Dans "L'histoire vécue" de Pierre Clostermann (l'auteur du "Grand cirque") chez Flammarion, il relate divers témoignages dont une rencontre fortuite avec Che Guevara à Alger en février 1965.
La rencontre entre le gaulliste et le révolutionnaire s'est étonnamment bien passée et Clostermann en a gardé manifestement une grande estime pour l'homme. Il dit que la conversation a duré jusqu'à quatre heures du matin ! C'est un peu long pour être retranscris mais, pour résumer sur l'Afrique :
Clostermann décrit Guevara comme profondément déçu par son expérience du Congo. "il avait vite compris, m'a-t-il dit, que les Africains ne combattaient que pour massacrer les sans-défense et pour piller" ; la chute de sa base arrière, Atshoma, était confiée à un certain Kabila, "couard, incompétent et vénal qui l'avait vendu aux Indiens de l'ONU" et "avait fini de l'écoeurer et de lui démontrer qu'une révolution libératrice de l'homme était impossible dans ce continent trop vaste et affligé de forces centrifuges".
Clostermann se demande si ce Kabila n'est pas le futur président du Congo-Kinshasa ou un homonyme.
Le Che décrit par Clostermann semble amer, pessimiste sur le sort des africains qu'il pense "d'une sauvage cruauté atavique et aveugle". Aux objections de Clostermann, il répond que "l'on pouvait toujours accuser les nations coloniales avec leurs frontières découpant l'Afrique au mépris des ethnies et de la géographie, mais que, même dans cent ans, ils seraient incapables de prendre en main leurs propres affaires sans revenir aux moeurs tribales du XVIIIe siècle. La notion de démocratie sera toujours "manière comique" de Blancs." "En conséquence de tout cela il allait rentrer à Cuba et changer, non point de philosophie mais d'objectif."
Je vous conseille cette quinzaine de pages du livre car là où ça devient encore plus intéressant c'est que Clostermann fera une mission discrète plus tard pour tenter de plaider la cause de Régis Debray arrêté. Il rencontrera donc le général Barrientos, pourra voir des documents essentiels comme des extraits de journal du Che et des interrogatoires de Debray. Clostermann le blanchit des accusations lancées contre lui... Enfin il y a des détails qui ne me disent rien mais qui pourraient vous intéresser.
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