Bonjour,

Je souhaiterais dresser une liste exhaustive des intellectuels français de droite après 1945 et jusque 1991.

L'idée est de nommer les intellectuels et de présenter leurs travaux, écrits, prises de position dans le champ du politique, etc.

Je pensais à quelques noms pour engager le débat :

- Raymond Aron (1905-1983), normalien et agrégé de philosophie, rédacteur de la revue résistante de La France Libre, collaborateur après-guerre de Camus et chroniqueur au Figaro, membre du RPF et partisan du gaullisme, fervent adversaire de Jean-Paul Sartre et du "marxisme conformisant" ;

- Roger Nimier (1925-1962), sorbonnard et auteur de l'après-guerre, chroniqueur de la revue royaliste La Nation française, partisan d'une séparation de la littérature et de la politique, donc peut-être un intellectuel de droite hors champ ;

- François Mauriac (1885-1970), chartiste et écrivain engagé de la première moitié du XXème siècle, académicien et vichysto-résistant, Prix Nobel de littérature en 1952.

Je trouve intéressant de voir les trajectoires politiques de ces intellectuels de droite pendant la guerre et après-guerre, ne serait-ce qu'à l'aune des trois exemples donnés : un résistant rallié à Londres mais aussi critique du gaullisme avant de s'y rallier corps et âme après-guerre, un royaliste et un vichysto-résistant.

Je voudrais également tenter de donner une définition de ce qu'a pu être un intellectuel de droite entre 1945 et 1990.

Je vous remercie de vos réponses,

Jadis

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« But thought's the slave of life, and life's time fool. » (William Shakespeare)

Je me réponds en premier mais que cela ne dissuade personne de participer - il s'agit plus d'un complément de réflexion.

Dans Intellectuels et passions françaises (1996), Jean-François Sirinelli parle d'un grand schisme des milieux intellectuels de droite en novembre 1981. Deux groupes se démarquent : d'un côté, les "intellectuels" (penseurs ?) d'extrême-droite derrière Alain de Benoist (1943-), partisan de l'Algérie française et de l'OAS, et quelques figures du du Groupement de recherche et d'études sur la civilisation européenne (GRECE), de l'autre une "nouvelle droite" de "clercs libéraux", très critique de cette dérive radicale des premiers, qui réunit autour d'elle, pour citer quelques noms, Raymond Aron, Florin Aftalion (1937-), économiste libéral proche de la pensée d'Hayek, François Bourricaud (1922-1991), sociologue tocquevillien, Lionel Stoléru, polytechnicien puis professeur d'économie à Polytechnique, rallié au socialisme après 1988, et Pierre Chaunu (1923-2009), sorbonnard et historien, gaulliste de conviction depuis la Seconde Guerre mondiale.

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« But thought's the slave of life, and life's time fool. » (William Shakespeare)

Les noms qui me viennent à l'esprit, et sans développer, sont: René Rémond et Pierre Renouvin?

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Comme disaient les Kennedy, "faut pas se laisser abattre"

Jules Monnerot Julien Freund

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" Je n'oublie pas le Colonel Arnaud Beltrame "

Merci à vous deux pour ces quelques noms !


Jules Monnerot (1908-1995), sociologue de profession, me semble un très bon exemple. Membre du réseau de résistance Ceux de la Libération, engagé au RPF gaulliste à un haut niveau, en rupture avec (à partir de 1959) de Gaulle en raison de ses positions pro-algériennes, rallié à la droite monarchiste, chroniqueur à La Nation française, un peu sur le modèle de Roger Nimier que j'évoquais dans mon premier message, puis finalement rallié à la droite ultranationaliste avec son intégration au Front national.


Je suis plus dubitatif. Je peux me tromper mais, hors son engagement résistant, je ne vois pas "d'engagement poltiique", ou de politisation de son discours intellectuel après 1945...


René Rémond (1918-2007), lui aussi, me semble bien répondre à la définition. Ancien de la JEC, normalien et historien de profession, partisan de certaines positions très affirmées, notamment, sur les questions religieuses.
Je suis tombé sur ce lien très intéressant sur le parcours historique et universitaire de Rémond : http://www.herodote.net/Un_temoin_avise ... cle-85.php

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« But thought's the slave of life, and life's time fool. » (William Shakespeare)

On peut réfléchir aux noms de Louis Pauwels, Jacques Laurent romancier et essayiste d' Extrême-Droite, et ajouter Marcel Aymé, ce dernier peut-être toutefois plus écrivain qu'intellectuel, mais qui a développé des idées de droite dans une oeuvre exceptionnelle.
Marcel Gaucher est parfois aussi cité dans le groupe de l'E-D pour ses idées politiques.
Mais ces auteurs ne sont pas au premier plan comme Aron.
Parmi les nouveaux philosophes, André Glucksmann ancien marxisme, peut être mentionné pour La Cuisinière et le mangeur d'hommes, Réflexions sur l'État, le marxisme et les camps de concentration, ainsi que Les Maîtres penseurs.
Enfin, il y a enfin le cas de Malraux romancier mais aussi intellectuel gaulliste.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Et homme politique Exemple très intéressant.

