Je relis, avec toujours autant d’intérêt, le pavé de Georges Henri Soutou, traitant de la Guerre froide (La Guerre froide 1943 – 1990 – Aux éditions Pluriel)
L’exposé visant, en avant-propos, à replacer le conflit dans son contexte, tout en précisant sa terminologie, est extrêmement éclairant.
A ce titre, il expose sa vision sur l’importance de la dissuasion nucléaire dans le non réchauffement de ce conflit.
Il défend l’idée que l’arme nucléaire et sa logique de dissuasion n’a pas contribué à l’apaisement des esprits.
En clair la stratégie de dissuasion n’explique pas le non réchauffement de conflit.
Bien au contraire elle entraîna le risque de dérapages lors des deux crises majeures, celle de Berlin de 1958-1963 et celle de Cuba en 1962.
Par ailleurs il évoque les accords SALT I (en 1972) et SALT II (en 1979) pour avancer le fait qu’il a fallu la période de détente des années 70 pour que l’arme nucléaire devienne un enjeu diplomatique.
Pour les Soviétiques l’utilisation de l’arme nucléaire ne serait que l’ultime aboutissement d’un conflit avant tout idéologique, selon GHS.
Justifiant le fait que le but de cette guerre n’est pas celui d’un conflit conventionnel où le but est de détruire directement l’armée adverse mais plutôt d’imposer une idéologie.
Cette analyse m’amène à penser que l’idée de persuasion nucléaire et, par conséquent, la capacité d’être mentalement prêt à une éventuelle utilisation était différente dans les deux camps, en fonction des circonstances et des interlocuteurs.
Sonder chez l’adversaire les limites d’une utilisation ultime devait faire partie de ce jeu « de poker » dont Kennedy est sorti gagnant en 1962.
Sur ce point les Etats Unis, avec les bombardements d’Hiroshima et de Nagashaki, avaient vraisemblablement une longueur psychologique d’avance.
Par conséquent peut-on vraiment affirmer que dissuasion nucléaire n’a pas été un élément de stabilité entre les deux puissances.
Intéressante question à cette nuance de taille près, qu' au fil des années jusqu'aux 90, d'autres états maitrisèrent l'arme atomique et ses vecteurs ... Se limiter à la dissuasion entre ces 2 puissances me semble être une erreur, que ces 2 puissances se sont bien gardées de commettre.
(Pour ce qui est de l'affaire de 1962 : croire ou non à l' installation de missiles nucléaires soviétiques à quelques encablures de la base US de Guantanamo est une question rarement évoquée ...)