Aigle a écrit :
Je vous suggère la piste suivante. Il y a en France deux visions du travail et de la société.
La vision dominante repose sur le statut : diplôme, corps, etc ... Voyez le livre de PH d'Iribarne.
Si vous parlez de "la logique de l'honneur" de Philippe d'Iribarne, sa thèse, vérifiée sur le terrain, est un peu différente.
Au passage, merci de signaler cet ouvrage, très facile à lire et qui en dit tant sur la France.
Comparant les pratiques de 3 usines identiques (un atelier de fonderie suivi d'un atelier d'usinage et finition) il constate que des biais culturels font que les règles réelles de fonctionnement sont différentes des procédures écrites. Sauf pour les USA où elles s'inscrivent parfaitement dans une logique contractuelle entre l'employeur et l'employé.
Et donc en France, les gens fonctionnent selon une logique de rang, avec des tâches vues comme nobles, et d'autres comme viles. En France un technicien de maintenance refusera de charger les consommables sur une machine qu'il répare ("C'est le boulot de la prod, ça") en revanche il passera une nuit entière s'il le faut pour trouver une panne : c'est ce savoir-faire qui fait la noblesse de son poste. Et là on ne se soucie plus de 35 heures : l'honneur est engagé.
Ainsi dans une usine française, un contremaître peut arrêter la production s'il estime qu'on est en train de faire des pièces trop proches des limites de tolérance. (Il prend ça sur lui, estimant que c'est son rôle et son rang, alors que cette prérogative ne figure sur aucun document.) Inutile de dire que ce genre de prérogative non décrites dans les procédures effaraient la direction américaine du groupe.
Oui, une lecture à conseiller...