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Message Publié : 09 Avr 2018 19:44 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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Bonsoir !

En 1941 on sait que l'armée soviétique perdit d'immenses territoires face aux armées nazis.
Quelles étaient les principales faiblesses de cette armée soviétique tant au niveau du matériel qu'au niveau humain ?

Merci de vos contributions !

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Le souvenir ne disparait pas, il s'endort seulement.
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La science de l'histoire est une digue qui s'oppose au torrent du temps.
Anne Comnène, princesse byzantine (1083-1148)

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Message Publié : 09 Avr 2018 21:44 
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On va en trouver beaucoup, mais le premier fait à souligner, s'agissant des défaites de 1941, c'est qu'elle a été attaquée en grand style et pratiquement "toutes forces réunies" par ce qui était à l'époque la meilleure armée du monde : la Wehrmacht.

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Message Publié : 09 Avr 2018 23:04 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines
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L'une des causes les plus citées pour expliquer la faiblesse de l'Armée Rouge au début des années 1940, ce sont les Grandes Purges... Quand Staline a fait liquider tous ses opposants, réels ou supposés.
L'un des exemples les mieux connus, c'est le Maréchal Mikhaïl Toukhatchevski, exécuté en 1937... Peut-être le commandant le plus brillant de l'Armée Rouge à son époque.

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Message Publié : 10 Avr 2018 5:44 
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Oui, et il faut expliquer que Staline ne s'est pas contenté de faire exécuter 8 généraux sur 10. La purge folle est descendue jusqu'au niveau des capitaines : 50% des officiers ont été liquidés.

On connaît le mécanisme, lorsque le NKVD a la certitude d'un complot. Chacun doit défendre sa peau face à des accusations folles obtenues par la torture ou la menace d'exécuter la famille :
- Mais Ivanovitch dit que vous êtes un traître et que vous avez rencontré des Allemands !
- Il ment. C'est lui qui avait des contacts avec les nazis. Etc...

Pour leur malheur, en prime, une partie de ces officiers avaient participé dans les années 20 à la coopération entre Soviétiques et Allemands sur le plan des armes, à l'époque ou la Reichwehr préparait clandestinement le réarmement, et allait mettre au point ses nouveaux matériels en commun avec les Russes. Certains contacts avaient réellement existé, mais dans un cadre souhaité par les autorités soviétiques...

L'armée rouge était donc une armée sans encadrement - les remplaçants n'avaient aucune expérience.

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Message Publié : 10 Avr 2018 18:49 
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Plutarque
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Lord Foxhole a écrit :
L'une des causes les plus citées pour expliquer la faiblesse de l'Armée Rouge au début des années 1940, ce sont les Grandes Purges...

Il me semble avoir lu que des études récentes "relativisaient" l'effet des purges : l'augmentation des effectifs de l'armée rouge avant la guerre, et a fortiori après juin 1941, auraient posé un problème d'encadrement encore plus sévère que les purges elles-mêmes.

Et aussi, quand Barbarossa débute, l'armée rouge vient de se redéployer de la ligne Staline (qui protège les frontières de l'URSS) à la ligne "Molotov" (construite sur les nouvelles frontières de 1940 après l'invasion de la Pologne et des pays baltes) qui est loin d'être terminée. Ca n'aide pas.


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Message Publié : 10 Avr 2018 20:08 
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Marc Bloch
Marc Bloch

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Sans vouloir jouer à l'expert que je ne suis pas, je me souviens avoir lu que le problème fondamental des soviétiques était la médiocrité de l'encadrement formé à la hâte. En effet, la doctrine soviétique privait les officiers de tout esprit d'initiative. Et en outre les purges et l'inflation des effectifs avaient conduit à des promotions ultra rapides. De sorte qu'en gros les sections étaient en fait commandées par des sergents hâtivement promus sans formation sérieuse , les compagnies par des lieutenants, les bataillons par des capitaines, etc ...

Je crois que la situation était symétrique du côté allemand : les simples sergents avaient la valeur d'un lieutenant, les lieutenants commandaient des sections mais pouvaient parfaitement commander des compagnies, etc ...l'initiative était en outre favorisée par la doctrine !


