient capables de faire.
Plusieurs centaines de FT.17 étaient suceptibles d'appuyer notre infanterie (pas si dépassés que ça pour aider à la prise de tranchées...)."
>>> Tout à fait d'accord avec vous, mais voilà, le problème, c'est que :
1) ce n'est pas ce qui s'est passé.
2) je doute que cela aurait pu se passer.
Commencer la mobilisation le 1er septembre 1939 ? Voire, la mobilisation est ordonnée le 2 septembre à minuit ! Pas une bien grosse différence. Surtout, la majorité des échelons a sont déjà mobilisés depuis la dernière semaine d'août.
De même, ne pas confondre mobilisation et concentration. Ce sont deux phases très distinctes. La mobilisation est le rappel des réservistes, qu'il faut rassembler, équiper, former en unités. Elle dure théoriquement quinze jours (en fait jusqu'à vingt). La concentration est la phase suivante, qui vise à positionner les forces dans le secteur frontalier en vue des opérations. Bien entendu, ce n'est pas monolithique : les échelons a sont pour certains déjà en place le 2 septembre 1939, certaines unités à mobilisation rapide sont concentrées dès le 7 septembre 1939 (d'ailleurs, c'est le cas des formations qui participent à "Sarre", toutes d'active à mobilisation rapide, 6ème DIC exceptée). Mais pour trente divisions, c'est une autre paire de manches. Pas concentrées avant le 15 septembre au mieux, je dirais, à la louche (nous disposons de trente divisions d'infanterie d'active, mais deux sont en AFN, d'autres assurent la couverture des Alpes, du Rhin, de la Basse-Alsace, etc). Pour les autres divisions, je doute de leur capacité à être concentrées avant la mi-septembre au mieux. D'où mon très grand scepticisme par rapport aux "84 divisions" disponibles...
Pour les chars, ce sera encore plus simple : vous me décrivez un merveilleux exemple de concentration des blindés, associés à une action d'infanterie dans le plus pur style de l'interarmes. Si ça c'était passé ainsi, les Allemands n'auraient pu avoir le privilège d'inventer le Blitzkrieg : nous l'aurions fait ;-)
Les BCC subissent les mêmes problèmes de mise sur pied et de concentration que les divisions. Ce n'est pas parce qu'il y a x chars de tel type disponibles qu'ils étaient projetables sur la Sarre en masse le 7 septembre 1939. Au contraire, je viens de m'intéresser de près à la mobilisation de la cavalerie (pour les régiments des DLM et les groupes de reconnaissance principalement), et si c'est pareil dans les blindés de l'infanterie, la disponibilité des unités devait être belle !
Mais sinon, nous tombons d'accord : avec une concentration maximale de tous nos effectifs disponibles le 10 septembre 1939, infanterie, chars, artillerie, attaquant avec des méthodes de combat interarmes, nous pouvions sans doute nous emparer de la Sarre, voire même pousser au-delà du Rhin, avant le retour des divisions allemandes de Pologne.
Mais justement, ce serait oublier les limitations de l'armée française à cette époque, qui ne désire pas concentrer tous ses moyens au même endroit pour assurer la protection de ses phases de mobilisation et de concentration (héritage des plans établis entre 1873 et 1914) contre une attaque ennemie brusquée (ne pas oublier que les Allemands mobilisent avec une semaine d'avance sur nous !), qui n'y connaît pas grand chose à la coopération interarmes et pour laquelle la concentration des moyens blindés sur un point d'application offensif est strictement inconnue.
Si l'on regarde la situation compte tenu de ces limitations, moi je pense, à titre personnel, que nous n'avions pas les moyens de faire grand chose, même si le dispositif défensif allemand souffrait de lacunes importantes.