Le dialogue final "Nous nous battrons jusqu'au bout" est un peu héroïsé, il me semble. J'ai déjà vu les images... (au fait, quelles images ? Filmées à DBP elles auraient été saisies... Ce devait donc être un dialogue radio filmé avec Cogny au centre, à Hanoï. Dans mon souvenir, je voyais De Castries et Bigeard devant la radio, comme quoi on reconstruit les souvenirs.)
Peu importe, c'était bien ces deux interlocuteurs, très attentifs, à qui Cogny disait : "Ce que vous avez fait est magnifique, il ne faut pas le gâcher par une capitulation."
Donc pas de drapeau blanc. Mais on ne peut donner à des soldats l'ordre de se faire tuer jusqu'au dernier. Castries leur demandait, à l'heure prévue, de cesser toute résistance partout. Simplement l'arrêt du feu. (Les Viets comprendront ce qui se passe, et investiront les points d'appui dans le calme.)
Ce qui se passera effectivement, sachant que là où on est au corps à corps, c'est une vision très théorique... Par ailleurs il est exact que certains groupes de soldats ont été recueillis, quelques jours après, par les montagnards méos, constitués en maquis par les Français. Tout le monde n'a donc pas posé les armes.
Un capitaine para très connu, Botella (qui avait sauté le 6 juin 44 non pas en Normandie, mais en Bretagne, parmi les SAS français) a refusé d'obéir et exigé un ordre écrit pour déposer les armes. Je crois que c'est son colonel qui a pris la radio pour le convaincre d'arrêter.
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Sur tel point d’appui, au bataillon légionnaire de parachutistes, il reste une compagnie, et par compagnie il faut maintenant comprendre soixante à quatre-vingts hommes.
Pierre Sergent, ancien officier de ce bataillon (à cette période hospitalisé à Hanoï, pour une blessure antérieure à DBP, sauf erreur) affirme qu'à la fin des combats il ne restait plus, au BEP, un seul homme qui ne soit pas blessé.
le BEP (Bataillon Etranger Parachutiste) était un cas particulier : des légionnaires paras ! Cette innovation, inattendue à la Légion, avait donné un bataillon exceptionnel.
Mais ce genre de réputation coûte cher : le BEP avait déjà été pratiquement anéanti en 1950 dans le désastre de la RC4, puis reformé.
Il deviendra en Algérie le 1er REP (Régiment Etranger Parachutiste) qui s'illustrera dans la bataille des frontières, avant de participer à la bataille d'Alger - passons - puis d'être dissous pour sa participation active au putsch des généraux.
Aujourd'hui ne demeure que son jumeau, le 2ème REP, basé à Calvi, une des unités la plus prestigieuse de l'armée. (Ce sont eux qui ont sauté sur Kolwezi, par exemple.)