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 Sujet du message : Le colonel Argoud
Message Publié : 12 Juin 2004 10:24 
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Grégoire de Tours
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J'avais découvert très récemment cette personnalité hors du commun, dans le documentaire (excellent) Français, si vous saviez d'A. Harris et A. de Sédouy (1972). J'apprends à l'instant sa mort.
Certains en savent-ils plus sur cet officier, souvent présenté comme un des meilleurs de sa génération ? Avez-vous lu son livre La décadence, l'imposture et la tragédie (Fayard, 1974) ?

Citer :
Décès du colonel Argoud

PARIS. Le colonel Antoine Argoud, l'un des dirigeants de l'OAS pendant la guerre d'Algérie, est décédé hier à Vittel à l'âge de 89 ans. Né le 26 juin 1914 à Darney, ce polytechnicien avait été l'un des plus brillants officiers de l'arme blindée, cavalerie (ABC) de son époque.

Chef d'Etat-major du général Jacques Massu en 1958 à Alger, le colonel Argoud, l'un des promoteurs de l'action psychologique, avait participé au putsch des généraux en avril 1961 à Alger.

Après l'échec de ce putsch, il s'était réfugié en Espagne et avait été condamné à mort par contumace le 17 juillet 1961. Il avait participé aux dernières actions de l'OAS (Organisation de l'armée secrète, contre l'indépendance de l'Algérie) jusqu'aux accords d'Evian en 1962.

Lors de sa fuite, il avait été enlevé par un mystérieux commando à Munich le 25 février 1963. Il avait été retrouvé ligoté dans une camionnette à Paris le lendemain.

La Cour de sûreté de l'Etat l'avait condamné à la détention criminelle à perpétuité en décembre 1963.

Amnistié en juin 1968, il était devenu expert-graphologue auprès du tribunal de Nancy avant de se retirer dans son village natal de Darney.

© L'Est Républicain - 12/06/2004

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Ad augusta per angusta
"Nul n'est plus esclave que celui qui se croit libre sans l'être..." Goethe


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Message Publié : 13 Juin 2004 22:13 
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Grégoire de Tours
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J'ignorais sa mort.
Ce bref article résume en effet son parcours (sans aborder cependant son cursus militaire avant la Guerre d'Algérie notamment dans l'Armée d'Afrique, ses très bons rapports avec De Lattre...).

En ce qui concerne les "modalités" de son arrestation, celles-ci sont à resituer, comme une très grande partie de l'action gouvernementale contre l'OAS et autres partisans de l'Algérie Française, dans le cadre d'opérations montées par des "barbouzes" comme l'on disait alors, bref de petites ou grandes frappes de la pègre dont l'Etat se servait comme "petites mains" et instruments...

Un des faux policiers allemands qui a arrêté le Colonel Argoud dans son hôtel à Munich était en fait un bandit de bas-étage qui avant de collaborer avec les services de police de la Vème République dans cette affaire avait eu le privilège de servie la Gestapo à la célèbre rue Lauriston... :(
Le Colonel Argoud passa ainsi la frontière après changement de véhicule pour arriver à Paris où un autre truand Jo Attia, un des grands "parrains" de la pègre de l'époque (l'Etat l'avais fait sortir de Fresnes où il était incarcéré afin qu'il puisse monter l'opération d'enlèvement) le livra "officiellement" en appelant le 36 quai des Orfèvres...

