Après les évènements de mai 68 , De Gaulle proposa un référendum sur la décéntralisation en avril 1969. Son échec l'obligea à démissionner. Le quartier latin , et plus généralement le centre de Paris,avait pour vocation de regrouper un grand nombre d'universités et de grandes écoles. C'est encore en partie vrai vrai aujourd'hui. Mais certaines institutions ont dû perdre une partie de leur âme en étant décentralisées. En 1969 l'école nationale des ponts et chaussées est encore à Saint Germain des prés , l'école polytechnique sur la montagne Sainte Geneviève. Mais en octobre POMpidou ,le nouveau président, inaugure les nouveaux locaux de l'école Centrale de Paris à Chatenay Malabry. Centrale se décentralise ! Mais restera l'école centrale de Paris, du moins sur le papier. En fait, officiellement "école centrale des arts et manufacture".Les ponts et polytechnique ce sera plus tard. Aujourd'hui l'ENA est à Strasbourg.

Manque de place , de modernité, certes, ces locaux laissent la place à d'autres institutions. Mais les anciennes institutions étaient souvent synonymes de leur emplacement géographique.

Aucune critique par contre concernant les "halles de Paris", "le ventre de Paris" d' Emile Zola ,se devait de partir ailleurs, à Rungis par exemple. Les problèmes posés par les Halle semblaient insolubles dans la capitale. Reste le pavillon Baltard transféré à Nogent.

Il y a eu effectivement un mouvement de déplacement près de Paris de plusieurs grandes écoles et d'universités , mais il ne s'agit pas d'une décentralisation au sens du projet de de Gaulle, mais dans un autre sens: une décentralisation géographique de Paris. Un mouvement que j'ai bien connu en siégeant 3 ans dans l'organisme qui les décidait, le Comité de décentralisation près de la DATAR, qui avait pouvoir de bloquer l'extension de tout organisme dans Paris intra-muros.
Chaque cas était étudié et la décision toujours prise pour développer l'enseignement, sur la base d'un manque de locaux; manque évident sur place dans le tissu urbain parisien, en apportant des parkings et un environnement avec de la verdure et de quoi s'étendre, voire accueillir des activités nouvelles.
Tous les grands services publics ont été incités également à établir une implantation dans la couronne et à revendre leurs multiples implantations dans Paris, EDF, SNCF grands ministères.
L'opération a permis d'offrir dans Paris des centaines de milliers de m2 de bureaux et de freiner la transformation de logements en bureaux qui était préoccupante dans les année 70-80-90.
Quand aux Halles, il suffit de regarder la superficie du marché-de Rungis pour comprendre que les Halles ne pouvaient absolument pas demeurer sur place, sans compter la nécessité d'apporter des frigos, l'accueil de gros camions et de satisfaire aux normes européennes d'hygiène.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

La décentralisation des grandes écoles concerne aussi HEC dont le campus est inauguré par de Gaulle en 66 (faisant rire l'assistance quand il dit avoir pris l'itinéraire sans risque cette fois par le Petit Clamart)
Cas inverse : le départ de l'OTAN et l'installation de la fac de Dauphine.

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… il pleuvait, en cette Nuit de Noël 1914, où les Rois Mages apportaient des Minenwerfer…

La décentralisation de certaines entreprises publiques allait au delà de la couronne parisienne : France Telecom a dû décentraliser (en fait on disait "déconcentrer", la décentralisation concernant les institutions politiques) ses services techniques centraux à Lyon et à Bordeaux, et son centre de recherche, le CNET, à Lannion.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)

