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Message Publié : 29 Sep 2018 21:58 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 11 Nov 2017 17:20
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Quel était le rôle de Hirohito pendant la seconde guerre mondiale ?
Sur le forum, une discussion a été engagée au sujet de la capitulation du Japon.
Si l'on en croit Barbetorte, l'empereur Hirohito n'avait qu'un rôle symbolique puisqu'il n'était pas dans sa fonction d'exercer une autorité.
viewtopic.php?f=49&t=40358&start=45
Citer :
On oublie une chose, c'est que l'empereur Hirohito ne tenait pas plus les manettes au Japon que le roi Victor-Emmanuel ne les tenait en Italie. L'empereur n'a pas véritablement fait acte d'autorité et il n'était pas dans sa fonction d'exercer une autorité.


Le rôle de l'empereur au sommet de l'Etat était-il si modeste pendant la seconde guerre mondiale ?
A-t-il pris une part décisive, ou au contraire très modeste, lors de la décision d'envahir la Chine (1937) et d'attaquer Pearl-Harbor (1941) ?


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Message Publié : 29 Sep 2018 23:04 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 16 Jan 2010 19:18
Message(s) : 2953
Descendant de la déesse solaire,il avait un caractère divin.....La guerre en Chine devait le satisfaire,mais après?.Quelle fut son implication implication personnelle? N'appuyait-il pas davantage une guerre au Nord ?La défaite contre les soviétiques à la frontière mongole ne l'avait elle pas considérablement affaibli face à l'autre parti ??? Le Japon semble très silencieux ,et énigmatique


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Message Publié : 30 Sep 2018 7:27 
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Jean Mabillon
Jean Mabillon

Inscription : 16 Jan 2010 19:18
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Oui,je sais que l'on dit qu'il était plus favorable à l'extension vers le Sud visant les ressources comme le pétrole,Mais alors pourquoi a-t-il laissé faire Araki ? N'avait-il pas la puissance de s'opposer à son clan ?..


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Message Publié : 30 Sep 2018 7:41 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 12 Nov 2009 21:20
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Localisation : 13
Le mode de fonctionnement de la société japonaise est complexe. Entreprise ou Etat. Difficile de savoir qui décide vraiment car le consensus est de règle.en le me temps il y a eu deux tentatives de coups d etat militaires : en 36 et en 45. Le Japon : mélange d'harmonie et de violence.


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Message Publié : 30 Sep 2018 16:18 
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Inscription : 04 Déc 2011 22:26
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Si le système constitutionnel japonais confinait l'empereur dans un rôle d'observateur, un certain nombre de travaux modernes ont su mettre en évidence l'implication personnelle de l'empereur dans le conflit. Peter Wetzler, dans son Hirohito and the war (1998) explique ainsi que (i) l'empereur était régulièrement informé des plans militaires entre 1935 et 1941, y compris des projets expansionnistes sur le continent asiatique, (ii) le plan d'attaque de Pearl Harbor lui avait été présenté un mois avant l'attaque en question, enfin (iii) il demanda à plusieurs reprises à discuter de ces plans militaires "en privé" à l'état-major.

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Message Publié : 30 Sep 2018 19:57 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 12 Juil 2012 15:11
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Barbetorte a écrit :
Les mythes de la seconde guerre mondiale est un excellent ouvrage qui vient opportunément dissiper quelques idées reçues inexactes mais il n'apporte rien de neuf.

L'introduction du chapitre consacré à la reddition du Japon reste malheureusement dans une idée reçue qui mériterait elle aussi à être dissipée en ce qui concerne le vrai rôle de l'empereur à qui il est reproché d'être resté muet ou complice. On oublie une chose, c'est que l'empereur Hirohito ne tenait pas plus les manettes au Japon que le roi Victor-Emmanuel ne les tenait en Italie.

Ce qui a poussé l'empereur à opter pour la capitulation sans condition comme exigé par les Alliés, plutôt qu'opter pour la paix, c'est le désarroi total des six membres du Conseil Supérieur pour la Conduite de la Guerre qui en sont venus à s'en remettre à la sagesse impériale. L'empereur n'a pas véritablement fait acte d'autorité et il n'était pas dans sa fonction d'exercer une autorité.