Amicalement


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Message Publié : 16 Juin 2004 16:16 
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Grégoire de Tours
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Citer :
Colonel Antoine Argoud, un des dirigeants de l'OAS
LE MONDE | 12.06.04 • MIS A JOUR LE 14.06.04 | 08h04
Adversaire de toujours du général de Gaulle.
Le colonel Antoine Argoud, opposant à l'indépendance de l'Algérie, est mort, jeudi 10 juin, à Vittel (Vosges). Il était âgé de 89 ans. Avec cet officier issu d'une famille de paysans lorrains, pianiste à ses heures et passionné de graphologie, disparaît également l'un des tout derniers dirigeants de l'Organisation de l'armée secrète (OAS) qui combattit par les armes et par les attentats la politique de désengagement du général de Gaulle.
Né le 26 juin 1914 à Darney (Vosges), Antoine Argoud appartient à la promotion de 1934 de l'Ecole polytechnique, d'où il sort dans l'arme blindée-cavalerie (ABC). Le désastre subi par l'armée française, en juin 1940, le surprend à Rabat, au Maroc - alors protectorat français. Argoud dira avoir trouvé l'effondrement des armées françaises devant la Wehrmacht "inexplicable". Mais, après avoir hésité, le jeune lieutenant finit par refuser de rejoindre la France libre pour poursuivre le combat derrière l'homme du 18 juin, futur objet d'une haine de longue durée.
Si la discipline est évoquée pour expliquer ce choix, l'adhésion d'Argoud à la politique menée par Vichy - dont il estime que le chef, le maréchal Pétain, sert bien de "bouclier" à la France envahie - joue aussi son rôle. C'est ce qu'il confie dans ses Mémoires publiées en 1974 par Fayard, sous un titre bien dans le style du personnage : La Décadence, l'Imposture et la Tragédie.
La clandestinité qu'il a repoussée au temps de la Résistance, le colonel Argoud y entrera lors de l'affaire algérienne, tournant décisif d'une existence qui transforme l'officier brillant en proscrit. Après l'Ecole de guerre, il entre dans l'état-major du général de Lattre de Tassigny. Argoud, qui se veut versé dans la théorie de la guerre révolutionnaire - qu'il combat -, ne suit pourtant pas ce premier mentor en Indochine.
Après un premier séjour en Algérie, en 1956-1957, c'est auprès du général Jacques Massu - dont il est désigné chef d'état-major fin 1958 - que commence vraiment sa carrière politique. Interprétant le combat mené par la France comme un "épisode de la lutte entre le monde communiste et le monde occidental", Argoud, qui invoque de manière récurrente sa fidélité à la "conscience chrétienne", privilégie l'action psychologique. Pour savoir ce que recouvre cette expression on peut se reporter à nouveau à ses Mémoires, dans lesquelles il vante les bienfaits des exécutions sommaires pour le bien de la "pacification".
Dans le contexte de l'infléchissement de la politique algérienne du général de Gaulle et de la révolte des activistes français d'Alger, ulcérés par le rappel du général Massu, lors de la "semaine des barricades", en janvier 1960, Argoud tente de convaincre le nouveau commandant en chef, le général Challe, de faire pression sur le pouvoir pour que celui-ci tienne bon la barre de l'Algérie française.
Rappelé en métropole en février 1960, mais mal surveillé, Argoud revient en Algérie, clandestinement cette fois, en avril 1961, pour participer au putsch des généraux, dont il est l'un des instigateurs. Pendant la rébellion, il tente de faire basculer Oran dans le camp des putschistes. Il ne revient en direction d'Alger que pour apprendre la reddition de Challe, qui a pris la tête de la révolte.
LIEN "ADMINISTRATIF"
Après l'échec du putsch, Argoud se réfugie en Espagne, mais parvient à s'échapper des Canaries, où il a été mis en résidence surveillée par les autorités espagnoles, pour participer aux dernières actions de l'OAS. Les accords d'Evian consacrant l'indépendance de l'Algérie, Argoud entend poursuivre la lutte sur d'autres fronts et annonce, en mai 1962, qu'il a constitué avec Georges Bidault ou Jacques Soustelle, deux personnalités de la Résistance en rupture avec la politique gaulliste, un comité exécutif qui deviendra le "Conseil national de la résistance".
Mais la guerre n'en est pas moins bel et bien finie. Le 25 février 1963, il est enlevé dans son hôtel à Munich par un commando de "barbouzes" (surnom des truands utilisés alors par la police secrète pour des opérations politiques). On le retrouve mystérieusement ligoté dans une camionnette, près de la préfecture de police de Paris.
Le 30 décembre 1963, la Cour de sûreté de l'Etat condamne le fugitif à la détention criminelle à perpétuité. Il bénéficie de l'amnistie du 15 juin 1968, et se retire dans son village natal de Darney (Vosges). Il exerce ensuite la profession d'expert-graphologue auprès du tribunal de Nancy.
Son ton cassant et péremptoire ne tarde pourtant pas à fasciner cinéastes et journalistes, par exemple dans la série documentaire d'Harris et Sédouy, Français si vous saviez, de 1972. On tendra souvent le micro à ce champion amer d'une cause perdue, qui ne cessera de clamer son écœurement face à une France "décadente" avec laquelle il disait n'avoir plus de lien qu'"administratif".
Nicolas Weill
• ARTICLE PARU DANS L'EDITION DU 13.06.04

