marc30 a écrit :
Beaucoup d'intellectuels style Sartre militaient pour l'indeoendance algérienne.
1- Comment la concevaient ils ? Précisément je pose trois questions
Avec un régime économique de type socialiste ?
Avec un régime politique démocratique ?
Avec quelle place pour les pieds noirs ?
Ils militaient pour l'indépendance mais dans le cadre fumeux d'une révolution fantasmée de type maoïse contre le pouvoir, les capitalistes, les colonialistes, les sociaux-traîtres, les staliniens etc. Ils ne concevaient concrètement rien du tout. Quelques années plus tard ils militeront pour la
Gauche prolétarienne, groupuscule violent et fumeux qui finira par se dissoudre spontanément en 1973.
Les intellectuels français, tout comme les politiques, ont pris le train en marche. La gauche communiste et l'ultra-gauche non parlementaire avec des personnalités comme Sartre ont milité pour l'indépendance dès que des mouvements indépendantistes ont commencé sérieusement à se manifester. L'ultra-gauche comme dit plus haut, la gauche communiste en suivant la ligne dictée à Moscou.
En dehors de la gauche révolutionnaire, et encore, celle-ci tardivement, quasiment personne dans la société française n'avait pris conscience qu'il y avait un très gros problème avec l'Algérie. Sur l'échiquier politique, personne, ou presque, n'imaginait l'indépendance. L'intégration de l'Algérie était un fait acquis. Dans l'esprit de tout le monde, et peut-être même dans l'esprit du Général lui-même, de Gaulle était simplement venu remettre de l'ordre dans la chienlit algérienne. Pour les uns, il allait mater les indépendantistes, pour les autres, il allait mater les militaires insubordonnés. D'où l'équivoque du : "
Je vous ai compris !. En fait, il allait venu mater les uns et les autres. L'Algérie français étant une évidence, les divergences d'opinion portaient sur l'évolution des institutions. La droite la plus dure, dont l'état d'esprit était celui de la majorité des pieds-noirs, voulait le statut-quo, à savoir un quasi apartheid. Sur le reste de l'échiquier, on souhaitait une évolution, avec plus ou moins de détermination, vers l'égalité des droits politiques. Mais, comme la population algérienne d'origine européenne ne voulait pas en entendre parler, on restait timide.
C'est de Gaulle parmi les hommes d'Etat de l'époque qui, le premier, a pris conscience qu'il fallait donner l'indépendance à l'Algérie. Comme c'était de Gaulle qui le disait, et comme en plus on se rendait bien compte qu'il avait raison, en moins de quatre ans on est passé de l'Algérie française fait acquis pour presque tout le monde à l'Algérie effectivement indépendante. Les intellectuels ont bien sur phosphoré mais seulement après que de Gaulle les eut tiré de leur léthargie. La lecture des romans de Camus est frappante : on se croirait presque à Marseille. Alger, Oran sont des villes françaises peuplées de Français, un peu plus cosmopolites toutefois, beaucoup sont notamment d'origine espagnole. Mais où sont les Algériens arabes ? C'est à peine si on les entre-aperçoit. La société française, intellectuels et hommes politiques compris, n'ont pris réellement conscience qu'à partir des années 1950 que l'Algérie était peuplée à 90% d'Arabes, Sartre n'étant en fait pas plus lucide que les autres.
Quintero a écrit :
De Gaulle n'avait pas d'intérêt outre-mer ? La françafrique démontre le contraire.
Les colonies ont bel et bien été utiles. Il s'agissait de sécuriser des approvisionnement en matières non disponibles en métropole (utile pendant une guerre ou une crise), et par ailleurs d'en faire profiter les entrepreneurs et leurs contacts politiques .
Cela pouvait servir de bases militaires pour contrôler les quatre coins du monde, de base arrière en cas de défaite militaire.
Les populations autochtones servaient de contingents de soldats.
Et puis c'était le fantasme des chefs d'état de diriger un empire pour leur prestige de grandes puissances .
Lisez les mémoires de de Gaulle où il explique pourquoi il faut donner leur indépendance aux colonies africaines : une influence politique, des liens économiques particuliers, oui, mais sans le boulet financier que représentait l'empire colonial. Pour l'Algérie, c'est une autre question. Ce n'était pas une charge financière. Mais les Algériens voulaient leur indépendance, il était impossible de la leur refuser. Et puis, comme le rapporte Alain Peyrefitte (je cite de mémoire) : " Je finirai par habiter Colombey-les-deux-mosquées ".