A-t-on raison de donner cette expression à la conférence ayant eu lieu en Indonésie en avril 1955? Les "silencieux d'hier s'expriment" pour condamner le bipolarisme et la colonisation.

Plusieurs choses à retenir:
- l'espoir d'une troisième voie incarnée par Nasser et Nehru,
- la volonté de se concentrer sur le développement économique du Tiers monde, "adapter le contenant au contenu" pour reprendre Alfred Sauvy,
- une grande solidarité avec les peuples du Maghreb en lutte pour obtenir l'indépendance, et les peuples d'Afrique noire,
- la condamnation de l'Afrique du Sud,
- l'énumération de certains principes: principes fondamentaux de la Charte des Nations Unies, souveraineté des peuples, égalité des races et des nations, volonté d'un règlement pacifique des conflits actuels et à venir.

Bref, le Tiers monde s'affirme. Mais quels sont les résultats concrets? Pas grand chose.

Je n'attends pas de réponse mais plutôt des points de vue, des arguments. Bandung a-t-elle été un coup de tonnerre ou un formidable espoir sans lendemain (beaucoup me diront qu'elle a été les deux )?

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"Si, dans la pratique démocratique anglaise, l’opposition, selon un mot admirable, remplit un service public, dans les États totalitaires, l’opposition devient crime ", Raymond ARON.

Deux question :

Combien parmi les dirigeants réunis à Bandung étaient ou sont devenus des dictateurs, c'est à dire combien ont quitté le pouvoir à la suite d'une élection perdue ??

Est-ce que ce "non alignement" ne leur permettait pas d'obtenir un maximum d'argent de gauche et de droite, d'URSS et des Etats-Unis ?

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L'Etat n'est pas la solution, c'est le problème.

Ce n'était pas vraiment la piste que j'avais proposé, mais vu comme on se bouscule sur ce topic, allons-y!

Le mouvement non-aligné ne naît qu'en 1961 à Belgrade. Bandung, c'est d'abord la réunion d'Etats arabes et asiatiques nouvellement indépendants pour certains. On cherche à se définir, à trouver une voie dans le nouvel ordre international.

Je vois quand même autre chose dans cette conférence que la réunion de républiques et dictatures bananières cherchant le meilleur moyen d'escroquer les deux grands.

Vous avez raison, beaucoup de pays ont été des dictatures, je ne cherche pas à les pardonner, mais dans beaucoup la lutte pour la décolonisation a favorisé l'émergence de régimes durs.

Sur l'aspect économique, votre argument ne tient pas, certes quelques Etats obtiennent l'aide d'un des deux. Mais la grande majorité doit faire face à des difficultés économiques et n'obtient que peu d'aide. L'Inde se débrouille quasiment toute seule avec la Révolution verte.

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"Si, dans la pratique démocratique anglaise, l’opposition, selon un mot admirable, remplit un service public, dans les États totalitaires, l’opposition devient crime ", Raymond ARON.

- Plus que des non-alignés, cela ressemble un peu à une conférence des non-occidentaux : le Japon est présent (avec l'armée US sur son sol !) tandis que la France ou d'autres aurait pu y être ??

- J'ai du mal à voir un lien entre cette conférence et la poursuite de la décolonisation.

- Ce qui m'étonne, en lisant la liste des participants, tout en connaissant mal l'histoire des ces différents pays, c'est que la plupart semblent clairement alignés d'un coté ou de l'autre au moins dans les années qui suivent:

Pays qui invitent : Birmanie, de Ceylan, de l'Inde, d'Indonésie, Pakistan

Pays invités : Afghanistan, Cambodge, République populaire de Chine, Egypte, Ethiopie, Côte-de-l'Or, Iran, Irak, Japon, Jordanie, Laos, Liban, Liberia, Libye, Népal, Philippines, Arabie saoudite, Soudan, Syrie, Siam, Turquie, République populaire du Vietnam (Vietminh), Etat du Vietnam et Yémen

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L'Etat n'est pas la solution, c'est le problème.

Mais le mouvement non-aligné n'existe pas encore! Il faut le construire.

On a des Etats qui n'ont pas encore de politique claire: Qui on est? Qu'est-ce qu'on est? Comment peser dans les relations internationales?

Ces questions il faut y répondre.

Pour le moment, en 1955, on a deux ensembles:
- la Ligue arabe fondée au Caire en 1945 avec entre autres l'Egypte, l'Arabie Saoudite, l'Irak,....
- une solidarité asiatique en train de se dessiner depuis 1947 derrière Nehru et l'Inde.
Si on regarde le programme de chacun, on retrouve de nombreux points communs: droit des peuples à disposer d'eux-mêmes, règlement pacifique des conflits, égalité des peuples; bien sûr on trouve quelques réalités locales comme la non-reconnaissance d'Israël.

Bref en 1955, on cherche à construire quelque chose de plus vaste. Ce n'est pas une date finale mais un commencement.

Quant aux indépendances, elles sont au coeur de la conférence, les indépendances asiatiques sont à peu près terminées (exception faite de la Malaisie et de Singapour). Mais les indépendances africaines commencent: le Maghreb, l'Afrique noire; aussi bien la déclaration finale que le discours de Nehru mentionnent cela, il faut aider ces pays notamment sur la scène internationale pour légitimer leur combat. On condamne également l'apartheid mis en place en 1948 en Afrique du Sud.

Ce premier point évoqué, on définit la priorité pour les Etats indépendants: le développement économique qui inclut également le défi démographique à venir. On est clairement conscient, que des défis (peut-être encore plus durs à relever que les indépendances) attendent ce Tiers monde en construction.

Bref, Bandung est plus à prendre comme un point de départ que comme une arrivée.

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"Si, dans la pratique démocratique anglaise, l’opposition, selon un mot admirable, remplit un service public, dans les États totalitaires, l’opposition devient crime ", Raymond ARON.