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Message Publié : 18 Juin 2004 21:07 
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C'était un polytechnicien, ancien de Saumur, de l'Armée d'Afrique, de l'état-major de de Lattre, il commanda en Algérie le 3ème Régiment de chasseurs à cheval. Chef d'état-major du corps d'armée d'Alger, il compta parmi les principaux officiers partisans inconditionnels de l'Algérie française, ce qui lui conduisit tout naturellement à être la cheville ouvrière du putsch d'avril 61.
Condamné à mort par coutumace, il poursuit la lutte jusqu'au 25 février 1963, jour qu'une bande de barbouze gaullistes l'enlève à Munich pour le ramener à Paris où il sera condamné à la détention perpétuelle par la Cour de sûreté de l'Etat.
Libéré en 1974, il déclara :
Citer :
L'Algérie m'a rongé sans aucune connotation politique. Ce feu était avant tout d'un ordre moral...


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Message Publié : 19 Juin 2004 10:08 
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Grégoire de Tours
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MG42 a écrit :
Libéré en 1974,

En 1968 en fait (lors de l'amnistie). Conformèment à un voeu, il se rendit à pied de la prison de la Santé à son village de Darney, en passant par Colombey-les-Deux-Eglises.

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Message Publié : 27 Juil 2006 20:50 
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Inscription : 26 Juil 2006 21:42
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Crillon a écrit :
Un des faux policiers allemands qui a arrêté le Colonel Argoud dans son hôtel à Munich était en fait un bandit de bas-étage qui avant de collaborer avec les services de police de la Vème République dans cette affaire avait eu le privilège de servie la Gestapo à la célèbre rue Lauriston... :(
Le Colonel Argoud passa ainsi la frontière après changement de véhicule pour arriver à Paris où un autre truand Jo Attia, un des grands "parrains" de la pègre de l'époque (l'Etat l'avais fait sortir de Fresnes où il était incarcéré afin qu'il puisse monter l'opération d'enlèvement) le livra "officiellement" en appelant le 36 quai des Orfèvres...

En effet, le nom du "bandit de bas-étage", ancien de la Carlingue, était Georges Boucheseiche. Participeront aussi à l'enlévement Palisse et Le Ny, des anciens du Gang des tractions avant (la bande à Pierre Loutrel surnommé Pierrot le Fou) et l'on retrouvera tous ces individus impliqués dans l'affaire Ben Barka. Il est probable que Jo Attia, bien qu'officiellement emprisonné au moment des faits, ait aussi participé à l'opération si l'on en croit la biographie écrite par sa fille.

J'ai lu le livre d'Antoine Argoud "La décadence, l'imposture et la tragédie" écrit en 1973 et publié en 1974 aux éditions Fayard. C'est un véritable torrent de haine contre De Gaulle et le pathétique testament d'un homme aigri de la pire extrème droite. Qu'Argoud détestait De Gaulle se conçoit mais qu'il ne cesse de faire l'éloge de Pétain et du régime de Vichy, qu'il pense que Laval soit une victime de la haine des résistants, que les collabos étaient finalement de bons et fiers Français et qu'il ne reproche à Hitler que ses erreurs militaires m'a personnellement laissé un goût plus que saumatre. Dans ses cinq premiers chapitres consacrés à la seconde guerre mondiale, pas un mot sur la complicité du gouvernement de Vichy dans la déportation des juifs et pas une seule évocation de la Shoah. Visiblement, l'holocauste ne l'a guère ému. Ajoutons qu'Antoine Argoud qui condamne les méthodes des barbouzes ou du FLN (il est vrai que celles-ci n'avaient rien de recommandables) les approuve quand c'était l'armée française, et lui même en premier lieu, qui les appliquait. Il fait notamment un long plaidoyer pour la torture du moment que c'est l'armée française qui s'y colle. J'ai le sentiment que si Argoud était né Allemand, il aurait fait un parfait petit nazi fier de servir le IIIe Reich...

