Ce parallèle est intéressant mais ne me semble pas absolument parfait.

En effet Juppé a fait toute sa carrière dans l'ombre de Chirac, en suivant les mêmes sinuosités idéologiques du "gaullisme" à l'atlantisme européen et de la fracture sociale à la rigueur ...Rocard lui me semble avoir été un homme libre appuyé sur des idées fermes et originales.

Ce qui étonnait chez Rocard c'était de voir un admirateur de la sociale-démocratie suédoise s'allier avec l'extrême gauche au sein du PSU ...
Mais je crois qu'on peut l'expliquer par sa formation et ses convictions. Rocard, comme beaucoup de socialistes des années 1950 était à la fois hostile au vieux monde autoritaire et moralisateur (évêques, généraux, préfets, patrons "de droit divin"), aux communistes soviétiques comme à la SFIO décadente de Mollet. Il admirait l'Etat-providence et le pacifisme neutraliste suédois et donc finalement avait pas mal de points communs avec les gauchistes - dont on sait maintenant qu'ils étaient bien plus attachés à la liberté sexuelle qu'à la révolution prolétarienne.

Telle est ma lecture de sa vie et de son oeuvre (et de ses mémoires).

Pour réussir pleinement dans le monde politique, il faut savoir vendre du rêve, ce qu'un homme comme Michel Rocard se refusait de commettre, et dégager une aura, ce qui n'entrait pas dans son caractère.

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La classe des sots politiques est, de toutes les classes de sots, la plus sotte (Alexandre Erdan).

Je ne pense pas que l'on puisse établir un parallèle entre Alain Juppé et Michel Rocard, ne serait ce que dans les relations qu'ils entretenaient avec leur chef d'Etat.
En revanche la comparaison entre Rocard et Mendes France me semble plus appropriée.
Les deux hommes avaient une conception, et un idéal, politique assez proche, celui d'une gauche éthique et humaniste. Dans ces deux qualificatifs on retrouve des traits de caractère propre à MR, d'ailleurs très bien décrits par Aigle, et qui lui enlevaient toute dose de cynisme et de calcul politique propre aux zones grises de l'exercice du pouvoir.

Par ailleurs on peut tracer les lignes de la politique ''coloniale'' menée par PMF et les comparer avec celles de MR. Dans l'esprit on peut constater qu'entre la Tunisie et la Nouvelle Calédonie la vision des deux hommes est somme toute assez proche.

En m'avançant très certainement, je pense que c'est cette vision "d'idéal partagé" qui a fait défaut à la gauche, trop occupée à courir après la droite, pour se regrouper autour de valeurs communes.

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> Le courage, c'est de comprendre sa propre vie... Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille... Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel.
( Jean Jaurès )

J'ai le souvenir d'un slogan dans les années 1990, d'un ticket Chirac à l'Elysée et Rocard à Matignon
De mémoire ils s'étaient croisés et s'appréciaient mutuellement depuis les bancs de l'ENA

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… il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer…

ça n'a rien d'étonnant, on pourrait les qualifier comme étant des sociaux libéraux. L'un social - libéral et l'autre libéral - social.
Cependant Rocard m’apparaît comme étant nettement plus pragmatique que Chirac, ce dernier s’embarquant souvent dans des ''sinuosités Gaulliennes".

Pour en revenir à la vision "Rocardienne" celui ci a très vite compris, avec je le crois un temps d'avance, que la gauche devait se positionner sur un programme d'économie de marché. Entre être économiquement rationnel sans pour autant verser dans l'ultra libéralisme, et ne pas renier ses valeurs sociale, l'équilibre est politiquement précaire.

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> Le courage, c'est de comprendre sa propre vie... Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille... Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel.
( Jean Jaurès )

je partage l'avis de Nico : on a beaucoup parlé dans les années 1980 d'un "Bad Godesberg" à la française - bref d'un renoncement formel et officiel au marxisme. mais c'était impossible, en particulier parce que les candidats socialistes avaient besoin des voix communistes pour être élus. Et au sein du PS, il y avait encore beaucoup de marxistes (au CERES par exemple).

Et puis dans les années 1970, au-delà du PCF, il existait dans la presse ou chez les intellectuels un rejet profond du capitalisme !

Bien vu !

https://www.lhistoire.fr/le-message-de-bad-godesberg

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> Le courage, c'est de comprendre sa propre vie... Le courage, c'est d'aimer la vie et de regarder la mort d'un regard tranquille... Le courage, c'est d'aller à l'idéal et de comprendre le réel.
( Jean Jaurès )

Je me souviens d'une interview croisée de ces deux personnes il y a une 20aine d'années, se congratulant mutuellement, l'un d'avoir inventé la CSG, l'autre de l'avoir augmentée. Lunaire

Moi, je me souviens d'une autre interview croisée, celle de Michel Rocard et de Raymond Barre. C'était au magazine "L'Expansion". De mémoire (mes souvenirs me trompent peut-être) , cet échange, très courtois entre les deux hommes, montrait que leurs divergences économiques n'étaient pas énormes.

Finalement, le parallèle Rocard / Barre est peut-être plus pertinent à faire que le parallèle Rocard / Juppé

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