Bruno Birolli est l'auteur du chapitre consacré à la reddition du Japon. Je ne vois aucune raison de douter de ses compétences. Aurait-il surestimé l'importance de Hirohito pendant la guerre ?



Citer :
Ce qui a poussé l'empereur à opter pour la capitulation sans condition comme exigé par les Alliés, plutôt qu'opter pour la paix, c'est le désarroi total des six membres du Conseil Supérieur pour la Conduite de la Guerre qui en sont venus à s'en remettre à la sagesse impériale. L'empereur n'a pas véritablement fait acte d'autorité et il n'était pas dans sa fonction d'exercer une autorité.

Si l'empereur n'a pas grande importance, on se demande pourquoi les six membres du Conseil se sont adressé à lui.


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Message Publié : 01 Oct 2018 7:32 
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Marc Bloch
Marc Bloch

Inscription : 10 Fév 2014 7:38
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Localisation : Versailles
J'avais signalé au forum l'existence d'un excellent film japonais sur ce sujet :

viewtopic.php?f=69&t=39377

et

https://m.youtube.com/v/aCVAEjzndLs


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Message Publié : 01 Oct 2018 11:05 
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Inscription : 10 Fév 2009 0:12
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Arkoline a écrit :
Barbetorte a écrit :
Ce qui a poussé l'empereur à opter pour la capitulation sans condition comme exigé par les Alliés, plutôt qu'opter pour la paix, c'est le désarroi total des six membres du Conseil Supérieur pour la Conduite de la Guerre qui en sont venus à s'en remettre à la sagesse impériale. L'empereur n'a pas véritablement fait acte d'autorité et il n'était pas dans sa fonction d'exercer une autorité.

Si l'empereur n'a pas grande importance, on se demande pourquoi les six membres du Conseil se sont adressé à lui.

Je fais une hypothèse, mais ça me semble assez logique, voire évident : parce qu'au stade où en étaient arrivées les choses, accepter la capitulation sans condition signifiait accepter la fin du régime impérial.

Or, les six membres du Conseil - comme toute autorité au Japon - ne pouvaient en aucun cas prendre sur eux cette décision, contraire à la vénération envers l'empereur qui leur était aussi naturelle que de respirer. Imposer cette décision à l'empereur leur était intellectuellement impossible, impensable.

Et d'ailleurs, de quel droit et en vertu de quelle légitimité auraient-ils pu imposer ce coup d'état sacrilège à l'ensemble des décideurs japonais ? Jamais ils n'auraient été suivis.

Le seul à pouvoir accepter la fin du régime impérial, c'est l'empereur lui-même. Donc très logiquement, ils lui présentent la situation et s'en remettent à sa position. Est-ce qu'il accepte cela ?

Je ne sais pas quels étaient les pouvoirs réels de l'empereur et quelle part il avait pris dans les décisions antérieures prises par les militaires, mais pour cette décision là, il était le seul à pouvoir trancher.

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Message Publié : 01 Oct 2018 23:45 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 27 Déc 2013 0:09
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Le rôle de l'empereur était celui du prince qui régnait plus qu'il ne gouvernait. Je trouve curieux qu'on se focalise autant sur Hirohito qui n'était en réalité qu'un personnage secondaire. Il y avait un roi en Italie et personne n'en parle pour la simple raison que l'homme fort n'était pas le roi, pourtant chef de l'Etat en titre, mais Mussolini. Il en était de même au Japon à la différence qu'il n'y avait pas un détenteur unique du pouvoir mais une petite nébuleuse, comprenant surtout des militaires, d'où partaient toutes les décisions. On peut aussi observer à titre de comparaison ce qui se passait en France à la même époque. A la lecture des lois constitutionnelles de 1875, le pouvoir exécutif était confié au président de la République qui avait l'initiative des lois concurremment avec le parlement, disposait de la force armée, nommait à tous les emplois civils et militaires, négociait et ratifiait les traités. Or nous savons qu'en fait il ne faisait guère qu'inaugurer les chrysanthèmes et que le chef effectif était le président du conseil dont la fonction n'avait même pas été définie par les lois constitutionnelles.