Pour info, voici les premières lignes du bouquin. Cela donne le ton:
"Le désastre de 1940 éclate dans le monde comme un coup de tonnerre.
En cinq semaines, la France s'écroule. Dans son histoire, pourtant riche en catastrophes, il n'en est pas d'équivalente.
Les contemporains, à de rares exceptions près, sont frappés de stupeur.
Pourtant, rien n'est plus juste que cet arrêt du destin.
En effet, un système militaire anachronique, un commandement incapable ne sont pas les seuls responsables de la défaite.
La nation toute entière, le peuple comme les élites, est concernée.
Face à une Allemagne qui déborde de vie, d'énergie, de combativité, la France offre le visage hideux de la décadence.
Cette décadence ne date d'hier. Elle est amplifiée entre les deux guerres. L'hécatombe de 1914-1918 ne constitue qu'un alibi, puisque l'Allemagne a subi la même saignée.
A une heure aussi tragique de son histoire, la France aurait besoin d'un guide pour l'empêcher de sombrer dans la servitude, pour relever ses ruines, mais surtout pour promouvoir les réformes nécessaires et remonter la pente.
Deux hommes s'affrontent sur la politique à mener. Faut-il ou non signer une armistice ?
Un vieillard, paré des lauriers de la victoire de 1918, le maréchal Pétain, pense d'abord à alléger les souffrances des Français. Il s'offre pour assumer cette terrible mission de négocier avec l'adversaire.
Il est plébiscité par les représentants de la nation, comme par le peuple.
Il tente de protéger ses compatriotes par le prestige de son nom.
Avec beaucoup de sagesse, il définit les causes du mal. Il recommande la résignation et le sacrifice. Il énonce les principes propres à amorcer le redressement.
Le général De Gaulle, au contraire, prêche le combat à outrance au nom de l'honneur et de la grandeur, et condamne l'Armistice.
Dans un geste théâtral qui, dans l'optique du moment, ne manque pas de noblesse, il déserte et rejoint Londres.
Jusque-là, les deux attitudes se complètent. Pétain à Vichy, De Gaulle à Londres peuvent tous deux bien servir la France.
Hélas ! De Gaulle est un mauvais berger. Il ne semble guère se préoccuper du sort des Français, et paraît n'être mû que par l'ambition.
Bien que l'Armistice ait largement contribué à sauver les Alliés, fort de sa liberté d'expression, il s'acharne contre le Maréchal condamné au silence, et contre ceux qui le suivent. Il sème à profusion, pendant cinq années, la division, le mensonge et la haine.
Avec une diabolique habileté, il réussit à donner le change sur ses objectifs, sur les méthodes utilisées, sur les résultats obtenus.
Première imposture."


A la fin du bouqin, page 350, on peut lire:
"En 1970, De Gaulle rejoint Pétain dans la tombe.
Le Maréchal était mort dans le dépouillement évangélique, presque comme un paria, dans sa cellule de l'île d'Yeu, poursuivi jusqu'au bout par la haine partisane des gaullistes et des résistants, abreuvé de l'ingratitude de tout un peuple.
De Gaulle, dont la fin est entourée de mystère, a droit, lui, à des honneurs royaux. Tous les Grands de ce monde se pressent autour de son cercueil. Sa tombe devient un lieu de pélerinage. Dans toutes les villes de France, une rue porte son nom.
Pourtant, il est loin d'être assuré que la postérité entérinera ce jugement des contemporains.
Avec le recul du temps, la vérité se fait progressivement jour, le contraste apparaît de plus en plus saisissant entre les deux hommes:
Le martyre subi par Pétain s'oppose aux impostures de De Gaulle."


Avec le recul du temps, je crois qu'Argoud aura encore tort pendant des années, sinon des siècles, voire l'éternité...

Je m'excuse d'être revenu sur ce vieux fil mais nouveau sur le forum, je n'ai pu résister à vous donner mon avis sur ce sinistre militaire qui détestait autant les Français qu'il prétendait aimer la France.


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Message Publié : 29 Juil 2006 14:34 
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Philippe de Commines
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Inscription : 08 Mai 2002 9:54
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On peut souscrire à ce que vous dîtes, mais l'homme était courageux et n'hésita pas à s'engager totalement pour une cause qu'il croyait juste !

Sa haine pour de Gaulle l'a entraîné à écrire des choses qui dépassaient sa pensée, à mon avis... Il me semble qu'il était du côté des résistants dans sa jeunesse ?


