Alain.g a écrit :
Je suis sceptique quand à la réalité de ces risques de guerre nucléaire.
Entre deux armées en état d'alerte maximum, il suffit d'un incident pour mettre le feu aux poudres. On sait par exemple aujourd'hui que Kroutchev avait prévu une frappe nucléaire dans le cas où les USA auraient bombardé le site de missiles sur Cuba. Or il se trouve que c'est une des options proposée par ses militaires à Kennedy, qui a refusé. Il semble que la démarche de Kennedy, qui consistait à essayer de réfléchir comme l'adversaire et à ne pas l'humilier, a bel et bien évité le pire.
il faut surtout essayer de se représenter la mentalité des généraux impliqués. Par la force des choses on connaît mieux l'état d'esprit des forces stratégiques américaines que celui des Russes. Et il faut imaginer que les gens du Strategic Air Command, avant les premiers accords SALT, avaient défini plus de 5000 points de frappe sur l'URSS et les pays de l'Est. 5000 !
On se demande comment ils en sont arrivés à une telle quantité de missiles. L'explication tient pour une part à la différence entre première et seconde frappe. En gros, il fallait qu'après avoir subi une première frappe, on dispose encore des moyens de détruire l'adversaire. Et ils passaient leur temps à élaborer des scénarios d'attaque et de riposte en fonction du nombre de missiles employés par l'adversaire, à simuler tout ça sur ordinateur, bref, ils pensaient la guerre nucléaire. Il leur a fallu plus de 10 ans pour passer du concept de représailles massives à celui de riposte proportionnée. Autant dire que l'arme nucléaire n'était pas un non-dit, mais une éventualité envisagée sérieusement.
Si la ligne rouge n'a jamais été franchie, je pense qu'on le doit à Hiroshima et Nagasaki, qui ont durablement laissé l'image des effets réels de ces armes. C'est sans doute ce qui a permis qu'il y ait toujours un acteur pour garder la tête froide au milieu de cette folie.