Pouzet a écrit :
Concernant les flux migratoires, à partir de 1974 ils sont considérablement réduits à cause de la crise et malgré le regroupement familial.
Non, c'est un malentendu ou un biais statistique. (du genre "on ne prend pas en compte les familles qui rejoignent un immigré déjà présent depuis plusieurs années", comme le sujet a toujours été sensible les chiffres sont suspects.)
Non, c'est bien Giscard qui a donné le signal du regroupement familial. Que ça n'ait pas eu des effets rapides - et ça reste à voir - n'empêche pas que ce feu vert a eu à moyen terme les conséquences que j'ai indiquées. En précisant bien que Giscard, à la date où il a pris cette décision, ne pouvait pas le prévoir.
Par ailleurs, pour ce que j'en ai vu à Sochaux, les primes au retour ont eu un certain succès sur le moment, mais n'ont pas réduit de façon significative le nombre d'immigrés en France. (A Sochaux les immigrés occupaient les postes les plus durs - la peinture, l'emboutissage... - mais il préféraient ça à un retour au bled où il n'y avait pas de travail, même si on leur offrait de quoi s'y construire une maison, au tarif local...) Vous avez donc raison sur ce point précis : on ne faisait plus venir de nouveaux ouvriers immigrés, au contraire on essayait de les motiver à rentrer. Mais j'insiste, pour les familles c'était le mouvement inverse qui commençait.
A noter, dans ma classe d'apprentissage du français à Montbéliard, une forte présence turque. Je pense qu'ils avaient quitté l'Allemagne, qui n'accordait pas sa nationalité aux immigrés - le droit du sang - pour des cieux plus accueillants.
Turcs ou arabes, j'ai a-do-ré ces gamins ! ils baragouinaient suffisamment de français pour qu'on ait de franches rigolades - avec 18 élèves on peut se le permettre - et l'ambiance exotique était passionnante. Nabilah, 8 ans : "Nous on a quitté la grande tour ronde parce qu'il y avait trop d'immigrés."
J'y suis repassé il y a quelques années, la grande tour ronde a été dynamitée, et un petit garage portait le nom d'un de mes élèves. Allons, ils ont dû trouve leur place...
Et à plus long terme, le regroupement familial débouche sur des naissances en France, donc des citoyens français, on doit en être à la 3ème ou 4ème génération. Dont la très grande majorité est intégrée, à la longue, mais souffre souvent du manque d'emploi non qualifié, devenu une plaie sociétale pour tout le monde. (La pire, selon moi, et celle dont on ne parle jamais.)