Bonjour,
Jerôme a écrit :
... Il est pourtant intéressant sur un autre plan : la description acerbe de la vie familiale de la grande bourgeoisie parisienne de la IV e République. Cette critique est si aiguë qu'on pourrait la croire issue d'un manuel de sociologie marxiste : égoïsme profond des uns et des autres camouflé par des posture morales et religieuses tout à fait hypocrites... Ou tout à fait volontairement, cet ancien collabo ... moquer des bourgeois et des démocrates triomphants
Vous voyez tout ceci dans ce film.
J'y vois le style de Guitry qui réussit à y intégrer sa femme du moment (Lana Marconi), un style très caustique, parfois cynique. C'est du Guitry...
En vous lisant, j'y vois une interprétation très personnelle sur ce qui pourrait s'apparenter à un mélange de "La gueule de l'autre","Le retour de Martin Guerre" et "L'amour est dans le pré".
Gensac montre ses seins ? Faut-il y déceler les futurs slogans féministes de 68 ou un rappel des décolletés trop osés de Marie-Antoinette ? On y voit une pique (sans-culotte ?
). Non, c'est Guitry.
Critiquer ou émettre un avis sur la bourgeoisie serait à connotation "marxiste" ? Le marxisme se logerait dans l'opposition à la bourgeoisie de la IVème ? Cette bourgeoisie servant la soupe avec un goupillon etc.
A travers ce pitch, Guitry semble secondaire à votre vision du film : éternelle hésitation entre la bonne place stable (bourgeois), la transgression (collabo) et on peut déduire que la morale (religieuse comme autre) semble une hypocrisie. Ceci tient plus d'une analyse de société dans un temps donné par un personnage complexe (le spectateur plus que Guitry ?).
Le synopsis est et sera toujours dans l'air du temps. Si vous souhaitez y voir quelque chose de plus "profond", il y a Martin du Gard (romans). Kazan reprend Steinbeck dans "
A l'est d'Eden" et surfe sur le puritanisme américain, la transgression et l'opposition au patriarche de manière plus complexe et d'une autre envergure dans l'analyse de la société, ce sur deux générations.
Pour le choix "
Guerre froide", j'ai un doute : Guitry a été un temps "
grillé" pour sa guerre lors des "
épurations" dues à nos divisions très résistantes.
C'est tout au plus, un petit pamphlet catharsistique pour un Guitry très narcissique. Pour "
collabo", il aurait fallu que Guitry ait une vision politique. Trop tourné vers lui-même, il en manquait. Il est des mots qu'il ne faut pas galvauder sinon ils ne veulent plus rien dire et marquent l'oeuvre d'une personne dont le procès fut fait en temps et en heure. Vivant, il aurait pu répondre et vous auriez pu à cette époque vous positionner : avec, contre, au centre. Je cite le film "...
ce que l'on peut salir en nettoyant...".
J'y vois plus un sujet sociologique qu'historique et encore.