Aigle a écrit :
N'oublions pas non plus qu'un fort discours ouvriériste et tiers mondiste caractérisait le clergé de ces années, créant une proximité avec l'idéologie révolutionnaire.
ça c'est plutôt le fait des prêtres de bas, avec en particulier les prêtres ouvriers, qui s'établissent en usine. Après tout il n'est guère normal que le monde ouvrier ait déserté l'église, et ça s'inscrit dans une volonté de ré-évangélisation qui n'est pas contradictoire avec la vocation de l'Eglise. Mais bien entendu ces prêtres là ont une certaine communauté d'idée avec le monde ouvrier qu'ils fréquentent. Non pas qu'ils soient systématiquement marxistes, le marxisme étant athée, mais par exemple il peut arriver qu'ils s'inscrivent à un syndicat.
J'ai eu comme ça un cousin prêtre ouvrier qui a passé sa vie comme ouvrier chez Renault. Ses récits étaient très intéressants.
Mais là on parle des prêtres, pas de l'épiscopat. Beaucoup de ces prêtres sont en délicatesse avec leur hiérarchie.
Comme rien n'est simple, il y a malgré tout des exemples d'évêques qui marquent leur solidarité avec les ouvriers. En tous cas à Besançon, où j'habite, Mgr Lallier a marqué sa solidarité avec les grévistes de Lip, en signifiant qu'il n'était pas admissible de jeter comme ça des gens à la rue du jour au lendemain. (C'était encore l'époque du plein emploi, depuis on en a vu d'autres...)
Il se murmure même que c'est l'église qui a caché dans Besançon le trésor des Lip : il s'agissait du stock de montres, qu'ils vendaient pour financer la grève - avec un certain succès, c'était une marque de prestige - et surtout les pièces détachées qui leur ont permis de redémarrer la production, avec le fameux slogan "On fabrique, on vend, on se paie" et égalité des salaires.
Il faut dire qu'il y avait chez Lip beaucoup de membre des syndicats chrétiens, CFTC mais surtout CFDT - où on trouvait pas mal de catholiques de gauche, dont le premier était Charles Piaget, leader en fait, sinon en titre, de ce mouvement.
Il se murmure même que le fameux trésor était caché dans la cathédrale St Jean - mais chut, c'est un secret - ce que je n'ai jamais cru : c'est dans la Boucle, au pied de la citadelle, avec une seule voie d'accès, donc trop facile pour organiser une fouille de véhicules.
Mais le fait est que les RG ont pris en filature tout ce qui pouvait transporter ce stock, mis tout le monde sur écoutes, et qu'ils n'ont jamais réussi à mettre la main sur ce "trésor." La complicité de l'église est probable, j'en ai eu trop d'écho venant de sources catholiques pour que ce ne soit qu'une rumeur.
Citer :
Sous Pompidou, par exemple il y a eu une polémique sur les exportations d'armes françaises.
Tiens j'avais oublié cela, mais je me souviens effectivement d'une période de vives polémiques sur ce sujet.