Oui, vous évoquez tout le travail considérable de la Datar créée en 1963 par Pompidou avec Guichard et Jérome Monod, pour transférer en province des activités afin d'aménager le territoire et combattre "le désert Français" (ouvrage de JL. Gravier).
Par voie autoritaire, la Datar en Ciat (Comité d'AT), va transférer en province de très nombreuses activités publiques et privées. Une révolution. La Bretagne va en profiter en premier.
L'aménagement du territoire " se propose de substituer un nouvel ordre à l'ancien, de créer une meilleure disposition, une meilleure répartition dans l'espace de ce qui constitue les éléments de fonctionnement d'une société ; meilleure par rapport aux buts, c'est-à-dire non seulement à des fins économiques, mais davantage encore pour le bien-être et l'épanouissement de la population."
Les entreprises sont incitées comme les ministères et organisme publics à s'établir et construire hors de Paris pour mettre fin à la trop grande concentration à Paris des activités publiques et privées.
L'entreprise sera menée avec efficacité pendant les 12 années d'activité de Georges Pompidou, en devenant une priorité absolue, un mythe national même.
C'est la crise économique de 1974 qui va freiner cette politique, le thème d'une obligation d' équilibrer le territoire national étant remis en question au nom de la compétitivité puis de la survie des industries françaises.
La DATAR révise alors ses conceptions au profit de la nécessité de muscler des pôles de développement, les Métropoles d'équilibre, puis des axes de développement, capables de rivaliser avec les grandes zones économiques euroépennes. Le concept est ensuite abandonné tout comme le Plan au profit du concept d'efficacité et de résistance à la concurrence internationale.

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.

Pour EDF, des études furent faites dans les années 80. En fait, les pertes dues à la concentration dans la région parisienne sont assez colossales. Mais, de nombreux cadres directeurs n'envisagent pas de partir dans des "petites" villes provinciales. En fait, le développement du TGV a modifié pas mal de choses et on a vu se développer les "célibataires géographiques". De nombreux cadres qui arrivent aux postes de direction vers leurs 40 ans, ont une famille bien implantée dans la région où ils habitent. Lorsqu'ils acceptent les postes aux services centraux nécessaires à l'évolution de leurs carrières (qui se situent pour la plupart aux abords de Paris), ils laissent leurs familles en province et eux vivent du lundi matin au vendredi après-midi dans la région parisienne. Les horaires sont aménagés sur le rythme parisien. Pas de réunions d'importance avant 9h du matin. Les gens arrivent souvent au travail entre 8h30 et 9h. Le temps de lire les mails avant les réunions du matin. Les derniers partent le soir vers 20-21h. Métro-dodo, avec un repas vite avalé quelque part. Et le vendredi à 13h, il ne reste dans les bureaux que les personnes de permanence qui passeront tout le week-end à Paris loin de leurs familles.

En contrepartie, les experts "parisiens" qui sont amenés à vivre loin des forums qui regroupent les centres d'études (ils ne sont pas tous à Paris) font souvent le chemin inverse. Leur famille reste près du centre urbain où est rattaché le centre d'étude et eux vont vivre en "célibataire géographique" dans la centrale nucléaire où on les a affecté. Ils font leurs période de 3 ans, puis sollicitent un poste supérieur dans leur centre d'étude, puisqu'ils ont ainsi acquis l'expérience pratique qu'on leur reprochait de manquer.

La France est l'un des pays où l'on réclame une grande mobilité aux cadres dans les grandes entreprises, très loin du modèle allemand où les gens restent au même poste pendant 20 ou 30 ans. Les grandes entreprises allemandes sont disséminées sur tout le territoire et ils ont moins ce phénomène de centralisation/décentralisation.

Pour EDF, la tendance est de regrouper les "centres" dans des zones en déshérence où les conditions d’accueils sont souvent bien meilleures que dans les régions fortement industrialisées. Ainsi, lorsqu'il s'est agit de gérer au niveau national toutes les pièces de rechange disséminées dans les diverses centrales nucléaires, il a été préféré construire un centre de stockage, plutôt que d'agrandir un des centres techniques existant. On a aussi étudié la déserte. Il fallait un accès assez rapide à un nœud autoroutier avec surtout, la possibilité d'éviter la région parisienne et ses bouchons.

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Une théorie n'est scientifique que si elle est réfutable.
Appelez-moi Charlie

On s'accorde aujourd'hui à estimer que la décentralisation ne peut pas être une fin en soi. Elle ne doit pas nuire à l'efficacité du service ou de la production. Le contexte a complètement changé depuis la crise économique. Des échecs sont intervenus. On ne voit plus de la même manière la décentralisation. Elle a parfois généré des surcouts ou des disfonctionnements. Je tenais à signaler cette évolution

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.