Sujet fusionné (juillet 2004)
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Jin
Un film d'environ 1h30 suivi d'un documentaire sur l'attentat contre Hitler sera diffusé sur Arte lundi 19 juillet à partir 20h45.
Profitons également de ce topic pour débattre des éventualités si l'attentat n’avait pas échoué.
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Cuchlainn
Dans "Le jour le plus long" (le livre, pas le film), C.Ryan fait état d'un texte rédigé par Ersnt Jünger, consistant en un programme "pour apporter la paix au monde" après qu'Hitler eût été soit jugé par un tribunal allemand, soit proprement dézingué - texte dont devaient débattre une volée de généraux, dont Speidel, dans la soirée du 5 juin 44. Quelqu'un a-t-il des précisions sur ce document ? A-t-il été le point de départ du complot ?
Dans ce cas, il répondrait en grande partie à la question ! En théorie du moins...
Tout aurait dépendu de la réaction de la population... et là, mystère... signer la paix, ç'aurait été capituler. Pas un Allemand ne l'aurait compris autrement. Les Allemands dans leur ensemble, fin août 44, ont-ils bien tous conscience que la guerre est perdue ? Quelle proportion aurait accepté de jeter l'éponge avant que les frontières du Reich soit franchie, comme en 1918 - situation qui a permis à Hitler et d'autres de créer le mythe de la fausse défaite ?
En même temps, Hitler mort, l'Etat nazi était naturellement décapité : aucun dauphin, aucun esclave du Führer n'aurait pu s'imposer avec une légitimité quelconque sur son trône et mettre sa main dans le gant de fer et de terreur laissé vacant.
Faisons de la prospective pure : j'imagine assez bien une "junte" tentant de s'imposer et de se justifier face à des Allemands incrédules, des Alliés sceptiques, et un effondrement allemand dans le chaos le plus total.
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Diablophil
A mon avis la véritable question est de savoir si les Alliés auraient accepté une paix négociée avec l'Allemagne. Les Etats-Unis avaient déjà fait savoir que la paix ne se ferait que par une reddition sans condition de l'Allemagne, et je vois mal Staline arrêter l'Armée Rouge en marche vers Berlin. Il aurait donc été encore plus improbable que les anglo-saxons signent une paix séparée avec l'Allemagne, en laissant aux Russes la totalité de l'Europe centrale et orientale. Difficile également d'envisager un retournement d'alliance au détriment de l'URSS. Bref je ne pense pas que l'Allemagne s'en serait mieux sortie dans le cas où cet attentat aurait réussi (si ce n'est peut-être que les Allemands d'aujourd'hui aurait la satisfaction morale d'avoir vu leur peuple renverser Hitler de son propre chef).
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Martial
La seule personnalité allemande qui a mon sens aurait pu signer une paix avec les allies était Rommel. A part lui je ne vois personne qui aurait eu cette possibilité.
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Frédéric Kisters
Pour répondre à Cuchlainn, voici quelques inforrmations à propos de l'essai "La Paix" d'Ernst Jünger:
Ernst Jünger entama la rédaction de "L'Appel", texte qui s'intitulera plus tard "La Paix" en 1942. Il séjournait à Paris, le général Speidel, un admirateur de l'écrivain opposant au régime, l'avait affecté au courrier militaire.
Le maréchal Rommel auriat été le ou un des premiers lecteurs du texte "La Paix" qui l'aurait convaincu de participer au complot du 20 juillet. En circulant sous le manteau, "La Paix" devint en quelque sorte le manifeste des conjurés. Toutefois, Ernst Jünger ne prit point part à la cabale, car il réprouvait les attentats. Pourtant, il nota dans son journal qu'il admirait le courage de Stauffenberg et de ses camarades. Après l'échec du putsch, il détruisit de justesse des papiers compromettants. Néanmoins, il fut mis en disponibilité, puis les autorités lui demandèrent de démissionner de l'armée.
Après la capitulation, il fut interdit de publication jusque en 1949, aussi « La paix », qu’il dédiait à la jeunesse d’Europe et du monde, parut-elle clandestinement, à Amsterdam, en 1945. Cinquante ans plus tard, il déclara « A mes yeux, le fruit le plus précieux de ces deux guerres est mon essai intitulé « La paix »; j’y affirmais la nécessité d’une Europe unifiée, et aussi de l’Etat universel. ».
Paradoxalement, Jünger emprunte un style poétique, aux accents guerriers, pour prêcher la paix. En allemand, le substantif « Friede » est du genre masculin. D'ailleurs, le héros de 14-18 n'aimait guère les pacifistes, il en dit pis que pendre dans le "Traité du Rebelle" et d'autres écrits.
Selon l’auteur, le dernier conflit ne fut pas un affrontement entre nations, mais une guerre civile mondiale (= Weltbürgerkrieg) qui forgea les peuples comme les coeurs. Ce fut la première oeuvre commune de l’Humanité, la paix doit être la seconde. Pour la réaliser, il faut résoudre trois problèmes fondamentaux : l’espace, parce que les Etats luttent pour conquérir des territoires; le droit, car la concorde ne peut s’établir qu’entre peuples libres; enfin, la question du Travailleur, seule figure capable de mettre la mobilisation totale, opérée pour la guerre, au service de la paix. Maintenant que les frontières sont ébranlées par le séisme, survient le moment propice pour que les peuples s’unissent en de vastes ensembles géopolitiques. L’Europe ne peut être dominée par ses deux avatars, les Etats-Unis et la Russie Les Empires (= Imperien) instaureront en leur sein une unité dans la diversité. A l’intérieur de l’Empire, chacun sera libre d’appartenir au peuple qu’il désire. Le nouvel Etat réconciliera les deux formes de la démocratie, la libérale et la totalitaire. Sous l’égide de l’Etat totalitaire, seront placés les aspects qui relèvent de la civilisation : la technique, l’industrie, l’économie, la défense. Tandis que les domaines culturels seront régis par le pouvoir libéral : la langue, l’histoire, les coutumes, les lois, les arts et la religion. L’ordre nouveau se fondera sur une théologie postnihiliste et l’Etat n’accordera sa confiance qu’aux individus qui croient en une raison supérieure à l’homme (que JÜNGER voyait dans le christianisme, il entamait alors son retour au religieux...).
A sa sortie, l'ouvrage fut très mal perçu par la critique francophone.
Si j'ai bon souvenir, la traduction a été publiée dans la collection "TEL".
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Il y a 61 ans aujourd'hui, Von Stauffenberg plaçait sa bombe non loin du Führer. L'engin explosa; Adolf sortit pratiquement indemne de l'attentat.
Quelques heures plus tard, il faisait visiter à son ami Bénito le lieu du crime.
Existe-t-il des témoignages évoquant un aprés 20 juillet réussi ?
Les USA auraient-ils reconnu le gouvernement mis en place par les conjurés ?
Staline aurait-il continué sa marche vers l'Ouest ?