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Message Publié : 10 Avr 2018 20:31 
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Jean Mabillon
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Oui mais chez les Allemands on les avait formé pour être capables de commander 2 grades au dessus ,c'était le système dans la Reichswehr.....De plus la présence des commissaires politiques était une entrave au libre commandement des troupes par les officiers..


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Message Publié : 10 Avr 2018 20:55 
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La Reichswehr avait formé une pépinière de cadres, mais celle-ci a été intensivement utilisée lorsqu'il a fallu passer d'une armée de 100000 professionnels à une armée de six millions de conscrits en quatre ans à peine. Elle n'existe donc plus en 1941.
En juin 1941, dans l'armée de Terre allemande, l'officier moyen d'une division moyenne n'est pas un professionnel, c'est également un réserviste. Mais il est bien formé, très motivé (car valorisé et fier de son statut et de l'armée dans laquelle il sert) et parfaitement intégré dans un système de commandement doué d'un rendement rarement atteint, où l'initiative individuelle lui donne une autonomie très large tandis que la cohésion de corps lui offre soutien et conseils. Si on ajoute à cela qu'il dispose de subordonnés disciplinés, performants dans leurs tâches et tout aussi motivés que lui, on arrive à un résultat particulièrement efficace.

Tout le contraire, effectivement, de l'Armée rouge, où l'officier subalterne n'est qu'un exécutant médiocrement valorisé, le plus souvent pauvrement instruit dans ses fonctions et pas toujours très motivé, qui ne bénéficie pas d'un cadre de commandement (sous-officiers) capable de l'aider efficacement. Résultat des purges de 1937-1938, oui, mais aussi des insuffisances du système russo-soviétique (vivier de recrutement des officiers relativement pauvre, les jeunes gens les plus performants s'orientant vers le parti ou la recherche plutôt que l'armée, notamment).
Ce qui n'enlève pas au soldat soviétique quelques-uns de ses mérites éminents, notamment son endurance et sa détermination au combat (dans la majeure partie des cas du moins).

CEN EdG

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Message Publié : 11 Avr 2018 1:12 
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Philippe de Commines
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Une chose dont j'ignore complètement, c'est l'état du fonctionnement des communications militaires...
L'une des principales causes de la défaite française en 1940, c'est la lenteur de la transmission des informations : les QG apprennent toujours en retard ce qui se passe sur le front... Et quand les ordres sont finalement envoyés aux unités, c'est le même souci. Bilan : l'armée allemande a toujours un temps d'avance sur son adversaire, et les Français se contentent généralement de subir les évènements.
Y avait-il le même problème au sein de l'Armée Rouge en 1941 ?

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Message Publié : 11 Avr 2018 5:52 
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Oui, surtout parce qu'avec les frappes de la Luftwaffe qui prennent l'Armée rouge totalement par surprise, ces communications sont profondément désorganisées dès le premier jour. Et ensuite, avec la rapide progression allemande et la retraite générale des Soviétiques, cet état initial ne fait que s'aggraver. Il n'est réellement surmonté qu'à la fin de l'automne 1941, et encore, il faut encore plusieurs mois pour qu'il puisse concurrencer les performances allemandes.

CEN EdG

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Message Publié : 11 Avr 2018 12:54 
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Philippe de Commines
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Les communications sont une des grandes faiblesses de l'Armée Rouge effectivement, pour une bonne partie à cause du manque de matériel radio. La plupart des communications sont filaires d'où une fragilité intrinsèque et un manque de souplesse (ni les blindés, ni les avions ne sont équipés de matériels radio en 1941, à l'exception des chefs de patrouilles).
L'aviation est une autre faiblesse: matériels pour beaucoup obsolètes, formation des pilotes insuffisante et doctrine d'emploi trop rigide (ce dernier point ne sera corrigé que tardivement et très progressivement).
En juin 41, l'Armée Rouge est déployée à la frontière, sur une ligne unique et sans recul autorisé. Malgré le courage individuel dont fait preuve la troupe (à juste titre souligné par CEN_EdG), les Soviétiques sont rapidement tournés et ne sont pas autorisés à décrocher, d'où les gigantesque batailles d'encerclement qui décimeront l'Armée Rouge.
Il faut souligné aussi qu'en 1941, l'Armée Rouge est en pleine réorganisation du fait des purges bien sûr, mais pas que. La guerre d'Espagne et plus encore la Finlande ont entamé son capital confiance et elle se cherche une nouvelle doctrine avec une facheuse tendance à vouloir casser tout ce qui s'est fait dans les années 30 (et ce n'est pas le seul fait de Staline).


