carlo68 a écrit :
Totalitaire? Je pensais qu'on était sur un forum d'histoire, pas de philosophie. Laissez le totalitarisme à BHL, l'histoire a pour but de comprendre des processus complexes, pas de chercher à les expliquer par des concepts généralistes et généralisants. Il faudrait s'interroger sur l'utilisation du mot totalitaire, il a une certaine pertinence, évoquant des caractéristiques plus ou moins communes, ainsi qu'une période historique liée à la diversification et à la généralisation des moyens de communication, il peut apparaître comme une des facettes de l'"ère des masses". Mais au final, cela reste un éléphant dans un magasin de porcelaines.
De plus en 70 ans d'histoire, l'URSS est passée par des phases tellement différentes, y voir certaines constantes, éventuellement, un "système" j'ai beaucoup de mal...
Le terme de totalitaire est largement utilisé par les historiens pour le stalinisme, c'est une plaisanterie d'en faire une invention de BHL.
Appliquer ce terme à la Russie après Staline peut effectivement se discuter, mais si vous cherchez une constante elle est évidente : la présence d'une police politique. (je ne parle même pas d'élections libres...) Je ne dis pas que ça reste un régime totalitaire - il y a beaucoup de choses qui changent après la mort de Staline - mais ça reste une dictature.
Contester l'existence d'un "système communiste" me paraît délirant : il y a bien un système économique totalement différent de l'économie de marché, et qui s'est posé pendant des décennies comme une alternative plus juste et plus performante. De plus il n'a pas foncièrement évolué dans ses principes jusqu'à sa chute en 91.
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Le taux de popularité du communisme en URSS est difficile a calculer. En Russie, il n'est pas impossible que les communistes soient revenus au pouvoir dès 1996, si les élections n'avaient pas été entâchées de fraudes massives. Dans la plupart des républiques, ce sont les anciennes équipes (donc "communistes") qui sont restées au pouvoir.
Allons allons. Le communisme était majoritaire à 99% dans les élections de l'époque, vous sous-estimez sa popularité !
Plus sérieusement, il est difficile de mesurer l'impopularité d'un système où l'opinion est baillonnée, mais on ne peut pas dire que les Russes se soient soulevés en masse pour le défendre.
Par contre il y a eu des révoltes populaires contre le communisme en Europe de l'est qui ont été écrasées par la force. D'ailleurs dans le cas du printemps de Prague il ne s'agit même pas d'une révolte populaire au départ : ce sont les dirigeants communistes locaux qui essaient d'accorder un peu de liberté d'expression à leur peuple. Mais là je me demande s'il est vraiment nécessaire de faire des rappels historiques à ce niveau : vous avez une position idéologique qui revient à nier l'évidence.
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La peur a disparu où, quand et comment? C'est de nouveau un concept tellement vague, vous le calculez comment? Les gens en prison? La production littéraire? C'est d'une subjectivité à toute épreuve...
On peut constater que la peur a disparu quand les moscovites sont descendus dans la rue pour s'opposer au putsch militaire. Une telle manifestation de masse était impensable sous le régime communiste.
Quelle idée que de vouloir quantifier la peur ? (C'est quoi le but ? Prétendre que les gens étaient libres et vivaient sans peur de s'exprimer, au motif qu'ils n'osaient pas montrer leur mécontentement ?)
Le fait est que personne ne bougeait, voilà tout. Evidemment les Russes ne vivaient plus dans la terreur des grandes purges, mais la police politique du régime avait gardé toute son efficacité.
Comme personne n'a jamais pu étudier les dossiers du KGB, il est difficile d'évaluer ses effectifs.
Par contre les Allemands se sont donné un mal fou pour reconstituer les dossiers de la Stasi, de façon à savoir qui étaient ses informateurs. (Et à pouvoir calculer les retraites de ses agents, ce qui est méritant, mais logique.)
Là on a les chiffres :
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Entre 1950 et 1989, la Stasi comptait dix-sept prisons préventives où étaient internés les détenus.
Au moment de sa dissolution, elle comptait environ 91 000 agents officiels et 175 000 informateurs, soit 1 % de la population est-allemande. La Stasi comportait donc 266 000 agents, qui constituaient une surveillance très présente et très efficace.
Un chiffre donné en lien par la responsable actuelle des archives de la Stasi est plus large mais plus imprécis : moins de 2%.
Elle ajoute que ça suffit à affirmer que les Allemands de l'est n'étaient pas un peuple de délateur, ce qui est une évidence : il n'existe pas de "peuple de délateurs." (par contre ça donne une idée des tensions entre opinions allemandes de l'est et de l'ouest, et de la mauvaise image qui colle à la peau des "Ossies".)
Intéressant la vitesse à laquelle le régime est-allemand s'est disloqué, malgré son appareil répressif : dès l'instant où les dirigeants les plus sensés ont fait admettre qu'on ne tirerait pas sur le peuple, le peuple a renversé les barrières en quelques jours. (Compte tenu de la position d'abstention prise par Gorbatchev, une répression armée menée par des soldats allemands était tout simplement impraticable.)