IsaacLevi a écrit :
Il est surprenant qu'un régime aussi critiqué que l'URSS étonne par sa chute...
Il est vrai que les tenants d'un "empire dictatorial pire que le nazisme" ont du être étonné de voir s'écrouler sans un coup de feu
Jacques Marseille disait que l'empire colonial français avait coûté beaucoup à la métropole, il en était sans doute de même pour l'URSS ?
En effet, il y a eu une convergence paradoxale entre pro et anti soviétiques. Les pro considéraient que cette admirable structure politico économique ne pouvaient disparaître. D'ailleurs même si elle avait quelques imperfections, elle était portée par le " sens de l'Histoire" ( raisonnement de Sartre par exemple) et allait bien finir par dominer le monde un beau jour.
Les anti considéraient que la puissance de l'appareil idéologique et répressif adossée aux ressources en matières premières( qui assuraient l'equilibre du commerce extérieur) et au patriotisme russe ( qui légitimait l'effort militaire disproportionné) excluait toute décadence. C'est cette puissance qui faisait peur.
A propos de Marseille je crois que le point a été relevé par Carrere d'Encausse dans un de ses livres sur l'Europe centrale : le niveau de vie était plus élevé dans les États satellites et l'URSS avait longtemps accepté de payer pour cela en vendant ses matières premières à bas prix dans le but d'apaiser des sentiments nationaux humiliés. La décision prise au début des années 1980 de soumettre les échanges internes au CAEM aux cours du marché mondial capitaliste ( au moins pour le pétrole) a gravement déstabilisé les économies satellites, débouchant sur des restrictions aux importations et sur des crises sociales sérieuses.
ON peut ajouter que dans. Les empires coloniaux occidentaux, la métropole achetait des matières premières et exportait des biens industriels. Dans le système soviétique c'etait l'inverse.
Deux observations finales sur l'URSS : sans les ressources de l'Ukraine , de Bakou et de la Sibérie, l'aventure n'aurait certainement pas pu durer aussi longtemps ( même la NEP aurait été impossible à financer).
Et le plus étonnant c'est que contrairement aux bases théoriques du marxisme le système a reposé sur la prééminence de la volonté politique sur la réalité économique et sociale même si in fine c'est bien l'inefficacite économique qui a provoqué le déclin puis l'effondrement du régime. L'infrastructure l'a d une certaine façon emporté sur la superstructure. Même si certains éléments de la superstructure existent encore ( les services secrets et dans une moindre mesure l'armee).