Une biographie détaillée de Hirohito a été rédigée par Herbert Bix, Hirohito and the making of modern Japon (Haper Collins Publishers, 2000) dont une recension peut être lue sous ce lien : http://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_2001_num_66_3_5112_t1_0721_0000_2. On y lit, sous la plume d'Alain Vernay : L'ouvrage du professeur Bix fourmille de petits faits significatifs, remis en perspective afin de parvenir au dévoilement minutieux des intrigues, complots et conjurations de l'oligarchie japonaise civile et militaire de l'ère Showa, l'empereur étant tout à la fois le prisonnier et le maître – et pas seulement le dieu – quand il ose quelquefois imposer ses vues.

Si l'empereur était nominalement le maître, il était aussi prisonnier et n'imposait ses vues qu'exceptionnellement. Certes, aux termes de la constitution de 1889, calquée sur la constitution de la Prusse, l'empereur du Japon détenait les mêmes pouvoirs que les Guillaume en Allemagne. Mais la pratique était différente en raison du poids de l'histoire et de la conception qu'on a de l'autorité dans la société japonaise. Comme l'a dit très justement Marc30 : Difficile de savoir qui décide vraiment car le consensus est de règle.

L'empereur était en premier lieu prisonnier de l'étiquette, particulièrement pesante, dont il ne pouvait guère s'affranchir parce qu'elle résultait de la sacralisation de son personnage et de l'importance du rite dans une société marquée par la pensée Confucéenne. Lorsqu'on lit les relations des discussions qui ont abouti à la décision de capituler, on peut s'étonner du silence de l'empereur et même de son absence de certaines réunions. C'est qu'on ne discute pas avec l'empereur : on lui rend compte humblement et on l'écoute avec vénération.

Mais surtout, le pouvoir discrétionnaire, le : Car tel est notre bon plaisir des rois de France, était une notion inconnue. L'esprit dans lequel ont été établies les institutions qui ont succédé au shôgunat s'exprime dans la Promesse impériale en cinq articles promulguée en 1868 (goseimon), dont le premier article est : Il faut organiser de façon large un système d'assemblées et faire régler les affaires suivant les désirs de l'opinion publique. Francine Hérail le commente ainsi : Le système d'assemblées peut aussi bien signifier des conseils de gens éclairés se cooptant qu'un parlement élu. L'opinion publique peut aussi avoir une définition large ou restrictive, opinion correcte émise par des voies correctes. Pendant l'ère Meiji, cette opinion publique était exprimée par le conseil privé de l'empereur composé des genrô (les Anciens). Pendant l'ère Taishô qui a connu un début de démocratie, c'était celle de la majorité parlementaire. Au début de l'ère Shôwa, pendant la montée du militarisme, ont prévalu les théoriciens du nationalisme et de l'expansionisme avec des hommes comme Ariki et Konoe et, bien sûr, le haut commandement militaire. Les armées échappaient constitutionnellement au contrôle du parlement et du gouvernement pour dépendre directement de l'empereur. Paradoxalement, cela ne consolidait pas le pouvoir de l'empereur. Au contraire, cela légitimait l'immixtion des militaires dans le domaine politique. Le contexte international aidant, ceux-ci se sont progressivement imposés au cours des années 1930.

L'influence de l'empereur n'était pas totalement nulle, mais la latitude dont il disposait était étroite. Dans certaines situations graves, il lui est arrivé de donner des directives, ainsi, en juin 1945 a-t-il demandé à chercher à mettre fin à la guerre. En 1936, il a très fermement condamné la tentative de coup d'Etat par des militaires extrémistes. Mais il ne s'est jamais opposé à la tendance majoritaire. Tout donne à penser que Hirohito adhérait à l'idée de suprématie japonaise en Asie et approuvait personnellement les préparatifs de guerre. C'est notamment l'opinion de Herbert Bix. S'il avait au contraire tenté de s'y opposer, il est vraisemblable que cela serait resté sans effet. Une junte militaire aurait tout simplement annoncé avoir pris le pouvoir au nom de l'empereur et c'eût été le retour à une version moderne du shogunat.

