Jerôme a écrit :
Michel Tournier n'était ni stratège ni communiste mais un écrivain germanophile. Un amoureux des paysages et de la culture de l'Allemagne médiévale et romantique. À ce titre il voyait dans l'ancrage occidental de la RFA la cause d'une américanisation radicale et d'une dégradation considérable de l âme allemande.
C'est sans doute un point de vue défendable car l'Autriche neutre semble avoir conservé une culture plus authentique que la RFA, devenue à certains égards une entreprise industrielle et technologique à haute valeur ajoutée dont la personnalité réelle est difficile le à appréhender.
Et cette différence culturelle entre l'Allemagne et l'Autriche serait due uniquement à la neutralité autrichienne ?
Pour l'âme allemande, outre le fait que Hitler ne l'a pas ménagée, est-ce que la neutralité l'aurait empêchée d'adopter la culture occidentale ? L'Allemagne médiévale et romantique, qui a vu ses grands centre-villes médiévaux partir en fumée, a subi le même sort qu'en France : le pays s'est développé comme jamais. Fallait-il empêcher - à supposer que ce fût possible - l'expansion économique des Trente Glorieuses ?
"L'âme allemande, médiévale et romantique", "l'Arabie de Shéhérazade", "l'Orient compliqué et mystérieux", "la Chine impénétrable"... L'âme des peuples, une vieille lune qui a longtemps fait couler des tonneaux d'encre. Oui, il y de quoi inspirer des écrivains - je pense à Victor Hugo, pour l'Allemagne, avec Eviradnu et la marquise de Lusace, par exemple - mais pour quelle réalité dans l'histoire, depuis la guerre de Trente Ans, en passant par 1870 ?
Quand on est soit-disant "germanophile" on aime l'Allemagne telle qu'elle est et pas telle qu'on la fantasme. (Pour ma part je la trouve intéressante et originale, cela dit on peut dire la même chose de chaque pays qu'on aime.)
Je n'aurais pas dû relever, c'est HS, mais on ne peut pas mettre en balance un choix géopolitique impératif, et même vital - ce ne sont pas les Allemands qui ont créé le stalinisme - avec les rêveries d'un écrivain en mal d'images médiévales, vraiment...