Que les maîtres du forum pardonnent mon audace chronologique mais je suis à la recherche d'informations précises sur le combat mené par pierre Beregovoy, dernier premier ministre socialiste du président Mitterrand, contre la corruption. Les membres peuvent ils me donner leur avis sur les questions suivantes : pourquoi Beregovoy a t il choisi ce thème ? Fut ce ou non sur la suggestion de Mitterrand ? Pour embêter la droite ou certains courants du PS ?

Et quel fut le bilan de cette stratégie : j'ai en tête la loi Sapin de 1993 sur les délégation se service public et la création du service central de lutte contre la corruption dont les actions sont justement méconnues. Y a t il eu d'autres choses ? Je ne vois en particulier pas de mises en cause personnelles de corrompus ni de corrupteurs !

Je ne souhaite cependant pas ouvrir de polémique sur les circonstances du décès de Pierre Beregovoy.


Pour compléter je vous propose un extrait de Wikipedia sur le discours d'investiture de 1992:

Nommé Premier ministre, Pierre Bérégovoy se présente comme le chantre de la lutte contre la corruption affairiste et politique. Lors du discours de politique générale du 8 avril 1992, qu'il prononce devant l'Assemblée nationale après la formation de son gouvernement, il déclare notamment :

« [...] Urgence, enfin, dans la lutte contre la corruption. [...] Avec le garde des sceaux, M. Michel Vauzelle, je veux publiquement apporter mon soutien aux juges qui poursuivent la fraude, sans autre passion que le droit. On soupçonne certains hommes publics de s'être enrichis personnellement de manière illégale. S'ils sont innocents, ils doivent être disculpés ; s'ils sont coupables, ils doivent être châtiés ; dans tous les cas, la justice doit passer. [...] J'apporte également mon soutien aux policiers qui travaillent consciencieusement sous le contrôle des juges pour traquer les corrupteurs. [...] Toutes les procédures seront conduites à leur terme, dès lors qu'elles révèleront des actes frauduleux commis à des fins d'enrichissement personnel. [...] S'il est des dossiers qui traînent, croyez-moi, ils ne traîneront plus. [...] Croyez-vous que je prendrais la responsabilité de tels propos devant la représentation nationale — que je respecte — et devant l'opinion publique, si je n'avais pas l'intention d'honorer tous les engagements que je prends devant vous[Arch 2] ? »

Répondant aux invectives de certains députés, le Premier ministre déclare tout en brandissant un papier :

« Comme je suis un Premier ministre nouveau et un homme politique précautionneux, j'ai ici une liste de personnalités dont je pourrais éventuellement vous parler. Je m'en garderai bien ! [...] S'il existe encore des élus qui, à quelque niveau que ce soit et à quelque parti qu'ils appartiennent, ne respectent pas les nouvelles règles de financement de l'activité politique, qu'ils le sachent : le gouvernement sera impitoyable[Arch 2]. »

anecdotique car ce n'est pas de la corruption au sens littéral:.Beregovoy avait été choqué par un "congrès" de cardiologues sur la Muraille de Chine offert par un laboratoire pharmaceutique.En réponse sera déclenché une interdiction de ce genre de prestations ,un controle des "frais"des laboratoires et tout avantage en nature vis à vis du monde médical.

Il y a eu de nombreuse affaires de corruption. C'est étonnant qu'elles disparaissent des mémoires, y compris de la mienne, puisque je dois faire des efforts pour les retrouver, et m'aider d'internet.

Vous avez, par exemple, toutes les affaires que l'on regroupe sous le nom de "Françafrique", qui commencent à être révélées à cette époque.

L'affaire des "avions renifleurs", appelée ainsi par le Canard Enchaîné, est une escroquerie permise par la corruption. Cette affaire concernait des faits remontant à la période de Giscard d'Estaing, mais n'a été connue que sous Mittérand. Voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_d ... renifleurs .

Une autre affaire est "l'Affaire Elf", qui concerne la même société pétrolière, mais qui s'est déroulée plus tard, sous Mittérand. Selon Wikipedia, https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_Elf , plus de 300 millions d'euros ont été détournés. Ce scandale a obligé la grosse entreprise Elf à changer de nom, pour prendre celui de Total qui n'était qu'une entreprise moyenne dans le groupe Elf.

L'affaire de l'OPA sur la Société Générale en 1988, menée par une coalition dont faisait partie la Caisse des Dépôts, qui est un organisme d'Etat, implique une forme de corruption. Lire https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_d ... %C3%A9rale .

L'affaire des "frégates de Taiwan" remonte à 1991 et a impliqué le ministre Roland Dumas.

L'Affaire du rachat scandaleux de la MGM par le Crédit Lyonnais.

L'Affaire du Carrefour du développement, voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_d ... eloppement

Les affaires de financement illégal des partis politiques français sont anciennes et nombreuses. Le gouvernement a traité le problème avec de nouvelles lois, dont une pour compenser le manque à gagner de cette corruption en décidant d'allouer des fonds publics aux partis ayant des députés.
L'une d'elles est l'Affaire des marchés publics d'Île-de-France, voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_d ... -de-France.

L'affaire Méry qui concerne un financement occulte, voir https://fr.wikipedia.org/wiki/Affaire_d ... _M%C3%A9ry .

Je m'arrête là, mais il y en a beaucoup d'autres, voir la catégorie spéciale de Wikipedia qui s'intitule "Affaire politico-financière française", https://fr.wikipedia.org/wiki/Cat%C3%A9 ... %C3%A7aise , et qui ne montre que la partie émergée d'un iceberg. Par exemple, il manque beaucoup d'affaires de corruption concernant le bâtiment et les travaux publics, concernant les sociétés d'armement comme Dassault, concernant les sociétés de publicité impliquées dans les campagnes politiques et les campagnes de promotions de services publics, etc.

Vous trouverez aussi des informations dans le livre de Jean Montaldo, "Mittérand et les 40 voleurs", dont le titre est assez évocateur. Il est paru en juin 1994, soit un an après la mort de Berregovoy, mais il couvre les treize années précédentes.

Mon chargé de TD de constit nous avait parlé de Beregovoy en trois points

1- il était un peu acculé par les affaires judiciaires en cours : à moins de sembler tolérer la corruption il fallait prendre la tête d'une croisade contre
2- il voulait rendre la tête du PS en écartant la vieille garde mitterrandienne au pouvoir depuis 1981 et plus ou moins mouillée dans ces affaires - on pouvait avoir une alliance moderne des mitterrandiens modérés (style Beregovoy) et des rocardiens
3- il voulait aussi ébranler la droite et en particulier le RPR qui était très lié à certaines entreprises (compagnies des eaux ou sociétés pétrolières) pour sauver les élections à venir.

Beregovoy était sincère mais Tout cela a abouti à rien car très vite Mitterrand a refuse qu'on fasse le ménage parmi ses amis (ex: Dumas).

Je ne sais pas si Bérégovoy voulait prendre la tête du PS. Quoi qu'il en soit, Bérégovoy ne faisait pas partie du premier cercle de l'entourage présidentiel.