Narduccio a écrit :
Tandis que le fait d'être pro-atlantiste, pro-européen ou "indépendantiste" était un marqueur plus important. Pour ce que je m'en souviens, il y a eu quelques débats pour savoir s'il fallait faire plus Europe, moins d'Europe, une Europe "à la remorque" de l'allié américain, ou une Europe forte et intégrée. Sauf erreur de ma part, le débat s'est terminé en queue de poisson quand il a été décidé d'intégrer les nombreux pays issus du bloc de l'Est. Il me semble que certains intellectuels (plutôt centristes) avaient regretté qu'on n'ai pas fait une Europe regroupant 12 pays et bien plus intégrés : des espèces d'États-Unis d'Europe. Tandis que d'autres s'en félicitaient.
Je ne demande qu'à y croire, cher Narduccio, et à recalibrer ma première classification avec de nouvelles lignes fortes. Je pense qu'il y a plusieurs lectures des clivages : complémentaires, pour mieux situer le positionnement des intellectuels de droite, et supplémentaires, les uns pouvant s'imposer aux autres sur certaines époques (Algérie française au début des années 1960, atlantisme après 1966). Pour moi, la question algérienne était fondamentale parce qu'elle recoupait la question coloniale et opposait une droite conservatrice et colonialiste avec une droite réformiste et pragmatique. Elle montrait aussi l'indépendance d'une frange de la droite face à un de ses grands meneurs, le général de Gaulle.
Je reconnais, je vous l'accorde, que le cas algérien laisse aussi une troisième porte de sortie entre partisans de l'indépendance et partisans du maintien de la présence française : les partisans d'une indépendance de fait mais tenants d'un néocolonialisme français en Afrique.
Il n'y a pas eu qu'une rupture au sein de l'histoire de la droite moderne, cela serait aussi pertinent de parler de la rupture du tout-libéralisme (actée politiquement par l'avènement de la présidence Pompidou alors que de Gaulle portait encore le message économique d'un keynésianisme d'après-guerre à très forte teneur sociale).
Alain.g a écrit :
François Mauriac a pris position contre Vichy et ses intellectuels et il a soutenu le général de Gaulle; de Gaulle mais pas le RPF ni l'UNR. Il est le type de l'intellectuel catholique de droite même s'il s'exprime dans l'Express avant de revenir au Figaro. Ce qui peut tromper est son sens social, humain et son opposition à la guerre d'Algérie.
Vous avez raison. Je pensais que l'engagement de Mauriac auprès de Vichy avait duré plus longtemps mais cette courte
histoire de Mauriac et Vichy (par Jean Lacouture) m'a permis de reconsidérer les choses.