Richard 94 a écrit :
Certains ici ont un esprit de croyant plus que de scientifique. L'université détiendrait la vérité si l'on en croit certains propos.
Je n'ai pas dit qu'elle détiendrait la vérité, j'ai dit que la méthode utilisée en permettant la critique des sources permet d'avoir une analyse plus constructive que celle qui consiste à annone les croyances d'un groupe restreint et en interdisant la critique ...
Je pense, et je ne suis pas le seul, qu'il y a 3 "histoires". Une, pas forcément universitaire basée sur la méthode historique. On présente son travail à d'autres historiens par l'intermédiaire de colloques, conférences, ... et des gens d'avis différents échangent et débattent ensemble. Il y a ensuite une histoire "identitaire", je ne sais pas si c'est le terme le mieux adapté, il représente pour moi la vision particulière qu'à un groupe clairement identifié sur les évènements qu'il a vécu. Si on prend l'exemple de l'histoire des entreprises, on peut trouver 2 types de livres, les uns parlant de cette histoire vue sur le plan technique, économique et vue "du patronat", une autre vue sur le plan humain, social, qui aborde parfois les parties techniques ou économiques, et vue du coté des syndicats. Il est parfois intéressant de confronter les 2 points de vue et de constater les divergences. En tant qu'habitant de l'Alsace, je connais aussi les différences de vision entre les historiens catholiques et protestants en ce qui concerne certains épisodes au XIX et au début du XXème siècle, je connais les visions antagonistes de différents épisodes précis. Et quand il existe des livres qui relatent les diverses visions des mêmes évènements, les écarts sont parfois assez importants puisque les divers groupes ont vécu les évènements en en ayant un vision totalement différente. Et c'est souvent la vision universitaire qui permet de faire la synthèse entre toutes les visions.
Il existe une 3ème histoire, c'est ce que l'on pourrait appeler la vison populaire de l'histoire. Elle est constituée des brides amalgamées de ces visions divergentes et destinées à donner une vision relativement cohérente d'ensembles de visions disparates.
Il me semble que le livre de Bruno Mondel est un exemple d'histoire "identitaire", elle convaincra les gens qui appartiennent au groupe concerné qu'ils ont une lecture juste des évènements. Bien entendu, toutes les personnes qui n'appartiennent pas à ce groupe risquent de se sentir flouées car il y a de nombreux évènements dont la vision qu'ils en ont ne colle pas avec la présentation qui en sera faite. Là, usuellement, il y a 3 manières de réagir, la première, on change de point de vue et on accepte celle du rédacteur du livre. La seconde, on rejette cette vison et on garde celle que l'on en avait. Cela conduit souvent au rejet de toute la thèse développée. La troisième, on essaye de comprendre et on s'adresse à d'autres rédacteurs qui partagent des visions différentes, et on fait tout seul le travail de l'histoire "universitaire", mais avec le risque de privilégier celle du mieux-disant.
Personnellement, je pense que chacun est libre de ses choix, mais qu'il vaut mieux les faire en connaissance de cause, donc ne lire que ce qui provient d'une seule source fait souvent courir le risque de s'enfermer dans une impasse.