En Algérie les troupes combattantes sont partagées entre troupes d'intervention (paras, légion, chasseurs alpins) et troupes de secteur. En gros, les premiers sont chargés d'intervenir contre les maquis, tandis que les seconds font de la garde statique et donnent un coup de main pour des ratissages lorsque les premiers montent une opération sur leur secteur.
Dans l'esprit du grand public les troupes de secteur, où se trouve la majorité des appelés, ne risquent rien. (Il y a aussi des appelés dans les régiments paras et alpins.) Cette légende tiendra jusqu'à l'incident de Palestro, en 56, où 18 appelés sont tués dans une embuscade meurtrière du FLN.
http://fr.wikipedia.org/wiki/Embuscade_de_PalestroCette affaire suscite une émotion considérable en métropole où on se rend compte que les appelés en secteur sont aussi en guerre.
Dans la réalité ils sont une cible assez facile pour le FLN. Peu habitués aux combats, effectuant des liaisons routières routinières pour le courrier, la popote, ou la relève de la garde de certains ouvrages d'art, ils font des cibles de choix. (Il y a même des unités mal commandées qui effectuent des patrouilles de routine à jour fixe !)
Sur le plan militaire, le schéma du début, où les troupes de secteur passent leur temps à patrouiller et ratisser et reviennent toujours bredouilles (le FLN est bien renseigné et connaît souvent longtemps à l'avance les opérations projetées) évolue peu à peu et là où elles sont bien commandées (tout dépend de la personnalité de l'officier supérieur commandant le secteur) les troupes de secteur commenceront réellement à faire la guerre et à obtenir des résultats.
Pour revenir aux communistes, en 56 le PCF vote l'envoi du contingent en Algérie et son engagement en faveur de l'indépendance algérienne sera assez tardif. (Ils ont expliqué plus tard que les ouvriers, surtout parisiens, étaient un peu déroutés par ce mouvement de libération qui tuait régulièrement d'autres arabes : on en retrouvait chaque matin sur les chantiers de construction, cadavres sans papiers qu'on coulait dans le béton sans autre formalité. Il s'agissait de militants du parti concurrent, le MNA, éliminés par le FLN, ou plus rarement d'ouvriers algériens refusant de payer l'impôt révolutionnaire.)
A côté de la position officielle du PCF, il y a les militants, qui étaient comme tous les appelés : ils ne voulaient pas aller se battre en Algérie, et ont fréquemment pris la tête de mouvements de protestation spontanés. (Tous les appelés ayant fait l'Algérie se souviennent de ces trains où on avait enlevé les poignées des freins d'urgence.)