cush a écrit :
En réalité, et depuis la prise du pouvoir, tout est mis en œuvre pour faire disparaitre certaines catégories de population (dont les Juifs mais aussi les Tziganes trop souvent oubliés). En Allemagne même, par l'isolement, le déclassement social, la mise à l'index. En Pologne avec les regroupements dans les ghettos (on peut se permettre d'infliger ce spectacle à une population locale elle-même notoirement "antisémite" et de toute façon classée elle aussi dans la catégorie des sous-hommes) puis en URSS avec les ordres explicites d'exécutions des Juifs et des commissaires politiques (ordres contresignés par la hiérarchie militaire, ce qui montre bien le niveau de corruption morale atteint par le régime nazi) puis enfin avec Wannsee qui donne à ce projet monstrueux un cadre légal, une organisation "à l'allemande" et les moyens nécessaires...
Je ne vois dans tout ce cheminement aucune rupture, aucun point d'inflexion mais une suite logique donc chaque étape valide la précédente et organise la suivante.
Je suis de même avis. Tout dans "l’œuvre" d'Hitler respecte une cohérence et vise à la réalisation de son programme de Mein Kampf. Bien entendu, il agit à pas comptés. Parfois, il suspend un programme quand il va trop vite et que la population réagit. Mais, dès qu'il le peut, il reprend son "programme".
C'est le cas du programme T4 : les parents et la population réagissent. Donc, il arrête l’euthanasie des malades mentaux et des "asociaux". Mais, quelque mois plus tard, l'euthanasie reprend, mais beaucoup plus discrètement. Quand les femmes allemandes mariées à des juifs se massent devant une prison de Berlin pour demander qu'on leur restituent leurs maris. Hé bien, le lendemain, les maris sont libérés. S'ils avaient eu plus de temps, je pense qu'ils se seraient débarrassés discrètement des maris et de leurs femmes un peu plus tard.
Les premiers plans de massacres et de déportation des juifs polonais devaient avoir durant la bataille de France. Mais, à la suite de la rapidité de celle-ci, l'opération a eu lieu 2 semaines après. Mais, c'est bien avant l'abandon du "paln Madagascar". Par "chance" il y a peu de gens qui regardent ce qui se passe en Pologne. En fait, dès l'origine, le programme d’élimination des juifs a pour vocation de rester secret.
Ce qui explique son mode de financement, l'absence d'ordres écrits en provenance de la chancellerie. En fait, chaque fois que quelqu'un s'oppose de manière trop virulente à l'un des hommes clés du programme, le plaignant est appelé à Berlin où il rencontre un responsable de la Chancellerie qui lui confirme que c'est bien les ordres d'Hitler qui sont appliqués. Certains généraux rencontreront même Hitler pour cela. Mais, il n'y a rien d'écrit.
Alors, les historiens ont 2 solutions, faire comme pour tout le reste : l'absence de preuve n'étant pas une preuve de l'absence, on ne construit tout de même pas de châteaux sur du sable, soit essayer de trouver le moment où la décision aurait été prise. Les premiers partent des conférences connues et ce seraient elles qui ont validé la réalisation du plan. Sauf qu'on met déjà en œuvre quelque chose qui n'a pas encore été décidé. Ce qui correspond peu à la mentalité allemande. Même si durant l'époque nazie on voit pas mal de gens lancer des programmes concurrents pour diverses choses, ils pensent toujours qu'ils obéissent aux attentes du Fuhrer. Les seconds partent des réalisations et essayent de trouver le moment adéquat où les choses ont du être mises en places.
On connait la date de nomination de celui qui met en œuvre l'Aktion Rheinard. Pour ceux qui sont habitués aux grandes opérations, il est évident que si on nomme un homme à un tel poste, c'est qu'on sait déjà ce qu'on va lui demander et qu'il saura le faire. Et effectivement, dès qu'il est nommé Globonik commence à monter une structure de financement occulte qui va permettre de construire les 3 camps de la mort. Il va aussi recruter les personnels qu'il a besoin pour faire tourner son "entreprise". Bref, pour moi, Himmler et Heinrich reçoivent d'Hitler l'autorisation de lancer ce qui deviendra l'Aktion Rheinhard au cours du second trimestre 1941. 6 mois avant la conférence de Swansee.
Je pense que dans la tête d'Hitler, ce plan est l'application pratique et finale de ce qu'il a écrit dans Mein Kampf. Et depuis même avant la prise du pouvoir par le NSDAP, ils œuvrent pour rendre cela possible en marginalisant les juifs et en les sortant de la société allemande.