JARDIN DAVID a écrit :
Ceci étant les observations de Faget sont pertinentes.
Ce qui me fait aussi observer que Léonard, en bon Alsacien, réclame un certain monopole de l'alsacitude ... attitude régionale classique. Les "Hase" ne peuvent pas comprendre !
JD
Elles sont pertinentes, mais elles ne visent pas la bonne cible. A qui la faute si dans l'esprit des gens, ces chants, la svastika et pas mal d'autres choses sont devenus des symboles nazis ? A lire certaines participations, on pourrait croire que la faute en incombe à ceux qui furent les victimes du nazisme ... Je pense que la faute en incombe à ceux qui se sont plus à utiliser massivement ces symboles. Les nazis ont perverti à peu près tout ce qu'ils ont touché.
Si on revient dans le cas de l'Alsace. Avant guerre, il y avait un courant autonomiste, très puissant. Vu que la plupart de ses leaders se sont accoquinés avec les nazis durant l'occupation, après-guerre ce courant a perdu toute légitimité et il a mis 40 ans avant de pouvoir de nouveau se montrer sur la place publique en ayant pris soin d'éradiquer une bonne part de ses racines. Même si le débat reste ouvert sur le fait de savoir si certaines racines sont simplement masquées ou éradiquées. Il y avait une culture alsacien très forte. Toute une génération a rejeté tout ce qui a trait au germanisme et à la germanitude, mais aussi à cette culture alsacienne. Ce fut très net dans les centres urbains et dans la classe moyenne et chez les ouvriers. Moins net chez les ruraux, aisés ou pas.
Et ce rejet a été très net chez ceux qui se sont retrouvés malgré-eux entrainés dans le monde nazis. Ce fut le cas des Malgré-nous, ce fut aussi le cas de ceux qui ont connu l'école nazie. Et Tomi Ungerer est un très bon symbole de cette période, car il a osé reconnaitre publiquement ce que d'autres reconnaissent qu'à demi-mot. D'un coté, une certaine attirance due à ces 4 années d'asservissement mental, de l'autre coté une profonde répugnance qui trouve une partie de ses racines dans la religion et dans l'humanisme rhénan.
Dans vos analyses, David Jardin, vous oubliez la culture alsacienne, et cet humanisme rhénan. Les nazis se sont directement attaqués à l'âme alsacienne, ce particularisme que certains voient comme un mélange entre l'âme germanique et l'âme française. Or, il n'en est rien, l'humanisme rhénan plonge ses racines au cœur du monde rhénan médiéval : une région de commerce qui reliait des mondes différents. La richesse de l'Alsace nait de ses productions agricoles, dont le vin, mais aussi de leur exportation. Les marchands de Colmar sont devenus riches grâce à leur maîtrise de cette ressource. Ceux de Strasbourg sont devenus riches du fait que leur ville était située là où le Rhin cessait d'être un fleuve navigable. Ils sont à la liaison entre le sud de l'Europe et le nord, avec la Hanse et ses marchands. L'un des plats tipiques alsaciens, ce sont les harengs qui venaient de la mer du Nord...
Les nazis ont cherché à éradiquer de l'Alsace et des alsaciens tout ce qui leur semblait français. Mais, là-dedans, il y avait aussi des choses qui étaient déjà alsaciennes quand les frontières du Royaume de France se situaient entre Reims et Nancy, et que l'Alsace était bien intégrée au cœur de la vie du SERG. Les alsaciens ont résisté au nazisme comme ils l'ont pu. Regardez les photos de l'époque des festivités nazies. Les musiques jouent des chants joyeux, et personne ne rit ou sourit ... C'est la forme de résistance qu'ils avaient à leur disposition: participer, mais ne pas adhérer. C'est cela que vous ne comprenez pas.