Barbetorte a écrit :
cush a écrit :
Je crois qu'effectivement le fruit était mûr et près de tomber (ce que peu en Europe avaient deviné).
Peu l'avaient deviné, presque personne même, mais il faut être juste, ce n'était pas très facile à deviner.
Et ce qui a surpris également est le fait que le communisme soviétique disparaisse comme un caillou dans la mer, sans conflit extérieur majeur et sans guerre civile interne. Sans bruit, en quelque sorte, et en moins d'un an. Qui aurait osé imaginer un dénouement si rapide et si tranquille ? (Il y a eu des affrontements entre républiques nouvellement indépendantes - ou pas, comme la Tchétchénie - mais rien qui menace la paix du monde.)
Le fruit était mur sur le plan économique, mais surtout dans les têtes : mis à part les privilégiés du régime, le communisme plus personne n'en voulait.
Avec la disparition de l'URSS, certains pays se sont retrouvés à la tête d'un arsenal nucléaire considérable, ce qui a provoqué de grosses inquiétudes en occident. Les Américains ont offert plusieurs milliards de dollars à l'Ukraine pour qu'elle démantèle son parc de missiles. (En clair elle les a vendus !) ça concernait d'autres républiques, la Biélorussie, à priori, et d'autres dont je ne suis pas certain : l'Azerbaïdjan ? Il me semble que l'Union Européenne a également mis la main à la poche.
Une autre conséquence a été économique. A l'exception de l'Europe de l'Est proche, la disparition du système communiste - qui fonctionnait déjà très mal par rapport aux standards de l'économie de marché - sans rien mettre à la place, a été un cauchemar dans la plupart des pays de l'ex-URSS, en tous cas ceux qui ne disposaient pas d'une rente pétrolière ou autre.
Pour couronner le tout, il faut rappeler que l'URSS, aux prises avec un système étatique qui ne marchait pas, avait encore aggravé son cas avec le principe du COMECOM : chaque république se spécialisait sur quelques produits, qu'elle fabriquait pour tous les autres. Sur le papier ce système permettait des économies d'échelle colossales : ainsi la Tchécoslovaquie (usines Bata) fabriquait les chaussures pour tout le monde, le Kazakhstan - monoculture qui a asséché la mer d'Aral - fabriquait le coton, etc... et tout cela dans un pays qui n'avait pas de routes, d'ailleurs inutilisables en hiver, et ne disposait pas d'une gestion informatisée de la distribution ! Et bien sûr avec la disparition de l'URSS, la gestion laborieuse de ce système a disparu, et les producteurs se sont retrouvés sans clients - en tous cas sans clients automatiques - et en concurrence avec les produits venus d'occident.
Concernant la propriété effective de.. tout (les logements, les usines, les forêts, tout appartenait à l'état, qui n'avait désigné aucun nouveau propriétaire) le système qui s'est imposé dès 1991 était le banditisme.
Je me souviens d'un reportage de l'époque dans un magasin (d'état, forcément) de Moscou : la directrice s'était déclaré propriétaire du magasin, en faisant appel à une société de sécurité pour éviter toute contestation. Le personnel, justement indigné, s'était déclaré à son tour propriétaire du magasin, et avait engagé une autre société de sécurité. Au moment du reportage les négociations étaient en cours entre les deux parties et le magasin était à l'arrêt.
L'économie russe - mais ça vaut aussi pour les autres républiques - en était là. Chacun a pris ce qu'il pouvait garder.
Hors limites chronologiques : les conséquences à long terme. Pour les Russes, le capitalisme c'est le banditisme, certitude qui n'est pas près de disparaître. Rien ne vaut un état fort et autoritaire pour mettre de l'ordre... et permettre à chacun de gagner son salaire.