Pierma a écrit :
Une entreprise gérée par ses salariés n'est pas forcément moins "conservatrice" qu'un patron lorsqu'il s'agit de "tenter un gros coup" qui engage la vie de l'entreprise. Typiquement, le rachat de Saint-Gobain (verrerie) par le Danone d'Antoine Riboux, il n'est pas certain qu'une Scoop aurait tenté le coup.
On ne peut pas demander à des salariés d'êtres des investisseurs, chacun son métier.
Je m'étais fait cette réflexion dans une des entreprises par lesquelles je suis passé, voici quelques années. Nous avions racheté un concurrent de 5 fois notre taille pour 300 M€.
L'opération terminée, nos patrons débarquent immédiatement chez les actionnaires en disant: "pour transformer cette belle endormie que nous venons d'acheter en l'outil industriel le plus performant d'Europe dans sa branche, il nous faut encore 150 M€ d'investissement sur 3 ans".
Nous étions 1500 salariés dans la boîte. Aurions-nous été une SCOOP, cela aurait signifié investir chacun 100 000 euros dans notre outil de travail. Inenvisageable.
Dans la vie, il y a les salariés, les entrepreneurs, les capitalistes... chacun a des capacités et des attentes différentes. Ce qui compte c'est d'être bien à sa place, mais il ne faut pas demander à quelqu'un de jouer un rôle qui ne lui convient pas.
Je reviens dans le sujet car je suis bien conscient de ne pas avoir parlé d'histoire: je pense que c'est cela qui dérangeait Pompidou et les autres; il y a une hypocrisie dans la participation (dont je bénéficie moi le premier): on participe aux gains de l'entreprises et à l'augmentation de sa valeur, mais, soyons honnête, on participe peu et très indirectement à la prise de risque.
Dans une période où le risque de perte d'emploi était faible, la participation avait un côté pile-je-gagne-face-tu-perds pour le salarié.
Il en va très différemment dans la période hors-charte où la participation ne compense pas loin s'en faut la précarité du salariat dans certains secteurs.