Le mot "complotisme" est un peu mis à toutes les sauces. Le "complotisme" serait une vision qui tend à distordre les faits pour qu'ils "collent" à une vision bien personnelle d'un événement. Ainsi, j'inscris dans ma vision du "complotisme" le "négationnisme" comme "le révisionnisme" lorsque ce dernier tend à abonder les visions du premier.
Pour ce qui est d'une existence du grand méchant loup, ici ou là, suivant la fantasmagorie et le buzz, j'ai passé l'âge. Je ne fais pas d'anti-américanisme primaire et j'ignore tout de Ron Paul.
J'ai tout de même quelques questionnements, quelques doutes et je songe à la phrase de de Gaulle :
"Les Etats n'ont pas d'amis, ils n'ont que des intérêts".
Concernant Glaspie, elle a opté pour la formule "standard" de la diplomatie américaine, ce qui laisse toute latitude à une interprétation rétro active.
Il est rare dans l'Histoire des USA d'être, de manière désintéressée, "sans avis". La femme est invitée au "pied levé", elle hésite à joindre sa hiérarchie, aux USA tout le monde roupille, on va donc parer au plus pressé.
Ne pas contrarier un type instable, ne pas -devant un dictateur- faire étalage de sa force de persuasion voire pire, ne pas jouer au tuteur bon enfant enfin rien qui ne puisse contrarier un profil tel celui de SH, resté sur l'idée que les USA sont des amis, preuve en est, the Lady dit que visiblement la neutralité -because l'incompréhension- est de mise.
On peut le croire, ce n'est pas la première fois que les USA n'ont pas eu une diplomatie au top et d'anciennes boulettes ne peuvent qu'abonder SH dans cette idée.
Narduccio a écrit :
Soit l'ambassadrice Glaspie était une amatrice qui a commis une faute de débutante. Cela peut arriver tant certains ambassadeurs US sont choisis non pas parce que ce sont des pros de la diplomatie mais parce que ce sont de riches et influents donateurs du président.
[Although Glaspie expressed concern over the troop buildup, some people perceived her answers as giving tacit approval for an invasion, by saying that the US
"[has] no opinion on the Arab-Arab conflicts, like your border disagreement with Kuwait" (from the Iraqi transcript of the meeting, as published in Sifry)]
Citer :
l'incompréhension mutuelle...
A ce niveau ? Vraiment ? Il faut alors constater l'incapacité américaine au niveau de sa diplomatie dans des endroits plus que chauds, l'incapacité à évaluer (eux, les rois du profilage et des dossiers) la stabilité d'un dictateur, l'incapacité à synthétiser un politique dans sa globalité (la période amis/amis et puis la suite), l'incapacité d'anticiper une évidente réaction des pays environnants à plus ou moins long terme (puisqu'on a montré le chemin) et en dominos, l'étonnement de voir que : "tiens, pour certains, on ne bouge pas et pourtant c'est du plus lourd que Saddam, tiens pour d'autres on n'a jamais bougé et pourtant...".
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Pour comprendre les évènements historiques, il faut faire l'effort d'essayer de comprendre les personnages qui ont agi et leur époque.
[
As long as the oil kept flowing who in the west really cares about the Arab's and their internal politics. They would have happily done business with him; sold a bunch of new planes and guns and life would have continued.
Sadly though he was actually a decent guy and he quaffed about in Kuwait. This helped the plebeians who were anti Saddam aided the US and other allies in providing information about his troops movements and strengths.]
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On était dans une époque où plus rien ne s’opposait aux USA, ceux-ci prônaient la résolution pacifique à la plupart des affaires.
Lire ceci est un peu gênant car que se passerait-il si les USA avaient quelque chose, un endroit qui "s'opposerait" ?
Ceci peut-être compris comme une tutelle des USA, et tant que personne ne moufte : l'ONU peut roupiller et le monde tourner sans conflit ce qui accrédite la vision de "gendarmes du monde" d'où une grande hégémonie sur tous les développements (économiques, sociaux, fondamentaux etc.), un blanc seing d'autorisation de vie des USA face à des pays en phase d'évolution. Ce qui se fait rarement sans conflit.
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Ils prônaient aussi les solutions régionales et ils ont réactivé à cette époque la plupart des unions régionales, qui d'unions défensives se sont pour la plupart transformées en union économiques.
[Ideologically, the invasion of Kuwait was justified through calls to Arab nationalism. Kuwait was described as a natural part of Iraq carved off by British imperialism. The annexation of Kuwait was described as a step on the way to greater Arab union. Other reasons were given as well.]
Je ne crois pas au grand pari humaniste des USA tellement ceci transpire un peu l'utopie d'il fut un temps à gauche/toute.
