marc30 a écrit :
Je crois que tout le monde admettra que l'UE a progressivement rompu avec une conception économique libérale modérée pour adopter une conception plus maximaliste. Et que les démocrates chrétiens , en particulier en France, ont suivi ce mouvement.
"Comment comprendre cela :
- déchristianisation progressive de ces partis qui s'éloignent de la doctrine sociale de l'Eglise ?
- pression de Reagan pour lAbolition de toute protection ?
- évolution du PS français et du RPR vers l'Europe libérale qui rend dérisoire toute résistance des demochrétiens ? "
L'UE a surtout rompu avec les protectionnismes nationaux, un marché commun européen étant sa raison d'être, et elle s'est adaptée à un nouvel ordre mondial dans lequel richesses, sciences, technologies, industries industries et forces militaires n'étaient plus concentrés en Europe de l'ouest et en Amérique du Nord.
Depuis les années 1980 on observe une tendance à une moindre intervention de l'Etat mais, à l'exception du Royaume-Uni, les politiques sociales de tous les Etats européens sont restées très protectrices par rapport à celles des Etats-Unis. En France, l'UDR, devenue RPR, (restons dans les limites chronologiques), serait qualifiée de parti socialiste aux Etat-Unis. Ce parti de droite, qui se partage alternativement le pouvoir avec le parti socialiste, pratique une politique sociale qui n'est en rien en opposition par rapport à la doctrine sociale de l'Eglise.
L'Europe s'est certainement en partie déchristianisée, mais elle s'est surtout laïcisée. L'éthique chrétienne étant désormais considérée comme une éthique avant tout personnelle, les groupements ayant adoptée cette éthique ou une éthique proche n'ont plus voulu conserver un lien officiel avec les religions chrétiennes. C'est la raison pour laquelle l'appellation "démocrate-chrétien" n'est plus beaucoup revendiquée et c'est ainsi par exemple que la CFTC s'est muée en CFDT. Mais ce n'est en rien une rupture.
C'est d'autant moins une rupture que la doctrine sociale de l'Eglise est en fait peu consistante. Si l'on observe l'histoire des deux derniers siècles, l'Eglise catholique a penché beaucoup plus pour l'ordre moral et le conservatisme politique que pour le progrès social. Les précurseurs comme Lamennais ont été condamnés. L'encyclique Rerum Novarum a pu sembler un tournant mais peu après, Rome a mis fin au Sillon de Marc Sangnier. Par la suite, un mouvement syndical d'inspiration chrétienne s'est bien timidement constitué, mais comme une très pâle alternative au syndicalisme d'inspiration socialiste, même si la JOC a pu avoir une certaine influence. Le mouvement des prêtres ouvriers aurait pu donner quelque consistance à un mouvement social d'inspiration chrétienne, mais une fois de plus, Rome ordonna qu'il fût mis fin à l'expérience. La doctrine sociale de l'Eglise est resté un concept vague et les initiatives concrètes qui s'en inspiraient ont somme toute rencontré plus de résistances au sein de l'Eglise que d'encouragements.