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Message Publié : 11 Avr 2018 13:43 
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Tout en étant d'accord avec les éléments de cush, je me permets d'apporter une précision : si l'entêtement de Staline à demeurer sur les positions tenues au-delà du bon sens est devenu proverbial au cours de l'été 1941 - et à raison, car c'est lui qui permet la gigantesque "Kesselschlacht" de Kiev en août-septembre 1941 - c'est bien parce que les Soviétiques rétrogradent dès juillet 1941 à l'est de la ligne Dvina-Dniepr qu'ils réussissent à mettre en échec le rouleau compresseur allemand. En se repliant, donc.
En effet, l'une des présuppositions du plan de campagne allemand était que l'Armée rouge défendra ferme la frontière germano-soviétique et ne cherchera pas à se replier dans la profondeur du territoire de l'URSS. Et qu'il sera donc facile d'écraser en un coup le gros de l'Armée rouge dans une bataille d'encerclement menée le long des frontières rondement menée, qui ne laissera plus que des unités de second ordre complètement démoralisées pour s'opposer à la conquête de l'URSS "utile" (jusqu'à l'Oural, la fameuse ligne AA).

Bon, bien sûr, c'est plus compliqué que cela : dès début juillet, leurs armées déployées sur les axes de pénétration de l'Ouest (axe Varsovie-Minsk-Smolensk-Moscou) et du Nord-Ouest (axe Königsberg-Riga-Pskov-Leningrad) ont été quasiment détruites lors de la bataille d'encerclement de Minsk-Bialystok ou sont menacées d'encerclement et d'anéantissement dans les pays baltes. Pour les premières, il n'y a donc plus rien à replier. Et pour les secondes, suite à la percée opérationnelle réussie par le corps de Manstein bientôt imité par celui de Reinhardt, la ligne de la Dvina est déjà franchie par les Allemands, et ne peut donc plus guère être défendue.
Lorsque le deuxième échelon de réserve stratégique est jeté dans la bataille, ce n'est donc pas parce que Staline et la Stavka ne veulent plus défendre la ligne Dvina-Dniepr, mais bien parce qu'ils ne le peuvent plus. Toutefois, cela incite les Allemands à penser qu'ils ont gagné, puisque selon leur présupposition initiale, atteindre et franchir la ligne Dvina-Dniepr, c'est avoir partie gagnée.
Toujours se méfier des présuppositions, car elles sont généralement subjectives et faussent la perception réelle des opérations. C'est enseigné dans les bonnes écoles d'état-major encore aujourd'hui...

Pour revenir à la question initiale sur les faiblesses de l'Armée rouge en juin 1941 :
- une expansion trop rapide, en particulier au printemps 1941, qui a dilué les cadres, les matériels et désorganisé les unités ;
- un encadrement subalterne qui ne manque pas de courage, mais plutôt de professionnalisme et d'entraînement à la guerre "à l'allemande" ;
- un équipement pléthorique mais de qualité très inégale (et plutôt de qualité médiocre qu'excellente puisqu'à côté des 992 excellents T-34 et 466 KV-I, il y a plusieurs milliers de médiocres ou obsolètes T-26, T-28, BT-5 ou BT-7 - je ne parle pas des avions...) et largement supplanté par quelques différences majeures avec les allemands, comme l'a pointé cush (pas ou peu de transmission, des optiques de tir insuffisantes et des aménagements de bord mal conçus) ;
- une logistique sommaire qui sera totalement débordée en raison de la progression allemande et des destructions ;
- un "C2", une structure de commandement, défaillante, notamment dans le domaine des transmissions mais également du travail d'état-major ;
- et ne pas oublier que l'Armée rouge est totalement prise au dépourvu, à part dans les pays baltes, par l'attaque allemande.