La décision de capituler a été prise comme exposé par Pierma. A supposer que l'empereur eût opté pour la poursuite de la guerre, il aurait été obéi, les Américains auraient repris les bombardements stratégiques, auraient débarqué au sud tandis que les Soviétiques auraient envahi le nord, les Alliés auraient mis fin à la monarchie, peut-être même avec l'appui d'une insurrection populaire, et le Japon aurait été divisé en deux parties comme l'Allemagne et la Corée.


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Message Publié : 02 Oct 2018 7:02 
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Marc Bloch
Marc Bloch

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L'analyse de Barbetorte est très éclairante.

Elle doit être combinée avec le film que j'ai mentionné plus haut. Selon ce film, l'Empereur nomme (librement) un nouveau Premier ministre au printemps 1945. Ce Premier ministre veut faire la paix. Pour rassurer l'etat major, l'empereur nomme un ministre de la guerre (armée de terre) réputé belliciste et jusqu'au boutiste mais dont Hiro Hito sait qu'il n'osera pas s'opposer à son souverain si celui ci s'exprime en faveur de la paix.

Pourquoi ? Parce que ce général est un ancien aide de camp de l'empereur (dans les année 1920) qui a été comblé de bienfaits : il a été invité à dîner par le souverain (une fois) qui lui a dédié un haïku. Quand vous avez reçu de l'empereur des faveurs aussi extraordinaires vous lui devez le sacrifice de vos opinions et de votre vie.


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Message Publié : 04 Oct 2018 21:57 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours

Inscription : 12 Juil 2012 15:11
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Barbetorte a écrit :
Si l'empereur était nominalement le maître, il était aussi prisonnier et n'imposait ses vues qu'exceptionnellement.

On peut supposer que ses vues ont été prises en compte lors des moments fatidiques de la période 1931-1945.
S'il était à la fois « le prisonnier et le maître » cela semble indiquer qu'il n'était pas uniquement le prisonnier de l'oligarchie japonaise.



Barbetorte a écrit :
La décision de capituler a été prise comme exposé par Pierma. A supposer que l'empereur eût opté pour la poursuite de la guerre, il aurait été obéi

Cela signifie qu'il avait la capacité de se faire obéir. Paradoxalement vous avez écrit : [/i]"l'empereur Hirohito ne tenait pas plus les manettes au Japon que le roi Victor-Emmanuel ne les tenait en Italie. Je trouve curieux qu'on se focalise autant sur Hirohito qui n'était en réalité qu'un personnage secondaire."[/i]
Je ne suis pas du tout certaine qu'il était un personnage secondaire.


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Message Publié : 04 Oct 2018 22:54 
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Thucydide
Thucydide

Inscription : 11 Nov 2017 17:20
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Barbetorte a écrit :
Une biographie détaillée de Hirohito a été rédigée par Herbert Bix, Hirohito and the making of modern Japon (Haper Collins Publishers, 2000) dont une recension peut être lue sous ce lien : http://www.persee.fr/doc/polit_0032-342x_2001_num_66_3_5112_t1_0721_0000_2. On y lit, sous la plume d'Alain Vernay : L'ouvrage du professeur Bix fourmille de petits faits significatifs, remis en perspective afin de parvenir au dévoilement minutieux des intrigues, complots et conjurations de l'oligarchie japonaise civile et militaire de l'ère Showa, l'empereur étant tout à la fois le prisonnier et le maître – et pas seulement le dieu – quand il ose quelquefois imposer ses vues.

Si l'empereur était nominalement le maître, il était aussi prisonnier et n'imposait ses vues qu'exceptionnellement. Certes, aux termes de la constitution de 1889, calquée sur la constitution de la Prusse, l'empereur du Japon détenait les mêmes pouvoirs que les Guillaume en Allemagne. Mais la pratique était différente en raison du poids de l'histoire et de la conception qu'on a de l'autorité dans la société japonaise. Comme l'a dit très justement Marc30 : Difficile de savoir qui décide vraiment car le consensus est de règle.