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Comme disaient les Kennedy, "faut pas se laisser abattre"

Marcel Gauchet ? N'était-il pas plutôt un soixante-huitard et un anarchiste ? Certes, un intellectuel anti-stalinien (et sur certains points anticommuniste) mais un intellectuel de gauche tout de même, non ?



Entièrement d'accord avec vous deux, messieurs. J'ai presque honte de ne pas avoir pensé à Malraux !
C'est autour de lui, et de Mauriac, que se fédérèrent les intellectuels de droite à l'époque du RPF (Nimier, Aron, Monnerot), invités à collaborer à l'une ou l'autre de leurs publications


Pour Pauwels, c'est un engagement "à droite" tiède et de la fin des années 1970. Après avoir la Seconde Guerre mondiale, il avait rejoint Combat à l'époque de sa marxisation (sous la direction de Victor Fray).

Par contre, pour Jacques Laurent (1919-2000), que vous me faites découvrir, il y a de quoi parler : sorbonnard en philosophie, membre de l'Action française dans l'entre-deux-guerres, engagé auprès de l'administration de Pétain, vichysto-résistant incarcéré à la fin de la guerre, ami de Nimier et d'Henry de Montherlant, anti-gaulliste au début des années 1960 mais partisan de l'Algérie française.

Je creusais le cas de Jacques Laurent et il y a eu un pôle des intellectuels de droite dans les années 1950 et 1960 autour du groupe dit des Hussards : Jacques Chardonne, Paul Morand, Antoine Blondin, Michel Déon, Jacques Laurent (!), Roger Nimier, Kléber Haedens, Stephen Hecquet, Roland Laudenbach, Félicien Marceau, François Nourissier, Jacques Perret, André Fraigneau, Willy de Spens, Guy Dupré, etc. L'ami Wiki parle d'une radicalisation du mouvement sur la question de l'Algérie française et donc d'une explosion du mouvement entre droite modérée et fidèle au gaullisme et une droite radicalisée, emportée dans la lutte contre le Général.

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« But thought's the slave of life, and life's time fool. » (William Shakespeare)

Je vous avez proposé Julien Freund a priori, mais en vérifiant sa notice sur Wikipédia, je pense que je ne m'étais pas trop trompé :

http://fr.wikipedia.org/wiki/Julien_Freund

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" Je n'oublie pas le Colonel Arnaud Beltrame "

J'avais relevé le nom, et je vous remercie de me l'avoir soumis, mais j'avoue que j'hésitais à m'avancer ne connaissant pas le personnage.

Dans un article de Paul-François Paoli, pour Le Figaro, il est présenté comme adulé par les jeunes intellectuels de la Nouvelle Droite dans les années 1980, en particulier Alain de Benoist.

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« But thought's the slave of life, and life's time fool. » (William Shakespeare)

Prenez-vous en compte les intellectuels issus de la droite disons "économique" ? Il y a beaucoup de ralliés après le tournant de la rigueur.

Je ne crois pas qu'il existe de liste établie donc je suis preneur de tous les noms - quitte à en discuter après (comme Freund ou Gauchet) !

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« But thought's the slave of life, and life's time fool. » (William Shakespeare)

Quelques commentaires sur cet ensemble de noms :

- J'évoquais André Fraigneau (1905-1991), éditeur de Marguerite Yourcenar, "auteur collaborationniste" pendant la Seconde Guerre mondiale, marginalisé après la guerre mais membre influent des Hussards. J'ai un peu de mal à le classer parmi les intellectuels d'extrême-droite - encore qu'il n'y ait pas de parcours directs entre des intellectuels collaborationnistes et les intellectuels d'extrême-droite - et je parlerais plutôt d'un repenti à classer parmi les intellectuels de droite pour l'après 1945 ;

- Il manquait par contre Paul Sérant (1922-2002), résistant pendant la guerre, critique du centralisme jacobin de la république, essayiste plus régionaliste que nationaliste mais souvent classé à droite pour ses positions ;

- J'évoquais aussi Kléber Haedens (1913-1976), membre de l'Action française pendant l'entre-deux-guerres, collaborateur de la revue "fasciste" Je suis partout, secrétaire personnel de Maurras pendant la guerre, collaborateur de Pierre Boutang après-guerre, donc clairement à classer parmi les intellectuels d'extrême-droite ou, au moins, du royalisme, membre du Comité Charles Maurras à partir de 1968.

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« But thought's the slave of life, and life's time fool. » (William Shakespeare)

Peut-on inclure dans ces intellectuels de droite, l'historien François Georges Dreyfus

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" Je n'oublie pas le Colonel Arnaud Beltrame "

Cela me semble, personnellement, tout à fait approprié : engagé au RPF après la guerre, puis à l'UDT et ensuite à l'UNR, avant de rallier le RPR.
Sa page wikipedia évoque même des conférences qu'il aurait données à Restauration nationale, le mouvement royaliste de Juhel et de Roux.

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« But thought's the slave of life, and life's time fool. » (William Shakespeare)