Signé le 26 juin 1972, par le PS, le PCF et le Mouvement des radicaux de gauche, le programme commun prévoyait notamment :
- L'amélioration immédiate des conditions de vie et de travail : semaine de 40 h sans réduction de salaire ; amélioration des cadences et des horaires ; pouvoirs accrus des comités d'entreprise et délégués du personnel.
- La sécurité de l'emploi : lutte contre le chômage par une nouvelle politique des prix et des marchés ; progression du revenu des agriculteurs, artisans, commerçants ; abrogation des ordonnances de 1967 et généralisation de la Sécurité sociale.
- La promotion des travailleurs : 9 nationalisations de secteurs clés (dont Dassault, Rhône-Poulenc, ITT, Honeywell-Bull, Thomson-Brandt, Péchiney-Ugine-Kuhlmann, Saint-Gobain - Pont-à-Mousson, CGE). L'intervention dans le secteur bancaire. Le développement et la garantie des droits syndicaux et de grève. La création d'offices ruraux représentant les agriculteurs. L'indemnisation des actionnaires.
- La libération du citoyen par une décentralisation réelle : la suppression de la tutelle préfectorale, l'élection au suffrage universel direct d'assemblées chargées d'administrer les collectivités locales et régionales et l'attribution de moyens nécessaires aux communes en matière d'urbanisme, de contrôle des sols, de fiscalité locale.
- l'épanouissement de l'individu passant par l'organisation rationnelle et démocratique de la santé ; la refonte de l'Éducation nationale (réduction des inégalités et du cloisonnement social) : regroupement des activités d'éducation dans un service public unique, décentralisé, laïque ; démocratisation en matière de logement, transports, loisirs ; promotion de la femme et égalité avec l'homme.
- Le respect des libertés acquises et reconquête des libertés perdues : totale liberté d'expression ; protection de la vie privée contre certains développements de l'informatique ; abrogation de la loi " anticasseurs " ; suppression de la Cour de sûreté de l'État et des tribunaux militaires en temps de paix ; institution de l'" habeas corpus " (liberté individuelle garantie) ; disparition de la garde à vue, de la procédure de flagrant délit ; refonte du Conseil supérieur de la magistrature et création d'une Cour suprême chargée d'assurer l'application des règles constitutionnelles.
- L'instauration d'un " contrat de législature " liant le gouvernement et la majorité parlementaire pour l'application de la politique du Programme commun.
- Une politique de paix : dissolution de l'Otan et du pacte de Varsovie ; traité européen réorganisant la sécurité collective ; abandon de la force de frappe nucléaire stratégique et signature de traités internationaux d'interdiction des explosions et de non-dissémination des armements nucléaires ; service militaire de 6 mois.
- En matière de politique culturelle : attribution de tous les moyens nécessaires.
Le Programme commun de gouvernement et l'Union de la Gauche furent les premières stratégies de rassemblement depuis le Front populaire et elle furent payant si on considère, qu'elle ont dominé la gauche durant toutes les années 70 et que, malgré la rupture finale, la gauche put finalement gagner en 1981. Certes la conséquence première de la rupture fut la défaite aux législatives de 1978, mais elle ancra, dans l'esprit des socialistes le fait que la reconquête du pouvoir était impossible sans le rassemblement de la gauche. On était alors dans une phase d'affirmation d'un nouveau parti socialiste et critique sévère du stalinisme. Cette alliance ne pouvait être que tactique, avec comme perspective stratégique l'affaiblissement du PCF.
Lu dans
Pluriel Histoire[