Le livre de Bix semble passionnant. On trouve sur internet le synopsis (rédigé en anglais par l'éditeur). Le texte semble démontrer que Hirohito n'était pas une simple potiche et qu'il exerçait une autorité considérable. Si le Japon a préféré la guerre à la paix, c'est en grande partie la volonté de l'empereur qui fut déterminante dans cette orientation qui s'avéra fatale au Japon.



Barbetorte a écrit :
Si l'empereur était nominalement le maître, il était aussi prisonnier et n'imposait ses vues qu'exceptionnellement. Certes, aux termes de la constitution de 1889, calquée sur la constitution de la Prusse, l'empereur du Japon détenait les mêmes pouvoirs que les Guillaume en Allemagne. Mais la pratique était différente en raison du poids de l'histoire et de la conception qu'on a de l'autorité dans la société japonaise. Comme l'a dit très justement Marc30 : Difficile de savoir qui décide vraiment car le consensus est de règle.

L'assertion de Marc30 ne me semble pas conciliable avec les analyses de Bix.


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Message Publié : 05 Oct 2018 1:26 
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Arkoline a écrit :
Barbetorte a écrit :
La décision de capituler a été prise comme exposé par Pierma. A supposer que l'empereur eût opté pour la poursuite de la guerre, il aurait été obéi

Cela signifie qu'il avait la capacité de se faire obéir. Paradoxalement vous avez écrit : [/i]"l'empereur Hirohito ne tenait pas plus les manettes au Japon que le roi Victor-Emmanuel ne les tenait en Italie. Je trouve curieux qu'on se focalise autant sur Hirohito qui n'était en réalité qu'un personnage secondaire."[/i]
Je ne suis pas du tout certaine qu'il était un personnage secondaire.

Arkoline, il me semble avoir expliqué pourquoi la décision de capitulation sans condition ne pouvait appartenir qu'à lui.
Mais c'est une situation extrême qui l'impose comme décideur unique, parce qu'il y a un point essentiel : la fin du régime impérial.
Pour moi, cela ne nous apprend rien sur le degré d'influence qu'il a pu avoir dans les décisions précédentes, avant et pendant la guerre.

Je ne suis pas spécialiste du Japon, mais j'ai tout de même l'impression que les militaires tenaient tout le pouvoir effectif. Par exemple, la décision de conquérir la Mandchourie a tout bonnement été prise par les militaires stationnés sur place ! 8-|

j'ai donc tendance à suivre Barbetorte lorsqu'il affirme que si l'empereur s'était mis en travers des militaires, il aurait été mis totalement sur la touche : traité avec les plus grands honneurs et la plus grande déférence, mais sans avoir la possibilité de donner son avis. Embaumé vivant, en quelque sorte.

Je n'en sais pas assez pour dire si c'était déjà le cas ou pas. (mais déjà, on est certains qu'il ne s'agit pas d'un empereur qui "dirige le conseil des ministres" et décide en dernier recours. Ce n'est pas de cette façon que cela fonctionne.)

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Message Publié : 05 Oct 2018 11:32 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 23 Déc 2010 13:31
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Au fil des messages, certains points m'amènent à m'interroger : il y a, certes, les textes constitutionnels qui définissent le rôle et le pouvoir de chaque organe politique, dont l'empereur. Mais, le texte est une chose, la pratique en est une autre. La Constitution soviétique des années 1930 était l'une des plus démocratiques qui soit; on sait ce qui l'en était. Que les pouvoirs constitutionnels de l'empereur Showa aient été réduits dans les textes n'implique pas qu'il était privé de pouvoir dans les faits.

Il est évidemment impossible de savoir comment les choses auraient tournées "si.. blablabla" mais je pense que, sur le plan symbolique, il était loin d'être un simple "prisonnier". Il y avait, et il y a toujours d’ailleurs, un respect envers l’empereur que nous avons du mal à cerner et comprendre. Oui, l’empereur a été privé de pouvoirs effectifs pendant longtemps, notamment sous le shogunat, mais les shogun ont gardé l’empereur ; je ne vois pas d’autres exemples où différentes dynasties assurant la réalité du pouvoir gardent pendant plusieurs siècles la dynastie originelle pour son seul symbolisme. Ce respect qu imprègne la société japonaise ne pouvait pas ne pas se refléter, au moins en partie, dans les relations entre l’empereur et les dirigeants du pays, notamment les militaires.