Cela n'empêche pas quelques points forts qui l'aideront à surmonter les crises de l'été 1941 :
- quelques chefs de valeur, au premier rang desquels Joukov, Timochenko ;
- le "miracle" de l'été 1941, le T-34 ;
- une profondeur stratégique virtuellement inépuisable, en forme d'entonnoir inversé, qui amène sans cesse l'Armée rouge plus près de sa base d'opérations principale, Moscou (dont le district éponyme fournit l'essentiel des combattants et des matériels à l'automne 1941), ce qui cumulé à une résistance parfois acharnée provoquant des pertes allemandes sans cesse renouvelées, provoque l'usure de la Wehrmacht dont le rendement "culmine" puis chute au moment où celui de l'Armée rouge remonte en flèche ;
- un volume de soldats mobilisables très important, bien plus que celui prévu par les Allemands, grâce aux mesures préventives prises par Joukov en avril-mai 1941 (appel sous les drapeaux de plusieurs classes d'âge représentant plusieurs millions de conscrits qui se trouvent déjà dans les dépôts quand l'Allemagne attaque).

CEN EdG

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Message Publié : 11 Avr 2018 17:17 
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Philippe de Commines
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CEN_EdG a écrit :
- le "miracle" de l'été 1941, le T-34 ;

Parler de " miracle " au sujet du T-34, c'est beaucoup dire...
Il convient d'abord de préciser que le T-34 était remarquable pour une raison principale : l'équilibrage de la puissance de feu, du blindage, et de la mobilité. En clair, le T-34 n'est ni trop léger, ni trop lourd, et il possède une capacité de feu correctement efficace pour un tank " moyen ".
On l'oublie un peu, en Occident, mais les ingénieurs soviétiques étaient probablement aussi doués que ceux du Reich pour concevoir des blindés... Le T-34 est issu d'une lignée de tanks réalisés au cours des années 1930 : ses premiers prototypes roulent déjà au début de 1940.
Autrement dit, quand les Panzers passent la Meuse, ce ne sont pas les Allemands qui possèdent le meilleur modèle de tank de l'époque... Le T-34 existe déjà en URSS, mais dans l'ignorance totale du reste du monde.
Quand les Allemands le découvrent effectivement, en 1941, il n'existe encore qu'en quelques centaines d'exemplaires... Mais il impressionne suffisamment pour que les Allemands envisagent d'en faire une " copie " (évidemment) très améliorée par la technologie germanique. Recherches qui mèneront... Au Panzerkampfwagen V Panther, tellement bien fignolé qu'il ne sortira pas avant 1943.

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Message Publié : 11 Avr 2018 17:39 
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Non, ce n'est pas beaucoup dire. Sans leurs T-34 et, dans une moindre mesure, leurs KV-I, les Soviétiques n'auraient peut-être pas passés l'hiver... Non seulement ils ont infligé des pertes substantielles, mais surtout ils ont retardé à de nombreuses reprises la progression du rouleau compresseur, obligé de manoeuvrer pour éliminer cette menace. S'il n'y avait pas eu de tels chars, il est à parier que la Wehrmacht aurait eu encore plus d'opportunités tactiques et opérationnelles, un tempo encore plus rapide, moins de pertes et donc un potentiel supérieur et des délais en abordant Moscou.
Je ne vais pas reprendre l'intégralité des engagements, mais les T-34 équipés d'un canon de 57mm à Mtsensk en novembre 1941 par exemple sont déterminants dans le blocage de la 2. Panzerarmee de Guderian devant Tula.

Oui, ces chars sont une des raisons qui explique comment les Soviétiques ont pu tenir.

Ils sont loin d'être parfaits toutefois : bien équilibrés en terme de protection (blindage épais et surtout profilé, moteur diesel qui ne s'enflamme pas quand il est touché), de puissance de feu (le canon de 76mm des premiers modèles est décevant, mais celui qui est monté de série à partir de l'été 1941 détruit n'importe quel char allemand à bonne distance) et de mobilité (vitesse respectable, capacité au franchissement et à opérer dans la boue très appréciable grâce à ses larges chenilles), ils ne disposent cependant pas d'optiques de qualité (de tir mais pas seulement : la vision du chef de char est mauvaise en raison de fentes ou d'épiscopes insuffisants), ce qui obère leur rendement tactique, ni de radio, ce qui rend leur emploi groupés problématique et affaibli donc leur capacité à combattre collectivement et dans un environnement interarmes. Qui plus est, les équipages sont loin d'être suffisamment formés et entraînés.

