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Message Publié : 11 Juil 2014 6:02 
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Pierre de L'Estoile
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Pourquoi les communistes français se sont choisis comme président durant les années 1970, un homme comme Georges Marchais pour les diriger alors qu'il n'avait pas fait de résistance durant la guerre, ayant même travaillé en Allemagne et qu'il a conduit le PCF à la débâcle électorale par la suite ?
Quels était ses rivaux pour diriger le PCF ?
Est ce que c'est l'URSS qui a imposé Marchais ?

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Le souvenir ne disparait pas, il s'endort seulement.
Epitaphe trouvée dans un cimetière des Alpes

La science de l'histoire est une digue qui s'oppose au torrent du temps.
Anne Comnène, princesse byzantine (1083-1148)

Le passé fait plus de mal que le présent
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Message Publié : 11 Juil 2014 12:52 
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Inscription : 10 Fév 2009 0:12
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Mettons de côté le fait qu'il soit allé travailler volontairement en Allemagne au début de la guerre : les militants de base l'ignoraient, et même parmi les dirigeants seule une minorité était au courant.

Pour le reste la réponse est simple : Georges Marchais ne semblait pas un mauvais dirigeant politique aux yeux des militants communistes. Il faut tout de même se souvenir de l'arrogance - à peine croyable aujourd'hui - qui prévalait au PCF jusqu'à la chute du mur : ces gens là étaient persuadés de détenir LA vérité et d'avoir raison contre tout le monde.

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Les raisonnables ont duré, les passionnés ont vécu. (Chamfort)


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Message Publié : 11 Juil 2014 18:19 
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Marc Bloch
Marc Bloch

Inscription : 10 Fév 2014 7:38
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Localisation : Versailles
N'est ce pas une technique habituelle des partis communistes d'écarter les personnalités trop fortes, pouvant disposer d'une popularité personnelle et d'un solide patriotisme, de la fonction suprême par crainte de " déviation titiste" ?

En outre chez nous, Thorez vu sa passivité pendant la guerre ne devait pas vraiment apprécier les Résistants ...


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Message Publié : 11 Juil 2014 20:04 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 07 Sep 2009 17:07
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D'après tout ce que j'ai lu, il y avait deux candidats sérieux à la succession de Waldeck : Marchais et Leroy. Marchais (secrétaire adjoint à l'époque) incarnait la ligne pure et dure du parti. Militant sans histoire, il était ouvrier issu de milieu ouvrier et c'était rassurant pour le militant de base. Il était "bien noté" (c'était un bon gestionnaire qui avait fait accroître le parti en nombre d'adhérents). Il avait son opinion mais était peu contestataire ou du moins se pliait toujours une fois les décisions prises.

Leroy était plus contestataire car marqué "intellectuel" (donc moins près du peuple). C'était un journaliste et un polémiqueur. Il suffit de revoir des videos d'époque (passage à la télé) pour ressentir tout de suite la différence. L'option "Leroy" était sans doute un peu plus aventureuse et je pense que le choix de Marchais était simplement plus rassurant (peu de changements).


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Message Publié : 12 Juil 2014 11:44 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile

Inscription : 14 Avr 2005 10:11
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Je vais être un peu provocateur :
Qui peut croire que les communistes français aient choisi grand chose à cette époque ?
Le centralisme démocratique existe jusqu'en 1993 et le contrôle de Moscou à la fin des années 60 est complet. Marchais est nommé Secretaire Général adjoint de Waldeck-Rochet en 1967 suite à un congrès à Moscou.

Maintenant rien n'est aussi tranché bien sur mais je me demande quelles étaient les degrés de liberté des communistes français dans le choix de leur premier secrétaire.

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Message Publié : 12 Juil 2014 14:35 
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Georges Duby
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Inscription : 27 Juil 2007 15:02
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Localisation : Montrouge
Un article de Pascal Virot dans Libération:
" En 1969, Marchais est intronisé par la direction soviétique lors de la conférence paneuropéenne des partis communistes. Selon Philippe Robrieux (2), sa nomination est directement le fait des Soviétiques. Gaston Plissonnier, proche de Moscou, prend la parole devant le bureau politique: «Les camarades soviétiques nous ont fait savoir que le mouvement communiste international ne peut pas fonctionner avec une direction collective. ["] Et puis les camarades soviétiques suggèrent que ce soit Georges Marchais, qu'ils connaissent bien et qui est bien connu dans le mouvement communiste international.» En février 1970, Marchais est désigné secrétaire général adjoint. Deux ans plus tard, en décembre 1972, au XXe congrès du PCF, il est élu secrétaire général. "

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Heureux celui qui a pu pénétrer les causes secrètes des choses. Virgile.


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Message Publié : 12 Juil 2014 14:44 
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Inscription : 10 Fév 2009 0:12
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Isidore a écrit :
Maintenant rien n'est aussi tranché bien sur mais je me demande quelles étaient les degrés de liberté des communistes français dans le choix de leur premier secrétaire.

La question mérite pour le moins d'être posée.

Edit à la lecture d'Alain.g :
ça me donne envie de parodier une réflexion de Gilles Perrault concernant les choix de Roosevelt dans les candidats successifs qu'il a suscités contre De Gaulle. Dans ce contexte :"Les Soviétiques sont comme Clemenceau : ils votent toujours pour le plus bête."

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Message Publié : 12 Juil 2014 15:03 
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Pierre de L'Estoile
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Inscription : 14 Avr 2005 10:11
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Le plus bête je ne sais pas mais le plus docile probablement. Le métier de premier secrétaire du PCF devait demander à cette époque des qualités d'avaleur de sabres hors normes.

