Aigle a écrit :
Mais comme il a été battu, le PCF est entré au Gouvernement, ce qui est aussi une forme de succès pour l'URSS.
Succès très limité. L'URSS et le PCF ne se faisaient aucune illusion sur l'intérêt pour eux d'avoir trois sous-ministres au gouvernement, la participation au gouvernement empêchant le PCF de critiquer Mitterand, dont pourtant il souhaitait l'échec.
Au premier prétexte (ce sera le "tournant de la rigueur" en 83) le PCF se positionna à nouveau dans l'opposition et n'épargna aucune critique contre les socialistes.
Au passage, ça ne suffit pas à les sauver : Mitterand a pillé les voix communistes, victimes également d'une baisse historique du PCF, perçu par les jeunes comme ringard et langue de bois, et représenté de plus par la personnalité caricaturale de Georges Marchais. Le PCF s'est suicidé en s'enferrant dans le stalinisme - au contraire des communistes italiens - et ce n'est pas moi qui vais le regretter.
J'ai déjà cité Coluche : " La différence entre le beaujolais et les communistes c'est que le beaujolais est sûr de faire 12,5."
(j'en rigole encore de satisfaction, mais j'ai moins ri quand on a commencé à s'apercevoir que la baisse du PCF se transformait en partie en voix ouvrières pour le FN, et pas seulement pour le PS. VDM !)
La présence de communistes au gouvernement n'a inquiété que... les militaires, et les Américains.
Les militaires n'aimaient pas voir le communiste Fitermann au ministère des transports, parce que ce ministère était chargé de la réquisition des transporteurs privés et de la réservation des routes en cas de guerre contre les Russes. Mitterand a trouvé une formule, que j'ai oubliée, qui lui ôtait cette responsabilité, et les militaires se sont rassurés.
Tout comme les Américains, qui ont vite compris de quel côté se trouvait Mitterand. Au cours de sa première rencontre avec Reagan - très inquiet de voir des communistes dans le gouvernement français - celui-ci est arrivé avec dans ses bagages les renseignements secrets fournis par la taupe Farewell, un officier du KGB retourné, fourniture qui comprenait entre autres le nom d'agents soviétiques aux Etats-Unis et des renseignements sur ce que l'URSS savait des secrets militaires de l'OTAN : une vraie mine d'or pour la CIA.
http://fr.wikipedia.org/wiki/FarewellCiter :
Or la défaite de VGE est pour partie due au non report de voix gaullistes.car je suis convaincu que dans le fond de leur cœur les militants gaullistes avaient peu apprécié l'ouverture à l'est du Général .
Le mauvais report des voix gaullistes a d'autres raisons. Je me souviens de mon grand-père, résistant et gaulliste de toujours, qui expliquait à quel point il avait du mal à voter pour Giscard. Giscard est l'homme qui en 69, au moment du référendum qui allait mettre fin à la carrière de De Gaulle, avait dit qu'il ne se prononcerait pas pour le non, mais pour le "oui, mais..."
Une belle formule à la Giscard, pour exprimer un maximum de réticences sans avoir l'air de trahir De Gaulle, avec un effet potentiellement dévastateur : les vrais gaullistes n'avaient pas oublié.
Mon grand père allait donc voter Giscard la langue dans la joue en 74, sachant que Mitterand était un adversaire de toujours du Général, et que les communistes c'est le diable.
Il est mort avant les élections de 81, et j'ai eu une pensée pour lui le 10 mai, en me disant qu'au moins il avait échappé à cette épouvante !