Le "pacifisme", c'est beau ; malheureusement ceci ne rapporte pas, économiquement parlant.
Citer :
Ce fut assez perturbant par certains pays qui désiraient un arbitrage du "gendarme" mondial
Quels pays hors le Koweit et encore, le Koweit se tourne vers l'ONU quelques heures après l'entrée de troupes irakiennes, les USA appuient mais pas par philanthropie. Il faut encore montrer que l'ONU suit dès qu'un doigt est claqué et si ceci traîne, on sait comment persuader les réticents. Il existe toujours des ardoises à effacer, l'engagement d'une aide, des placards à nettoyer.
[...
The Arab League resolution also called for a solution to the conflict from within the Arab League, and warned against foreign intervention.]
Citer :
L'affaire du Koweït a été un des échecs de cette politique. Et l'intervention des USA, via l'ONU voulait délivrer un signal très fort. Ce signal était, trouvez des solutions pacifiques à vos problèmes locaux, car, si vous recourez à la force, nous interviendrons et nous vous écraserons !
Pourquoi se placer du côté des USA alors que nous sommes dans un conflit dont les participants sont multiples ? Sans compter ceux qui vont tirer les marrons du feu.
Vous mentionnez non pas la diplomatie mais une "politique", ce qui sous-entend une toute autre dimension. Il existe bien aux USA une politique concernant le MO, les choix faits, ceux à faire, à changer, à adapter et le tout sans état d'âme. Ce n'est pas une affaire de famille qui se dispute un vague héritage, on est devant des choix qui font basculer une économie ou du moins la mettre à mal. Devant des choix qui amèneront des voix non négligeables lors d'élections, de voix de minorités certes mais qui ont des connections.
Citer :
Mais, cette démarche ne se comprend que si on a en tête la politique prônée par les USA avant l'invasion du Koweït : "coopérez au niveau régional pour trouver des solutions acceptables par tous"
Ce "tous" n'est pas "tous les pays impactés", ce "tous" initie une acceptation des USA si la solution leur semble "acceptable", qu'entendre par "acceptable" ?
Si leurs intérêts sont intacts, c'est OK. Sinon, ce ne serait pas la première fois que l'on s'ingère dans un coin du globe parce-que l'on voit les choses différemment au niveau économique ou autre, quitte à laisser des pays sur les genoux et quitte aussi à se prendre une claque, cependant on aura essayé.
Citer :
LES USA, du haut de leur puissance, ne pouvaient pas conceptualiser qu'un roitelet local allait utiliser la force pour résoudre un tel problème.
Je suis d'accord mais pas comme vous le montrez. Les "roitelets" ont toujours plu aux USA d'où, bien souvent, ils tenaient leur postition.
Avec Palhavi, ils ont revu leur copie. Doublement après l'arrivée de Khomeiny où ils ont été débordés. Les "roitelets" ont évolué, savent s'adapter, manipuler, jouer double jeu etc. Les considérer avec moins de suffisance et s'apercevoir que parfois, on était "doublé" sur la longueur aurait évité bien des conflits toujours d'actualité.
Concernant les recherches de clôture pacifique des conflits par les USA, Je n'ai pas souvenir que la fin de la guerre de Corée ou du Vietnam ait été un choix "pacifique" des USA mais je revois plutôt la force médiatique relayée par des parents usés de voir des enfants revenir dans des sacs plastique pour une question d'hégémonie déjà pas mal entamée.
Je ne vois pas où les USA ont fait l'économie d'une intervention ?
Un conflit exporté présente des avantages économiques, on vend des armes, parfois aux deux parties. C'est autant qui entre dans les caisses.
L'insécurité de certaines zones est gérée par l'ONU dans la normalité des choses.
Citer :
Les compagnies commerciales doivent faire des détours pour éviter la zone, ou le font à leurs dépens. L'insécurité fait perdre de l'argent au commerce international, et ceux qui le dirigent n'aiment pas cela.
Concernant les problèmes de commerce international, il n'en est rien. Celui qui est mis au ban se voit dans les premiers temps coupé de ce commerce. C'est l'embargo (résolution 661 prise le 6 août).
wiki a écrit :
La sanction de l'embargo ne se traduit pas toujours par une évolution positive de la situation. L'embargo économique et militaire décidé par l'ONU à l'encontre de l'Irak, qui avait envahi le Koweït en 1990, a duré douze ans, provoquant des conséquences catastrophiques sur la santé des populations et les droits de l'homme. Les associations qui ont apporté une aide humanitaire à l'Irak ont dû se placer dans une situation de « désobéissance civile internationale »
Maintenant, tout comme vous, je ne vois pas d'autre issue qu'une "pax made USA".