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Message Publié : 29 Juil 2006 16:43 
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So What a écrit :
.... Dans ses cinq premiers chapitres consacrés à la seconde guerre mondiale, pas un mot sur la complicité du gouvernement de Vichy dans la déportation des juifs et pas une seule évocation de la Shoah. Visiblement, l'holocauste ne l'a guère ému.....

Et alors ? ni De Gaulle ni Churchill n'en parlent dans leurs mémoires.


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Message Publié : 29 Juil 2006 16:47 
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Roy-Henry a écrit :
On peut souscrire à ce que vous dîtes, mais l'homme était courageux et n'hésita pas à s'engager totalement pour une cause qu'il croyait juste !

Je ne dénie pas à l'homme un certain courage physique mais on pourrait en dire autant de nombre de combattants nazis ou de Khmers rouges. Je prends ces deux exemples, un à droite et un à gauche, pour signifier que le courage et l'engagement dans une cause que l'on croit juste ne justifie pas, à mes yeux, les crimes effroyables et irréparables que les hommes peuvent commettre en son nom... Or Argoud en a commis en torturant avec acharnement ses ennemis et pratiquant l'exécution publique à outrance car celle-ci, selon ses dires, avait valeur d'exemple. Certes, les lois de la guerre se tapent profondément des Droits de l'Homme mais une fois la paix revenue, faut-il s'en vanter et en faire l'apologie ? Et si la réponse est positive, peut-on reprocher à ses adversaires d'utiliser des méthodes similaires ??

Citer :
Sa haine pour de Gaulle l'a entraîné à écrire des choses qui dépassaient sa pensée, à mon avis... Il me semble qu'il était du côté des résistants dans sa jeunesse ?

Dans ses mémoires, il n'évoque pas de faits de résistance, ni d'actes de guerre héroïques qu'il aurait pu accomplir. Etonnant de la part d'un homme aussi imbu de sa personne et si certain de la justesse de sa cause d'autant que cela lui aurait donné du poids dans ses accusations contre De Gaulle. En fait, il servait dans l'armée d'Afrique du Nord, ce qui lui a permis de se retrouver du bon coté de la barrière. J'ai recherché dans sa bio quelle fut son action durant la seconde guerre mondiale car il n'en parle guère. Juste ces deux passages:

Pages 46 et 47: Je me trouvais le 18 juin 1940 à Rabat, où, en compagnie d'une soixantaine de mes camarades de l'armée de terre, je suivais comme volontaire un cours d'observateur en avion. Nous venions d'être brevetés et nous allions être envoyés sur le front français lorsque l'armistice fut signé.
Persuadés, comme tous nos chefs l'affirmaient, et comme la propagande officielle ne cessait de le répéter, que l'armée française était la première du monde et que les Alliés étaient les plus forts, nous n'avions eu jusqu'au 10 mai aucun doute sur l'issue de la lutte.
Aussi, devant les nouvelles terribles qui déferlèrent sur nous à partir de cette date, fûmes-nous partagés entre l'accablement et la stupéfaction... L'armistice, dont nous ignorions tout et dont nous étions à cent lieues de deviner les bênéfices réels, nous plongea dans la consternation et la honte. Comment toutes les possibilités de la lutte avaient-elles pu être épuisées en cinq semaines ?
Ce sentiment fut si fort qu'une vingtaine de mes camarades, parmi les meilleurs, décidèrent de répondre à l'appel de De Gaulle dont la veille encore ils ignoraient jusqu'au nom, et de rejoindre Gibraltar.
Chez eux, l'orgueil blessé, l'amour de la patrie furent plus forts que le sentiment de la discipline... Chez moi, ce fut l'inverse. Mais il fallut le coup de Dakar et l'affaire de Syrie, pour apaiser définitivement mes scrupules de conscience.
(Il n'explique pas cette dernière phrase par des faits précis)

