La bataille d'Angleterre est le résultat d'un grand nombre de paramètres, parmi lesquels la détermination des pilotes alliés - Français pendant la bataille de France, puis de la RAF (quelle que soit leur nationalité).
Il est juste de le souligner, le premier de ces paramètres, par ordre chronologique, est la bataille de France. Malgré la supériorité numérique et qualitative pour les appareils les plus nombreux mis en ligne, la Luftwaffe perd en peu de temps 10% de ses appareils. Autant qui n'interviendront pas lors du choc initial à l'été 40.
Elle concentre alors quelque 2600 machines dont 1600 bombardiers dans le Nord de la France. La RAF lui oppose 650 chasseurs, en grande majorité Hurricane et Spits. Au sujet du premier, la firme Hawker avait de sa propre initiative lancé la construction d'une première tranche de 1000 appareils dès que l'appareil fut accepté par la RAF, avant la commande officielle : ce gain de temps s'avéra précieux.
Selon le raisonnement bien connu, le Reich a jugé qu'il fallait d'abord écraser la RAF, le plus rapidement possible, et de préférence au sol. Le radar et la bonne organisation de la RAF limiteront fortement les destructions d'appareils au sol. De plus, la Luftwaffe n'a en effet pas de bombardier stratégique : poussant au maximum la leçon de la guerre d'Espagne, elle mise tout sur ses masses énormes de bombardiers moyens. Ceux-ci, lents et mal défendus, vont à l'abattoir dès que l'escorte de Bf 109 est prise en défaut. Ceux qui arrivent sur l'objectif n'infligent que des dégâts limités avec des bombes de petite taille, ce qui permit de remettre en état les terrains bombardés assez rapidement pour éviter à la RAF l'épuisement total.
La mise au point des "Big Wing", masses de chasseurs descendant du Nord, capables de bousculer l'escorte de Bf 109 et de se jeter ensuite sur les bombardiers, donna de bons résultats et montra aux Allemands que la RAF était toujours bien vivante à un moment décisif.
L'autre tournant, c'est la décision allemande de se concentrer sur Londres. On n'en connaît pas trop la raison, je crois, mais la RAF bénéficia d'un coup d'une paix royale sur ses aérodromes alors qu'elle était à bout de souffle ! L'un des gros handicaps de la Luftwaffe se manifesta alors de façon encore plus aiguë : le trop faible rayon d'action du 109. Au-dessus du sud de l'Angleterre, les pilotes disposaient de 20 minutes pour combattre, au-dessus de Londres, dix. De plus, les terrains n'étant plus attaqués, la RAF repassait en position de force. L'impossibilité de s'assurer à court terme la maîtrise du ciel anglais s'imposa comme une évidence, et l'invasion fut remise sine die...
Bref, autant de paramètres humains, techniques, stratégiques, qui ont fini par peser dans le même sens