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Message Publié : 12 Juil 2014 16:41 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 07 Sep 2009 17:07
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Je serais un peu plus nuancé. Il y avait deux grands partis communistes européens à cette époque (le PCF et le PCI). En Italie, le PCI avait adopté une ligne plus souple et n'avait pas pour autant rompu avec Moscou. Berlinguer n'avait pas hésité à condamner l'intervention soviétique après le printemps de Prague. Après tout qu'est ce qui aurait pu empêcher le PCF d'en faire autant ?

Il y avait quand même plusieurs lignes (au moins 2) au sein du parti. Si la ligne dure a gagné c'est parce qu'elle était majoritaire chez des dirigeants bien en place. Les soviétiques ont sans doute fait savoir leur préférence mais de là à dire qu'ils l'ont imposée il y a une marge. Si le PCF a choisi Marchais c'est aussi qu'ils l'ont bien voulu. Bref je dirais que l'intérêt du PCF rejoignait simplement celui de Moscou...

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"On peut classer les gens en trois catégories (ceux qui savent compter et ceux qui ne savent pas compter)."


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Message Publié : 12 Juil 2014 16:56 
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Pierre de L'Estoile
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Inscription : 14 Avr 2005 10:11
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Qu'avons nous comme éléments sur ces deux lignes ? La ligne moscovite est établie et les quelques souvenirs de lecture que j'ai sur le PCF laissent apparaître une forte mainmise de Moscou : financement, formation, soutien politique de Moscou....

Je ne connais pas le PCI mais en France une ligne "autre" pouvait-elle apparaître et avait-elle les moyens de subsister politiquement ?

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Message Publié : 12 Juil 2014 17:27 
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Grégoire de Tours
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Autant que je me souvienne de cette époque (j'étais étudiant et pas "politisé") de ces affaires dans les journaux (le nouvel obs, le monde...) il y avait quand même de la contestation à l'intérieur du parti (on était au début des années '70 donc après Mai 68 et le printemps de Prague).

Pour les deux lignes en question (Georges Marchais et Maurice Leroy) j'ai retrouvé cette extrait d'un article du nouvel obs de décembre 70 qui résume l'affaire.

http://referentiel.nouvelobs.com/archiv ... 21_018.pdf


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Message Publié : 12 Juil 2014 18:16 
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Pierre de L'Estoile
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Gér@rd a écrit :
Autant que je me souvienne de cette époque (j'étais étudiant et pas "politisé") de ces affaires dans les journaux (le nouvel obs, le monde...) il y avait quand même de la contestation à l'intérieur du parti (on était au début des années '70 donc après Mai 68 et le printemps de Prague).

Pour les deux lignes en question (Georges Marchais et Maurice Leroy) j'ai retrouvé cette extrait d'un article du nouvel obs de décembre 70 qui résume l'affaire.

http://referentiel.nouvelobs.com/archiv ... 21_018.pdf


Attention pour Marchais nous sommes en 67 pour sa nomination comme secrétaire général adjoint au coté de Waldeck malade.

L'article nous parle d'un partage des rôles entre Leroy et Marchais tous les deux "fils de Waldeck". Elle ne permet pas de dire dans quelle mesure l'une est moins moscovite que l'autre.

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Message Publié : 12 Juil 2014 18:54 
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Grégoire de Tours
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L'article (extrait ci-dessous) est daté du 21 Décembre 1970. D'après Wikipedia Marchais avait été nommé secrétaire générale adjoint en 1970 (et sera nommé secrétaire générale en Juin 1972). L'article fait une hypothèse en décrivant très succinctement mais quand même assez bien la différence entre la tendance Marchais (style figée "neo-stalinien") et la tendance plus libérale Leroy (style souple "PCI italien").

Mais faudrait que je recherche d'autres articles de l'époque plus précis.

"Le parti communiste est traversé par deux « courants » opposés qui luttent pour le pouvoir, à l'intérieur d'un vaste appareil de 3 500 bureaucrates. Un courant Marchais qui serait « néo-stalinien » et isolationniste Un courant Leroy qui aurait une sensibilité plus italienne, plus souple, plus ouverte. Et c'est pour des raisons de souplesse et d'ouverture que Leroy serait prêt à signer avec le P.S.U. un accord d'ensemble... etc"

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Message Publié : 13 Juil 2014 2:09 
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Pierre de L'Estoile
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La bascule Marchais se fait en 1969 suite à une visite à Moscou lors de la conférence du mouvement communiste internationale. La délégation du PCF revient sans Wladeck Rochet malade.

Peut-être fallait-il une visite à Moscou pour signifier qui décidait au PCF... Mais pour les grandes orientations je ne suis pas sur que la base française ait eu son mot à dire au pays du centralisme démocratique.

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Message Publié : 19 Juil 2014 12:05 
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Pierre de L'Estoile
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Les grandes orientations étaient définies à Moscou et les dirigeants du PCF n'étaient nommés qu'après avoir été agréés par le grand frère soviétique jusque dans les années 1970 voire 1980. Jusque là les dissidents ou se soumettaient ou quittaient le parti. Un article de la revue Histoire (n° 170 du 01/10/1993) expose assez bien les relations entre le PCF et le parti communiste de l'Union soviétique au travers du personnage de Jacques Duclos. Ce n'est que tardivement, peu avant l'ère Gorbatchev, que des tendances autonomes par rapport au parti soviétique osent s'affirmer. Le groupe des refondateurs n'est identifié qu'à partir de 1989 : http://www.pierre-laporte.org/article-15009916.html.


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