Cartapus a écrit :
-D'où la terrible ambivalence qui a germée à cette époque dans l'esprit de la communauté scientifique européenne qui se retranche derrière l'idée que leur rôle et de faire avancer la science quoi qu'il arrive sans se préocuper du regime qu'ils servent, même si ce régime représente le mal absolu.
En gros, on obeit aux chefs qui allouent les crédits, et la soumission naturelle du citoyen allemand fait le reste.Joliot Curie de son côté a refusé de quitter le territoire français même aprés la défaite.
La "soumission naturelle" du peuple allemand n'a pas contaminé les savants atomistes allemands les plus avancés, à l'exception (notable) de Werner Heisenberg.
Cela ressort clairement de l'article de Wiki consacré à
la course à la bombe."Conscients à la fois de la portée de leurs travaux et de la dangerosité révélée de l'appareil nazi dont la prise de pouvoir devient totalitaire, les cerveaux s'exilent. Otto Frisch avait déjà suivi en 1933 ce chemin vers l'Angleterre. Il reste de leurs travaux à Berlin l'identification de l'eau lourde comme composant nécessaire aux tests."
parmi les savants qui se sont réfugiés en Angleterre ou aux USA jusqu'en 1940, on peut citer le danois Niels Bohr, l'italien Enrico Fermi, Le polonais Szilard.
Si Joliot-Curie reste en France en 1940, il expédie en Angleterre tous ses collaborateurs - dont Lew Kowarski - les documents résumant ses travaux et le stock français d'eau lourde. Une contribution théorique importante concerne les calculs de Joliot-Curie sur la masse critique nécessaire à une réaction en chaîne.
L'essentiel, à savoir l'hypothèse de la fission de l'uranium et de l'énergie que libère cette réaction "de fission" a été émise à la fois en France par Joliot-Curie, et en Allemagne par Otto Fisch et Lise Meitner, qui l'ont gardée pour eux avant de passer au Danemark et d'en faire part à Niels Bohr :
"Le 16 janvier 1939, Niels Bohr arriva du Danemark aux États-Unis pour passer plusieurs mois à l’Université de Princeton. Juste avant son départ du Danemark, deux de ses collègues, Lise Meitner et Otto Robert Frisch (deux réfugiés d’Allemagne), lui avaient fait part de leur hypothèse selon laquelle l’absorption d’un neutron par un noyau d’uranium provoque parfois la séparation de celui-ci en deux parties approximativement égales et la libération d’une énorme quantité d’énergie, un phénomène qu’ils appelaient « fission nucléaire ». "
Je découvre avec effarement dans cet article que les Allemands ont réalisé des tests effectifs d'armes nucléaires pendant la guerre. Les faibles puissances développées - on ne sait même pas s'il y a eu réellement explosion - indiquent un retard théorique considérable (par rapport aux recherches effectuées aux USA) sur les notions de masse critique et sur leur connaissance des conditions nécessaires à une réaction en chaîne.
En gros, il semble qu'ils aient réalisé ce qu'on appellerait aujourd'hui un "long feu" ou "une bombe sale". (Essais effectués en présence de cobayes humains sortis d'un camp de concentration voisin, les nazis étant ce qu'ils étaient.) La raison de leur retard tient tout simplement au manque de scientifiques compétents. Au delà, ils auraient buté de toute façon sur le manque d'uranium.
Concernant la bombe française, il faut signaler que des scientifiques français ont participé, au Canada, à des travaux portant sur l'enrichissement de l'uranium - dans le cadre du projet Manhattan - et à la mise au point du premier réacteur canadien. (dont Lew Kowarski, qui réintégra à la Libération l'équipe de Joliot-Curie)