Pages 54 et 55 (après avoir évoqué l'épisode entre De Gaulle et Giraud): Mais cela ne suffit pas à l'auteur du "Fil de l'épée", propriétaire exclusif de l'action d'entreprise. Il veut libérer la France avec ses unités portant l'insigne de la croix de Lorraine, symboles de sa légitimité, supports de ses ambitions.
C'est ainsi que va se développer une entreprise, unique sans doute dans l'Histoire, où le chef d'une amrée débauchera ses propres troupes pour les faire servir sous sa bannière personnnelle.
Cette campagne atteint son maximum d'intensité en juin 1943. De véritables officines de recrutement fonctionnent dans les grandes villes d'Algérie, en particulier à Constantine où est stationné mon régiment.
Son organisation est mi-clandestine, mi-officielle. Elle n'osepas se réclamer ouvertement d'un appui officiel, mais elle sait pouvoir agir impunément.
L'antenne de Constantine est dirigée par un ancien colonel du 3e R.C.A. qui s'est rallié depuis aux gaullistes. Il est aidé dans cette basse besogne par d'anciens sous-officiers du régiment.
Pour provoquer les désertions, il promet un avancement plus rapide, des soldes plus élevées que dans l'armée "régulière", le débarquement en France, refusé à l'armée d'Afrique.
Chaque matin, lorsque j'arrive au quartier Gallifet, mon adjudant d'escadron me rend compte des désertions de la nuit. Je dois à la vérité de dire que la propagande gaulliste manqua son but, par défaut de finesse psychologique. Elle ne put porter à son actif qu'une quinzaine de déserteurs pour tout le régiment, dont l'aspirant Aynesse.
Mais d'autres régiments, comme le 6e R.S.A., sous le commandement du colonel Amanrich, fut moins fortuné qui, devant l'avalanche des désertions, fut contraint d'abandonner sa garnison de Biskra pour se réfugier dans un lieu où la propagande gaulliste ne pouvait pas l'atteindre: en l'espèce le barrage de Zardezas.
A la fin de juin 1943, il apparut que l'entreprise avait échoué. L'armée d'Afrique, dans son immense majorité, restait sourde aux tentatives de la sirène gaulliste.


A moins qu'il ne le cache, je n'ai donc pas le sentiment qu'il ait suivi De Gaulle et se soit engagé dans la Résistance durant la seconde guerre mondiale. Mais j'avoue n'avoir que pour seule référence, le livre qu'il a lui-même écrit où il crache sa haine des fellaghas, des gaullistes et des communistes. Je ne suis ni gaulliste, ni communiste et n'étant pas né à l'époque de la seconde guerre mondiale, je ne puis assurer quel aurait été mon attitude. Sans doute la même que beaucoup de Français car je ne suis doué d'aucun courage particulier. J'ai quand même beaucoup de mal à comprendre pourquoi Argoud fait à longueur de lignes l'éloge de Pétain et de Vichy et pourquoi il ne dénonce jamais le totalitarisme du régime nazi et les crimes d'Hitler. Avis qui n'engage que moi: parce qu'il admirait le IIIe Reich et son oeuvre de destruction massive...


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Message Publié : 29 Juil 2006 17:19 
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Plutarque
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Inscription : 26 Juil 2006 21:42
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MG42 a écrit :
Et alors ? ni De Gaulle ni Churchill n'en parlent dans leurs mémoires.

Peut-être mais font ils l'éloge de l'Allemagne nazie ?

La victoire de 1940 pour les Allemands avait été celle de l'esprit et du caractère contre la veulerie, l'aboulie, l'anarchie.
La victoire de 1944, pour les Alliés, fut celle du matériel contre l'homme.

(page 61)

ou encore:
L'ensemble des généraux alliés, Patton peut-être mis à part, sont honnêtes sans plus, face à des Seigneurs de la guerre.
(page 60)

On voit donc où va l'admiration d'Argoud !


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Message Publié : 29 Juil 2006 17:31 
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A dénigrer son adversaire, on ne grandit pas sa victoire. Les atrocités de l'armée allemande sont indéniables, tout comme ses capacités opérationnelles.

Ce n'est pas admirer la Wehrmachr que de l'écrire. On le retrouve d'ailleurs sous la plume de nombreux anciens combattants qui ont écrits jusqu'aux années 80.

Il y aurait d'ailleurs une étude à faire là-dessus.

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Il n'est pas nécessaire d'espérer pour entreprendre, ni de réussir pour persévérer (Guillaume le Taciturne)


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Message Publié : 29 Juil 2006 18:33 
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Jean-Marc Labat a écrit :
A dénigrer son adversaire, on ne grandit pas sa victoire.

