Aigle a écrit :
marc30 a écrit :
Jerôme a écrit :
Alors pourquoi cette "popularité" ?
Je suis curieux de connaître l'analyse des membres du forum sur cette lecture de la Shoah faite par après la guerre.
Et si c'etait la pression des négationnistes qui ont fait de l'absence d'ordre écrit une " preuve" de la fausseté la Shoah ? Ils ont tendu un piège en incitant des historiens superficiels à trouver cette preuve dans les protocoles de Wannsee. Mais je suis d'accord la Shoah a commencé avant la conférence de Wannsee. Quant à la trace écrite soit elle a disparu sous les bombardements soit elle n'a jamais existe du fait de mode de fonctionnement du gouvernement nazi et des pratiques de Hitler - souvent orales et allusives.
Je ne sais pas s'il y a un lien entre la propagande négationniste et la sur-estimation du poids de la conférence de Wannsee. Peut-être car je crois me souvenir qu'on a beaucoup parlé de Wannsee dans le contexte de la série "Holocauste" (qui est aussi l'époque de l'apparition de Faurisson) mais ce serait à vérifier.
Je crois surtout que nous sommes dans cette affaire victimes (si j'ose dire) d'un journalisme avide de simplicité - car je crois que les vrais historiens ont toujours défini avec précision la portée de Wannsee (une réunion organisationnelle qui implique une décision politique antérieure sur le principe).
Tout ce que je trouve sur le net se rapportant à Wannsee semble trouver son origine dans le procès d'Eichmann. J'ai l'impression que celui-ci, ou certaines personnes, veulent réécrire l'histoire de la Shoah en faisant de cette réunion le point de départ de l'Holocauste. En fait, le propos serait de prétendre que les nazis furent contraints et forcés d'exterminer les juifs parce que les démocraties, si promptes à défendre les différents peuples, n'ont pas accepté de les accueillir sur leur sol. Il est intéressant de noter que c'était déjà les arguments des nazis au moment de la Conférence d'Évian en 1938 : vous nous reprochez de ne pas vouloir de juifs sur notre sols, mais vous refusez qu'ils débarquent sur le vôtre!
Dans ce cas, il semble primordial de démontrer la possibilité du projet "Madagascar". Or, ce projet supposait :
- que le Royaume-Uni fasse la paix, ou accepte un armistice;
- voire que le Royaume-Uni accepte, pour des raisons sanitaires, de laisser passer les convois (tout en les surveillants, cela aurait pu être une ruse);
- et que les autorités coloniales en place à Madagascar acceptent d'accueillir ces colons un peu spécial.
Sans compter la logistique sanitaire lors de l'accueil, la nourriture pour toutes ces personnes pendant au moins 1ans (assurée par qui ? sûrement pas par les allemands ...).
Bref, dans les conditions de 1940, voire de 1939, la solution "Madagascar" est illusoire et semble même avoir été mise en place pour masquer la réalité de certains préparatifs. Que l'on recense les juifs, cela peut se concevoir si on envisage de les envoyer ailleurs, que cet ailleurs soit Madagascar ou Auschwitz.
On comprend donc que certains aient à cœur de présenter la "nécessité" d'exterminer les juifs comme la conséquence de la position des politiques et de l'opinion publique qui prévalait dans de nombreux pays dans les années 35-40. De plus, cela joue aussi sur le sentiment de culpabilité qui a traversé certains milieux suite aux découvertes de la singularité de la Shoah après 1970.
Car, et plusieurs historiens reviennent sur cela en ce moment, entre 1945 et 1970, dans de nombreux pays, l'opinion publique a fait un amalgame entre la situation des divers déportés et des divers camps. Surtout que certains cumulaient les fonctions et pouvaient servir aussi bien de camp de transit, de concentration, de travail ou d'extermination. Pendant cette période, la parole a été partiellement accaparée par les déportés politiques. Ce qu'ils avaient vécu est horrible, mais leur réalité est différente de celle de la déportation des juifs. Il a fallu le travail de recensement de certaines organisations pour montrer que si de nombreux déportés politiques ne sont pas rentrés, dans le cas des juifs, il serait plus juste de dire que seulement quelques uns revinrent. Et que dans le cas spécifique de certains convois, toutes les personnes qui étaient dans ces convois furent gazées dès leur arrivée, sans considérations d'âge ou de sexe.