Il est possible que les gestes de l’empereur Showa, ses questions, ses éventuelles désapprobations, n’aient été considérés que comme broutilles par le quartier général impérial ; il semble aussi que l’empereur s’était réservé l’usage de certaines armes (chimiques) ce qui montrerait que l’armée ne contestait pas une forme de préséance et de pouvoir direct et effectif de l’empereur sur les opérations militaires. Il n’était vraisemblablement pas dans la gestion quotidienne militaire mais ces éléments permettent, a minima, d’envisager un rôle réel de l’empereur grâce à son positionnement, sa fonction elle-même, de par la structure de la société japonaise, notamment militaire. C’est bien ce rôle, ce pouvoir là, qu’il exerce lors de la tentative de coup d’état de 1936 ; il s’exprime, il écrit et il fait basculer les événements contre les putschistes.


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Message Publié : 05 Oct 2018 22:47 
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Thucydide
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Inscription : 11 Nov 2017 17:20
Message(s) : 53
Pierma a écrit :
Je ne suis pas spécialiste du Japon, mais j'ai tout de même l'impression que les militaires tenaient tout le pouvoir effectif.

Cette assertion ne me semble pas conciliable avec les analyses de Herbert Bix.
On trouve sur internet le synopsis de l'ouvrage "Hirohito and the making of modern Japon". Le texte semble démontrer que Hirohito exerçait une autorité considérable.
Citer :
Publisher's note : Winner of the Pulitzer Prize In this groundbreaking biography of the Japanese emperor Hirohito, Herbert P. Bix offers the first complete, unvarnished look at the enigmatic leader whose sixty-three-year reign ushered Japan into the modern world. Never before has the full life of this controversial figure been revealed with such clarity and vividness. Bix shows what it was like to be trained from birth for a lone position at the apex of the nation's political hierarchy and as a revered symbol of divine status. Influenced by an unusual combination of the Japanese imperial tradition and a modern scientific worldview, the young emperor gradually evolves into his preeminent role, aligning himself with the growing ultranationalist movement, perpetuating a cult of religious emperor worship, resisting attempts to curb his power, and all the while burnishing his image as a reluctant, passive monarch. Here we see Hirohito as he truly was: a man of strong will and real authority. Supported by a vast array of previously untapped primary documents, Hirohito and the Making of Modern Japan is perhaps most illuminating in lifting the veil on the mythology surrounding the emperor's impact on the world stage. Focusing closely on Hirohito's interactions with his advisers and successive Japanese governments, Bix sheds new light on the causes of the China War in 1937 and the start of the Asia-Pacific War in 1941. And while conventional wisdom has had it that the nation's increasing foreign aggression was driven and maintained not by the emperor but by an elite group of Japanese militarists, the reality, as witnessed here, is quite different. Bix documents in detail the strong, decisive role Hirohito played in wartime operations, from the takeover of Manchuria in 1931 through the attack on Pearl Harbor and ultimately the fateful decision in 1945 to accede to an unconditional surrender. In fact, the emperor stubbornly prolonged the war effort and then used the horrifying bombings of Hiroshima and Nagasaki, together with the Soviet entrance into the war, as his exit strategy from a no-win situation. From the moment of capitulation, we see how American and Japanese leaders moved to justify the retention of Hirohito as emperor by whitewashing his wartime role and reshaping the historical consciousness of the Japanese people. The key to this strategy was Hirohito's alliance with General MacArthur, who helped him maintain his stature and shed his militaristic image, while MacArthur used the emperor as a figurehead to assist him in converting Japan into a peaceful nation. Their partnership ensured that the emperor's image would loom large over the postwar years and later decades, as Japan began to make its way in the modern age and struggled -- as it still does -- to come to terms with its past. Until the very end of a career that embodied the conflicting aims of Japan's development as a nation, Hirohito remained preoccupied with politics and with his place in history. Hirohito and the Making of Modern Japan provides the definitive account of his rich life and legacy. Meticulously researched and utterly engaging, this book is proof that the history of twentieth-century Japan cannot be understood apart from the life of its most remarkable and enduring leader.


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