Sans aucun doute. Mais la défaite justifie t'elle le dénigrement haineux de son adversaire ?

Car Argoud a été battu:
1) Politiquement: L'Algérie a obtenu son indépendance.
2) Idéologiquement: Peu de français préférent Pétain à De Gaulle pour leurs actions respectives durant l'occupation allemande et plus de trente ans après ses écrits, il y a toujours dans chaque ville de France, une rue portant le nom du Général et aucune, celle du Maréchal.
3) Physiquement: En fuite et dans la clandestinité, il a été retrouvé, arrêté et ramené en France, même si ce fut par une bande de barbouzes malfrats de bas étage. Comble de malheur pour lui, il n'a pas été condamné à mort et fut même amnistié en 1968 par De Gaulle. C'est donc loin d'être un martyr.


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Message Publié : 30 Juil 2006 0:18 
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Philippe de Commines
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So What a écrit :
Car Argoud a été battu.


Ce commentaire me paraît mesquin et assez peu historique... :roll:


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Message Publié : 30 Juil 2006 9:05 
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MG42 a écrit :
So What a écrit :
.... Dans ses cinq premiers chapitres consacrés à la seconde guerre mondiale, pas un mot sur la complicité du gouvernement de Vichy dans la déportation des juifs et pas une seule évocation de la Shoah. Visiblement, l'holocauste ne l'a guère ému.....

Et alors ? ni De Gaulle ni Churchill n'en parlent dans leurs mémoires.

Churchill, je n'ai pas lu, mais de Gaulle, si. vous devriez en faire de même.
Mémoires, Gallimard, Pléiade, 2000.

Page 301: "Au cours de l'été, [1942] s'aggravait la persécution des juifs, menée par un "commissariat" spécial, de concert avec l'envahisseur.

Page 351: "Au cours de l'hiver redoublait la persécution des juifs, malgré l'indignation publique, les protestations des évêques - comme Mgr Saliège à Toulouse, le cardinal Gerlier à Lyon - la réprobation du pasteur Boegner, président de la Fédération protestante de France".

Page 433: "Pendant la même période [printemps 1943-printemps 1944] s'étalent les honteuses horreurs de la persécution juive".

Page 693: "La collaboration avait revêtu [...] non seulement le caractère de l'abaissement national, mais aussi celui de la persécution à l'encontre d'une foule de Français". Avec le concours de bon nombre d'officiels et d'une masse de délateurs, [...] 60 000 personnes avaient été exécutées, plus de 200 000 déportées, dont à peine 50 000 survivraient.

Page 695: "On avait vu s'étaler chez certains détenteurs de l'autorité publique un zèle odieux au service de l'envahisseur".

Page 757: "Ici ou là, stupéfaits d'horreur et d'indignation, ils [les troupes alliées] découvrent les survivants et les charniers des camps de déportation".

Page 764: "Les coups de canon de l'armistice sont accueillis, certes avec un soulagement immense, [...] mais ils le sont sans transports, car la lutte fut salie de crimes qui font honte au genre humain".

C’est une recherche rapide, j’en ai sûrement oublié

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Message Publié : 30 Juil 2006 9:15 
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Inscription : 20 Juin 2003 22:56
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Localisation : Provinces illyriennes
Les clichés et les rumeurs ont la vie dure mon cher Plantin ! :wink:

Citer :
Hélas ! De Gaulle est un mauvais berger. Il ne semble guère se préoccuper du sort des Français, et paraît n'être mû que par l'ambition.
Bien que l'Armistice ait largement contribué à sauver les Alliés, fort de sa liberté d'expression, il s'acharne contre le Maréchal condamné au silence, et contre ceux qui le suivent. Il sème à profusion, pendant cinq années, la division, le mensonge et la haine.
Avec une diabolique habileté, il réussit à donner le change sur ses objectifs, sur les méthodes utilisées, sur les résultats obtenus.

Rien que cela, une vision si partisane et fausse avec les faits donne envie de :beurk: Sans commentaires, bien entendu. On sait où se trouvent les tenant de cette histoire politisée aujourd'hui ! :evil:

Non, vraiment rien ne fait regretter cet homme...

duc de Raguse.

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Un peuple sans âme n'est qu'une vaste foule
Alphonse de Lamartine


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