Narduccio a écrit :
Sir Peter a écrit :
Peut -être fallait-il voir les opinions suivant les catégories socio-professionnelles ou les classes d'âge. Il était vrai qu'à partir des années 60/61, pour les jeunes hommes comme moi à l'époque, c'était plutôt la déception. Nous savions que l'indépendance algérienne était accordée, mais en plus, on continuait de nous y envoyer, jusqu'en 64/65. Nous avions réellement l'impression d'être les dindons de la farce...... Les grandes firmes internationales mettaient un frein à leur expansion en France, elles jouaient Anvers, Milan, Venise ou Rotterdam, comme des directeurs d'entreprises l'avaient dit à mon père: pourquoi produire en France alors que les conditions sont meilleures ailleurs, l'Europe d'ailleurs nous permettra d'importer sans problème tout ce que nous produisions ici. C'étaient autant d'emplois que nous savions bien mieux rémunérés que les salaires anémiques versés par les patrons français qui s'en allaient ailleurs.... A titre personnel, si malheureusement je n'ai pas quitté définitivement le pays à cette époque, c'est parce que j'étais le seul enfant, alors, je suis resté par devoir, comme on faisait un pensum en ces temps..... Comme moi même, de très nombreux garçons comprenaient que l'avenir ne s'écrirait plus jamais en Français, De Gaulle ou pas De Gaulle. Nous étions "out"....
C'est étonnant
Quand je dit que c'est étonnant, je ne remet pas en cause le témoignage de Sir Peter, mais à sa lecture, je me suis dit que mon père aurait pu dire des choses très proches quand il a quitté l'Italie en 1956. En fait, lui, c'est "par devoir" qu'il est allé loin de chez lui (où en tant qu'ainé de la famille, il était choyé comme un coq en pâte). Mon grand-père est décédé en 1952 d'un cancer de la gorge. Il laissait une femme et 6 enfants. Pour diverses raisons, ni mon père, ni son frère n'ont repris l'activité de charron qui était celle de mon grand-père et ils avaient de la peine à faire vivre la famille. Les femmes passaient des heures à réaliser des nappes, des napperons et divers objets en broderies qui étaient vendues à des commerçants qui vendaient cela sur les marchés en Italie du Nord.
Donc, pour faire vivre la famille, mon père et mon oncle se sont expatriés et ont accepté le premier travail qu'on leur a proposé. Et, au début, une bonne partie des salaires était envoyée "au pays". Ils sont allés, là où il y avait du boulot. Ce fut Bâle, puis Mulhouse. Des cousins sont allés travailler dans les mines en Lorraine. D'autres en Suisse ou en Allemagne. Et à l'époque, la France était un pays d'accueil où il y avait le plein emploi.
Mais, le témoignage de Sir Peter m'interpelle aussi, car je n'ai pas cette vision des choses. D'accord, étant né en 1959, j'étais jeune. Mais, ce ce que je me souviens de mon enfance (donc plutôt fin des années 60), les gens avaient un plus grand optimisme qu'aujourd'hui. A l'école on nous présentait la France comme un pays d'avenir avec une vision qui se projetait dans le futur. On allait réaliser de grandes choses ...