Harrachi78 a écrit :
Si on démarre d'un Larousse ou d'un Robert, oui. D'un point de vue historique pur et dans le jargon propre à ce domaine la "colonisation" est ce qui a précédé la "décolonisation" et l'un comme l'autre sont applicables à une époque et un contexte bien définis.
Non, justement. D'un point de vue historique, on s'intéresse à des phénomènes dont on essaie d'étudier la genèse et de les rapprocher d'autres en dépit de leur dénomination officielle. Sinon, la quasi-totalité de l'histoire des pays extra-européens devient incompréhensible.
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Et pourtant, je crois savoir que l'origine de la conquête fut justifié par certaines prétentions "dynastiques" de Guillaume sur le trône anglo-saxon. Alors c'est quoi finalement le critère pour que l'on puisse parler de "colonisation" ?!
Par conflit dynastique, il s'est agi d'un royaume dans lequel le le souverain est contesté dans sa propre famille, sans qu'il y ait de véritables implications au niveau du peuple.
En revanche, dans le cas des luttes impérialistes du Maghreb, il y avait bien des modifications des limites des états et modification des systèmes fiscaux. Dans le cadre de la régence d'Alger, il y a même installation d'autres populations : les Janissaires, qui donneront naissance aux Kouloughlis.
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Vous pouvez naturellement appeler cela "colonisation" comme d'autres pourraient nommer la chose "impérialisme"
Tout-à-fait, l'impérialisme et la colonisation vont souvent de pair. Le seul contre-exemple que je vois, ce sont les peuples qui se déplacent pour mettre en culture des terres vierges.
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on pourrait ainsi passer la soirée a tenter l'invention de termes susceptibles de décrire la chose selon diverses perspectives modernes. Il n'en restera pas moins a la fin de la journée que les concernés n'ont jamais considéré le règne ottoman comme un pendant de la colonisation française, ni de près ni de loin.
Auriez-vous des sources sur le point de vue des intéressés ?
Parce que force est de constater que les Berbères ont opposé une forte résistance aux Ottomans : les royaumes de Koukou et des Beni-Abbes ont longtemps préservé leur indépendance, tout comme les Berbères résisteront également farouchement aux Français.
Harrachi78 a écrit :
Sinon, la naturalisation impliquait ce que vous évoquez et bien plus encore : legislation de l'heritage, statut personnel, coutumes ancestrales et jusqu'a l'idée même de s'affranchir de toute l'autorité et la place de la religion musulmane dans la vie, privée comme publique, du musulman. A l'époque, on avait un nom pour désigner le peu de gens qui osaient accepter l'offre de naturalisation -aussi rare et limitée qu'elle était- : m-tôrni, qui vient du français "tourner" et qui signifie littéralement "tourne-casaque". Aujourd'hui encore, le mot existe dans le parler dialectal algérien pour dire de quelq'un est "zinzin", "détraqué" qui a perdu les boules.
Intéressant. La notion de s'affranchir de la place de la religion musulmane dans la vie... ne figure évidemment pas dans les textes français, mais ce devait être bien ainsi que les intéressés la percevaient. Auriez-vous des sources ?
De mon côté, j'ai lu sur Gallica les rapports et articles de journaux relatifs au projet de loi Blum-Violette. Les partisans dénoncent le fait que les opposants reprochent systématiquement aux Arabes de vivre en polygamie (un cliché facile) tandis que l'administration coloniale décourage systématiquement les candidats à la naturalisation qui affirment être en règle.