CEN EdG

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Message Publié : 21 Jan 2020 20:08 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 07 Sep 2014 12:27
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CEN_EMB a écrit :
- un équipement pléthorique mais de qualité très inégale (et plutôt de qualité médiocre qu'excellente puisqu'à côté des 992 excellents T-34 et 466 KV-I, il y a plusieurs milliers de médiocres ou obsolètes T-26, T-28, BT-5 ou BT-7 ;
- le "miracle" de l'été 1941, le T-34 ;

Lord Foxhole a écrit :
Parler de " miracle " au sujet du T-34, c'est beaucoup dire.... Le T-34 est issu d'une lignée de tanks réalisés au cours des années 1930 : ses premiers prototypes roulent déjà au début de 1940.... Le T-34 existe déjà en URSS, mais dans l'ignorance totale du reste du monde.

CEN_EMB a écrit :
Non, ce n'est pas beaucoup dire. Ces chars sont une des raisons qui explique comment les Soviétiques ont pu tenir.
Ils sont loin d'être parfaits toutefois..et les équipages loin d'être suffisamment formés et entraînés.

Je me permets de relancer ce fil, en rebondissant plus particulièrement sur vos remarques, CEN_EMB et Lord Foxhole, qui concernent la production et présence en ligne le 22 juin 1941, des chars soviétiques (dont les fameux T-34 et KV-1), car toujours en pleine lecture de l'ouvrage de Jean Lopez et Lasha Otkhmezuri "Barbarossa, 1941. la guerre absolue" j'y lis et découvre à ce sujet des précisions (qui pourraient intéresser tout un chacun ici ?) comme:
- Qu'en mai 1938, la direction générale des blindés, menée par le général Dimitri Pavlov, propose de lancer deux nouveaux types de chars. En février 1939, le comité de Défense (dirigé lui par Kliment Vorochilov) approuve ce projet et confie le travail de conception de ces modèles à l'usine de locomotives n°183 de Kharkov. En août de cette même année, un prototype nommé A-32 est livré au polygone d'essais de Kubinka, à 60 kms de Moscou. Le 19 décembre 39 (après une nouvelle série d'essais en octobre avec un prototype devenu A-34) le projet de directive de Pavlov est finalement adopté par le haut Conseil de Défense et prend le nom définitif de T-34. L'autre modèle, le char lourd KV-1 (KV de Kliment Vorochilov) est lui aussi poussé à industrialisation à ce moment. Il reste toutefois de nombreuses modifications à tester encore sur ces chars et c'est seulement le 30 mars 40 que deux exemplaires sont présentés au Kremlin puis le 26 avril que Pavlov défend devant le Haut Conseil militaire le remplacement des vieux T-26 et BT par trois modèles modernes: le char moyen T-34, le lourd KV-1 et l'amphibie T-40. Le Conseil le suit et émet un résolution, entérinée le 7 juin 1940 par un décret du conseil des commissaires du peuple et le bureau politique. Pour 1940, la production du T-34 est fixée à 600 unités, objectif quadruplé pour 1941. Au moment de l'attaque allemande, toujours selon J.Lopez, 892 T-34 et 504 KV-1 seront en service aux armées, pour les deux tiers en Ukraine. La grande majorité de ces engins ne seront pas détruits au combat mais abandonnés par leur équipage suite à une mauvaise manoeuvre ou faute de gazole.. Le général Pavlov fût, lui, fusillé pour lâcheté en juillet 41 par le NKVD.
C'est seulement- et donc- depuis juillet 40 que les nouveaux chars T-34 et KV-1 sont en production et arriveront peu à peu dans les unités (dont la plupart des équipages ne sera pas ou peu familiarisée avec ces deux nouveaux matériels au moment du déclenchement des hostilités).
- Au 22 juin l'armée russe dispose sur ses différents fronts ouest de 8000 chars opérationnels (dont à peu près 50% ne sont pas en état de soutenir un déplacement de plusieurs heures); Il lui reste cependant en réserve, en parcs, 14000 autres.
