Barbetorte a écrit :
Je ne crois pas que l'Allemagne ait été acculée à annexer les Sudètes puis envahir la Pologne, et je ne crois pas que le Japon ait été acculé à envahir là Chine et à occuper l'Indochine.
Nul ne dit que l'Allemagne et le Japon n'étaient pas engagés chacun dans une guerre de conquête. Ils ont clairement ouvert les hostilités, chacun sur son continent.
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On ne peut, dans ces conditions, prétendre que la politique américaine était offensive contre l'Axe acculé à déclarer les hostilités.
Mais là on parle de ce qui s'est passé en 1940-1941, du point de vue des Etats-Unis.
S'il avait suivi son opinion publique, Roosevelt aurait pu se tenir à l'écart de la guerre en Europe et en Asie. Mais ce n'est pas ce qu'il a fait.
Il faut se mettre à sa place et regarder comment il manoeuvre, malgré une opinion publique qui ne veut pas de guerre : réélu en 1940 sans avoir évoqué la possibilité de guerre, il va s'engager au maximum pour provoquer ses adversaires. Tout d'abord il apporte à l'Angleterre toute l'aide qu'il peut, et s'engage militairement dans l'Atlantique pour prendre une part de cet engagement naval. Il fait savoir à l'Allemagne qu'il couvre la moitié de la route de l'Atlantique et y engage ses escorteurs. Si Hitler conseille la prudence aux U-Boot sur cette zone, cela n'empêchera pas des affrontements avec des navires américains. A ce stade, Hitler est déjà dans les faits dans une situation de guerre sourde avec les USA.
Mais c'est en 1941 que Roosevelt précipite les choses. (sans doute parce que l'invasion de l'URSS lui inspire les plus grandes inquiétudes sur ce qui risque d'advenir en Europe. Mais il ne peut espérer déclencher une déclaration de guerre de l'Allemagne.)
Ayant constaté que le Japon le lanterne, il déclenche les hostilités en décidant un embargo sur le pétrole vers le Japon, ce qui ne laisse à celui-ci que le choix de se coucher ou de lui faire la guerre. Et évidemment le choix du Japon ne fait pas de doute. (Au moment de Pearl Harbor, le Japon disposait en tout et pour tout de six mois de réserves pétrolières.) Roosevelt aura donc une déclaration de guerre du Japon. Au passage, il sous-estime cet adversaire, dont l'expansion explosive dans le Pacifique, tant vers l'Australie que vers l'Inde va prendre tout le monde par surprise. Mauvaise surprise, qui va obliger l'US Navy à engager le gros de ses moyens dans le Pacifique, ce qui n'était pas prévu.
Mais Roosevelt a sa guerre, et de plus les procédés japonais retournent du jour au lendemain l'opinion américaine.
Là il y a une question : quid de l'Allemagne ? Roosevelt a fait déclarer par le Congrès que l'Amérique était en état de guerre, formule ambigüe qui lui laisse de la marge, mais enfin il n'a pas formellement déclaré la guerre à l'Allemagne. Pour l'opinion américaine, l'ennemi dont il faut se venger est le Japon.
C'est là que l'attitude de belligérance non déclarée dans l'Atlantique va payer : Hitler fait le double calcul, d'une part que l'Amérique qui mobilise lui fera la guerre sous peu - d'ailleurs elle le fait déjà sans le dire - et d'autre part qu'il a une occasion en or de gagner la bataille de l'Atlantique en faisant un massacre des deux marines marchandes anglaises et américaines, en engageant à fond ses U-Boot sur toute la surface de l'Atlantique et sur la côte est. C'est donc Hitler qui déclare la guerre, et Roosevelt ne demandait que cela.
Mauvaise pioche, de la part de Hitler : si la U-BootWaffe fait effectivement un carnage pendant les premiers mois de 1942, il ne gagnera pas pour autant la bataille de l'Atlantique, et il s'est mis un colosse à dos.
Au passage, les moyens industriels engagés par l'Allemagne pour construire des centaines de sous-marins sont déjà une perte de capacité industrielle pour sa guerre à l'est. De même pour les moyens engagés contre l'offensive aérienne alliée, puis pour les divisions envoyées en Afrique et ensuite en Tunisie : Staline se plaignait de l'absence de second front, mais dans les faits l'URSS a été soulagée très rapidement de ces moyens que l'Allemagne aurait pu utiliser contre eux.
pour conclure, Roosevelt a utilisé toute la gamme des moyens que lui permettaient une opinion pacifiste pour pousser ses adversaires à bout. Et il a obtenu ce qu'il voulait.