Oliviert a écrit :
Le point de départ est très différent, car la Russie de Brejnev et de Gorbatchev était tout de même plus riche que la Chine de Mao.
Déjà affaiblie par Le Grand bond en avant de 1958-60 et d'autres réformes insensées, la Révolution culturelle en 1966 a précipité la Chine dans une profonde misère. Ayant touché le fond, la Chine ne pouvait que retrouver de la croissance avec une politique moins délirante menée par Deng Xiaoping qui connaissait l'Occident, notamment la France.
Vous avez sans doute raison : la Chine n'a guère eu à gérer un problème de transition de l'industrie vers la propriété privée. (que la Russie a été incapable de traiter, provoquant une "économie" de prédation par les plus forts.) Elle a joué la carte de la sous-traitance massive, à très bas prix, pour les entreprises occidentales. (En commençant par les zones spéciales dont parle Pédro, pour surveiller le processus et ne pas l'étendre d'entrée à tout le territoire chinois ?) ça se défend.
De même dans l'agriculture : dans l'ensemble elle n'était pas mécanisée en Chine, la privatisation des terres se réduisait à un partage (idéalement...) équitable. Alors qu'en URSS, la fin des fermes collectives posait la question de l'investissement en tracteurs et autres. (Voir l'Ukraine en friche...)
ça pourrait être une explication globale : la transition économique aurait été beaucoup plus facile en Chine ?
Faget a écrit :
A la fin des années 1980, en Allemagne, lors d'une réunion interalliée de haut niveau, un fonctionnaire américain du Département d'état nous avait déclaré que les notions de Glasnost et de Perestroïka lancées par Gorbatchev lui avaient été inspirées par les expériences inaugurées en Chine communiste. Dans les officiers qui m'entouraient ce fut une révélation et une grande surprise. Peut-être était ce déjà connu dans certains cercles restreints, mais ça n'avait pas été diffusé dans la presse.
C'est en effet assez surprenant, mais pas impossible.
Toutefois, il faut noter que Gorbatchev en a perdu le contrôle, alors que le PC chinois a maintenu son contrôle sur la population. (Je pense en particulier à la Glasnost - transparence - à laquelle la Chine a su mettre des limites nettes.)
Il faudrait regarder les différences dans le détail. (Déjà, augmenter massivement le prix de la vodka...)
Au passage, à propos des Américains, Gorbatchev a été "mis à genoux" par Reagan qui lui a livré - avec l'aide des Saoudiens - une guerre du prix du pétrole impitoyable, asséchant une partie non négligeable des revenus de l'état.
Une première différence évidente est qu'en Chine l'armée est "gâtée" par le régime - elle est propriétaire, et donc touche les bénéfices - d'un domaine industriel réservé, notamment les fabrications d'armement. Alors que Gorbatchev est tombé suite à un coup d'état militaire raté.
Côté chinois, une limite politique très nette à la Glasnost est fixée par la répression des manifestations de Tien An Men, en 1989. Curieusement, Wiki affirme que Deng Xiaoping aurait hésité :
Citer :
Les protestations s’intensifient, et le 20 mai la loi martiale est décrétée. Cependant, les manifestants ne quittent pas la place, ce qui conduit à une scission au sein du Bureau politique du Parti communiste. D’une part, les réformistes comme Zhao Ziyang préconisent la possibilité d’un dialogue, alors que le Premier ministre Li Peng préconise le recours à l’armée pour évacuer la place et mettre fin aux protestations. Bien que peu d’informations sur les détails du débat au sein du parti n’aient filtré, des informations révélées dans les années 2000 semblent confirmer que Deng Xiaoping hésite pendant un certain temps jusqu’à ce qu’il donne finalement raison à Li Peng et autorise l’usage de la force, le 4 juin.
Par la suite il ne sera plus jamais question d'ouverture politique, et encore moins d'autonomie régionale (Tibet, Ouighours, etc...) : les dirigeants chinois ont été durablement traumatisés par la chute du communisme et l'éclatement de l'URSS.
Savoir s'ils sont restés communistes est un débat qui dépasse la limite chronologique, en revanche ils ont gardé l'appareil répressif et le contrôle des populations hérité du maoïsme.