De Gaulle a exprimé sa position dans ses mémoires d'espoir. Une synthèse ici :
"Quelques années plus tard, dans ses Mémoires d’espoir, le général de Gaulle est revenu sur les réflexions qui avaient été les siennes lorsqu’il avait pris ces décisions.
D’abord, on l’a vu, il y avait en permanence chez lui le souci que la France ne soit pas entraînée dans un conflit qui ne serait pas le sien et sans qu’elle ait eu un mot à dire.
En second lieu, il remettait en cause explicitement la réalité de la « menace » soviétique, fondement de l’Alliance atlantique. « Il semble maintenant assez invraisemblable, y écrit-il, que du côté soviétique, on entreprenne de marcher à la conquête de l’Ouest [...] Quant à imposer le joug totalitaire à 300 millions d’étrangers récalcitrants, à quoi bon [le Kremlin] s’y essaierait-il, alors qu’il a grand-peine à le maintenir sur trois fois moins de sujets satellites ? »
En troisième lieu, de Gaulle avait analysé la parité nucléaire stratégique et ses conséquences inévitables, notamment la tendance américaine à considérer l’Europe comme son futur « champ de bataille » nucléaire, ce qui constituait pour l’Europe davantage un danger qu’une protection. Pour le Général, « A partir du moment où les Soviets ont acquis ce qu’il faut pour exterminer l’Amérique, tout comme celle-ci a les moyens de les anéantir, peut-on penser qu’éventuellement les deux rivaux en viendraient à se frapper l’un l’autre, sinon en dernier ressort ? Mais qu’est-ce qui les retiendrait de lancer leurs bombes entre eux deux, autrement dit sur l’Europe centrale et occidentale ? Pour les Européens de l’Ouest, l’OTAN a donc cessé de garantir leur existence. Mais dès lors que l’efficacité de la protection est douteuse, pourquoi confierait-on son destin au protecteur ? ».
Pour le général de Gaulle, il n’y avait pour la France qu’un choix possible : « Dégager la France [...] de l’intégration réalisée par l’OTAN sous commandement américain ; nouer avec chacun des États du bloc de l’Est, et d’abord avec la Russie, des relations visant à la détente, puis à l’entente et à la coopération ; en faire autant, le moment venu, avec la Chine ; enfin, nous doter d’une puissance nucléaire telle que nul ne puisse nous attaquer sans risquer d’effroyables blessures.»
Source :
http://www.recherches-internationales.f ... rtigny.pdf