Je suis actuellement entrain de rechercher le plus de sources possible sur l'exode juifs des pays arabes qui a eu lieu après 1948.

J'ai déjà dans ma bibliothèque différents ouvrages qui traitent ce sujet :

L'exclusion des juifs des pays arabes, collectif chez Pardès
Réfugiés juifs des pays arabe de Moïse Rahmani

Et dans une moindre mesure :

Les premiers Israéliens de Tom Segev
Des réfugiés pour un Etat de Idith Zertal
Juifs et Arabes aux XXème siècle de Michel Abitbol

Est-ce que vous connaissez d'autres ouvrages, articles internet, ... qui évoque cette partie de l'histoire ?

Dans l'ouvrage "Israël au XXème siècle" de Elie Barnavi il évoque à plusieurs reprises les Maabaroth. Est-ce que quelqu'un a plus d'informations sur la mise en place de ces camps, leurs gestions, leurs durées de vie ?

Merci à vous

Savez-vous pourquoi les juifs algériens ont choisit de venir s'installer en France en 1962 et pas en israel ?

Par ailleurs il y a un livre qui a été écrit sur le transfert des juifs yéménites vers Israel grace à un pont aérien.

Je me suis aussi posé la question pour les Juifs d'Algérie. Effectivement seulement 10% ont émigré vers Israël à contrario des autres exodes à majorité vers Israël.

Est-ce dû a la relation "privilégiée" qu'ont entretenu les juifs pendant la période coloniale ? Je ne sais pas trop. J'ai posé la question à une personne plus compétente en la matière. Je vous tiens au courant.

Quel est le livre qui évoque le transfert des juifs du Yémen ?

Merci

Bonsoir,

Les juifs d'Algérie sont venus en France parce qu'il avaient la nationalité française "intégrale", à l'inverse des musulmans, cela depuis le fameux Décret Crémieux (1893 je crois). Ils étaient très "pro-France" et même, le plus souvent, "Algérie française". Beaucoup de familles avaient des membres déjà installés en Métropole et redoutaient de longue date l'antisémitisme musulman. Une communauté de juifs d'Algérie existait bien avant 1962. Le départ pour la France était évident. Les juifs des autres pays "arabes" (Maroc, Egypte, Syrie, etc) ont eu beaucoup moins le choix et sont partis pour Israël, plus ou moins obligés selon les cas, dans une proportion supérieure.

D

Les musulmans d'Algérie ont été "citoyens français" à la suite de l'arrivée au pouvoir de De Gaulle en 1958. D'où les dénominations de FSE (Français de Souche Européenne) et de FSNA (Français de Souche Nord-Africaine)
Donc en juin 1962, il n'y avait en Algérie que des citoyens français, Juifs, Chrétiens, Musulmans.

Oui, sur le papier, vous avez raison. Mais 69 ans dans un cas (moins la période 40-44) et 4 ans dans l'autre, cela fait une nuance. Et les juifs s'étaient beaucoup engagés pour la France, jusque dans l'OAS parfois. L'égalité proclamée en 1958 n'était ressentie par personne. La preuve est que presque tous les juifs sont partis à l'indépendance, ou avant, en même temps que les pieds-noirs.. La France "de Dunkerque à Tamanrasset", ce n'était que bien théorique...

Le décret Crémieux a été promulgué le 24 octobre 1870.
Il faut rappeler que ce décret ne fait que rendre obligatoire pour les Juifs la naturalisation, proposée aussi bien à eux qu'aux musulmans et qui nécessitait une démarche volontaire de leur part.
Pour les musulmans, en plus de la pression sociale liée à l'abandon de la charia, il semble que l'administration coloniale multipliait les difficultés administratives pour les dissuader.

Comme beaucoup d'Algériens, ils ne trouvaient pas leur compte dans la revendication d'indépendance du FLN.

La décolonisation se faisait sous le signe du panarabisme, et la volonté d'établir des Etats musulmans en faisait partie. Les Juifs craignaient donc de retomber dans la discrimination, notamment celle du statut de "dhimmi", qui est un régime d'indigène en pire (cf. la discussion sur ce forum). De plus, avec les théories antisémites sur le complot judéo-maçonnique qui se répandaient dans le monde arabe (héritage de la France de Vichy, de la propagande nazi ou de l'allégeance du Mufti de Jérusalem à Hitler ?), il est évident que les Juifs ne se sentaient pas en sécurité.

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Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell

L'égalité proclamée en 1958 n'a pas été "ressentie" ? Ca dépend. Les Algériens "de souche" qui se sont engagés à ce moment là avec l'armée française, et même pour certains qui venaient de l'ALN, y croyaient. C'est De Gaulle qui a tout flanqué par terre avec son discours sur l'autodétermination en 1959. Alors là, c'est vrai, plus personne n'y croyait.
Les Juifs d'Algérie craignaient des représailles, non seulement comme "Français" d'Algérie, mais aussi comme Juifs, étant considérés comme des... israëliens en devenir.

Bonsoir,

En effet, j'aurais dû dire que l'égalité proclamée par De Gaulle n'avait été ressentie par personne....ou du moins pas longtemps. Certains y ont cru, c'est sûr. Mais les divisions étaient si profondes entre communautés, malgré la proximité apparente. Elles formaient si peu une nation, au sens d'un groupe se projetant dans un avenir commun. L'intégration de l'Algérie à la France, ou celle de tous les habitants de l'Algérie à un Etat indépendant, c'était chimérique, qu'on le regrette ou non.

D

La première des divisions était la division religieuse.
Et était nettement visible dans l'éducation, ou instruction publique comme vous voudrez. C'était encore l'époque des établissements séparés filles et garçons. Autant dans des écoles de garçons, et les lycées, l'intégration se faisait "normalement", autant ce n'était pas le cas dans les établissements de "filles". Trés peu nombreuses étaient en effet les filles qui pouvaient accéder à l'enseignement secondaire et encore moins, bien entendu à l'enseignement universitaire et celà n'avait rien à voir avec une quelconque "ségrégation coloniale"... J'ai peut-être déjà dit ici qu'en CM2, nous étions 48 dans ma classe (école publique) dont 44 "algériens" de souche et qu'a l'examen d'entrée en 6ème (Lycée) nous fûmes 43 reçus, les 5 ayant échoué étant des "européens"... Il y eut en Algérie, des médecins, des pharmaciens, des professeurs, des instituteurs musulmans et la France n'a jamais interdit les écoles coraniques.
C'est cette division "religieuse" qui interdisait par exemple aux filles musulmanes de fréquenter les garçons juifs ou chrétiens et donc la possibilité de mariages mixtes qui auraient largement favorisé l'intégration.
Celà dit, nous les jeunes "Français", nous étions pour la majorité d'entre nous, bien persuadés que l'Algérie de papa était morte, et que cette Algérie "française" à laquelle nous rêvions, devait évoluer, mais nous songions plutôt à un système fédéral "eurafricain" ou "francafricain" qui ferait de la France et de son empire, l'équivalent des USA. Utopie ? Si on nous en avait laissé le temps...