- Par ailleurs, le 1er semestre 41 avait vu une réorganisation et un rééquipement des corps mécanisés (encore en cours au moment de l'attaque allemande) puisqu'en novembre 39 le Conseil militaire suprême avait ordonné que les 4 corps mécanisés dont disposait l'armée soviétique soient retirés de l'ordre de bataille et répartis en 26 divisions motorisées mises au service direct de l'infanterie. Sept mois plus tard, après la démonstration donnée par les panzers en France, Timochenko, ministre de la Défense, avait ordonné la reconstruction urgentissime de ces corps mécanisés, encore plus gros que ceux existant auparavant, devenant ainsi les plus grosses formations mécanisées jamais vues dans l'histoire. Sur le papier elles se composaient de 1108 tanks, 37 200 personnels et 300 pièces d'artillerie, bientôt ramenés à 1031 chars et 36 000 hommes groupés en deux divisions blindées et une d'infanterie motorisée plus un régiment motocycliste. C'est 2,5 fois plus gros qu'un corps panzer type 1941. Neuf corps mécanisés de ce type sont formés en 1940, vingt autres sont prévus pour février 41. Aucun ne possédera ses matériels au complet en juin 41. La moyenne s'établit à 450 chars, soit l'équivalent d'un corps panzer. Le total de ces chars, où le démodé T-26 est majoritaire et les nouveaux modèles T-34 et KV-1 ne représentent que 8 %, doit encore être réduit de 29 % pour cause de révisions mécaniques majeures.
Douze modèles de chars différents, plus de trente avec les variantes, se trouvent donc dans ces formations (si bien que la fourniture des pièces détachées et des obus de six calibres différents est un casse-tête insoluble). De plus les Etats-Majors des corps, trop peu étoffés, sont dans l'impossibilité de gérer la circulation, la concentration et le déploiement de telles masses de matériels et d'hommes. A aucun moment, lors des contre-attaques, les corps mécanisés ne pourront se rassembler. Si bien que, dans les faits, les Allemands ont affronté de petits paquets de 40 à 50 chars aveugles (pratiquement pas d'avions de reconnaissance ni de véhicules radios à disposition), incapables de se ravitailler en essence et en munitions, sans liaisons entre eux et avec le commandant du corps. En résumé, les formations blindées de l'armée rouge ne sont encore en 1941 que des squelettes expérimentaux, inaptes à la guerre.
- Enfin, dernière précision (et non la moins étonnante à mon sens, dans le cadre de ce fil): le 30 mars 1941, dans la matinée, lors de la réunion qu'a organisé Adolf Hitler, à sa chancellerie, avec les chefs des trois armes, les principaux représentants de l'OKW et de l'OKH, les commandants des trois groupes d'armées (prévues pour Barbarossa), les 12 commandants d'armée et de groupe blindé, ainsi que vraisemblablement, les neuf commandants de flotte et de corps aérien qui doivent mener l'attaque contre l'URSS, chacun flanqué de son chef d'état-major, afin de leur exposer, pour la première fois sans fard, dans un discours de deux heures trente, le programme de conquête du Lebensraum (sans toutefois donner d'ordres précis - qui viendront plus tard-, à l'exception du problème juif dont, s'il n'est fait état explicitement, est présent dans tous les esprits des officiers présents lorsque le Führer évoque 'l'extermination des commissaires bolchéviques et de l'intelligentsia communiste" signifiant l'extermination d'une partie des juifs soviétiques), c'est ici, donc qu'Adolf Hitler, les yeux dans les yeux avec ses généraux, venu s'assurer de leur état d'esprit sur l'aspect politique et racial de la campagne à venir et de leur consensus sur les buts et moyens de celle-ci leur expose, lors du rappel de la situation stratégique, la nécessité d'attaquer la Russie et une évaluation de ses forces qui mentionne des "chars mammouths de 42 à 45 tonnes avec canon long de 100 mm" ce qui fait référence au calibre près, au char lourd KV-1 tout juste mis en service...les allemands ne découvriront donc pas l'existence des nouveaux modèles de chars russes au déclenchement de Barbarossa mais en réaliseront très très vite, dès l"été, leur supériorité de performances et opératives.

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Sénèque


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