Faget a écrit :
Il y a une dimension géopolitique que l'on a oublié jusqu'ici. L'URSS voyait de Gaulle d'un œil très sympathique à cause de la distance qu'il avait prise vis-à-vis de l'OTAN et de l'impérialisme américain.Point n'était besoin d'un appel du pied à Moscou.
Je l'ai mentionné en première page :
Pierma a écrit :
Les Soviétiques préféraient De Gaulle, indépendant des USA, à un Mitterand plus atlantiste.
L'aspect amusant de cet épisode est que De Gaulle conclut le travail objectif du PCF pour mettre fin à la grève, après entente avec les gaullistes et signature des accords de Grenelle, par un discours enflammé qui vitupère ce parti et "son entreprise totalitaire", comme si le mouvement de Mai était communiste. Agiter le péril rouge reste une tactique payante.
Quand on connaît le dessous des cartes, ça ne manque pas de sel.
En privé, De Gaulle se plaignait que les communistes (en l'occurrence Georges Séguy, pour la CGT) se soient fait jeter par la base lorsqu'ils sont venus à Billancourt présenter les résultats de accords de Grenelle.
"Les communistes se sont plantés. Ils n'avaient pas "fait leur salle." Quand on fait une annonce de cette importance, on met dans la salle des gens prêts à l'applaudir, c'est la moindre des choses. Ils se sont laissés surprendre."
De fait c'est un tournant de Mai 68 : Séguy tout fier se précipite à Renault-Billancourt proclamer sa victoire (augmentation du SMIG de 30%, tout de même) mais les ouvriers réagissent négativement et refusent de cesser la grève : ils veulent davantage. Il faut dire que cette concession a été obtenue en trois jours, sous la direction de Pompidou et sans que le patronat n'émette la moindre réserve. Les ouvriers sentent que le rapport de force est en leur faveur.
On peut dire qu'à ce stade plus personne n'a de prise sur le mouvement et que tout peut arriver. Encore quelques jours, et beaucoup se mettront à parier sur une démission de De Gaulle.