Lili98 a écrit :
une citation de Charles de Gaulle rapportée par Jean d'Escrienne
Depuis que certains (Peyrefitte par exemple) ont fait dire dans leurs mémoires ou publications diverses ce que De Gaulle n'avait jamais dit, j'ai toujours un doute sur la véracité de certains propos rapportés.
Ici, les mots pourraient bien être ceux de De Gaulle, mais nous n'en sommes pas certains.
Cela dit, à l'époque beaucoup pouvait utiliser "le peuple juif" pour caractériser l'Etat d'Israël, ce qui semble au regard des réalités être très réducteur et pour le moins erroné (il y a des juifs qui ne vivent pas en Israël et cet Etat comporte des citoyens non juifs).
Une habitude héritée du XIXème siècle, voire de la tradition chrétienne datant de l'époque de Jésus, puis des
Evangiles ou tout simplement de la tradition hébraïque ? Ce terme est peu adapté à la situation d'Israël à l'époque, il est étonnant de voir De Gaulle l'employer encore.
Lili98 a écrit :
vos éclaircissements sur le personnage de R. Aron
Il y aurait beaucoup à dire... C'était une époque où les historiens faisaient de la politique, ils ne s'en cachaient d'ailleurs pas et cela ne posait aucun problème dans le débat public.
On peut le classer dans l'école historique libérale et il n'hésitait pas à prendre sa plume pour critiquer la politique extérieure de De Gaulle dans les années 1960, perçue comme mauvaise, car trop "anti-américaine" selon lui.
Lili98 a écrit :
son rôle dans la construction du « mythe résistancialiste »
Oui, au même titre que les communistes.
Il faut le comprendre également avec le contexte de 1945 : la France revenait alors de loin, de très loin et il fallait reconstruire un pays meurtri, la débâcle de 1940 n'avait pas été oubliée, encore moins l'orientation du régime de Vichy, qui plus est dans un contexte de guerre froide en gestation, avec une crainte de l'expansion du communisme en Europe.
Les "gaullistes" ont sans doute mis en avant une France plus "résistante" qu'elle n'avait été, sans aucun doute pour faire oublier celle de la collaboration (comme les communistes ont voulu faire oublier la ligne officielle du PCF jusqu'à en 1941 : le pacte de non-agression avec l'Allemagne nazie) et tous ceux chez les hauts fonctionnaires qui n'avaient pas été trop "mouillés" dans celle-ci ont été maintenus à leur poste, faute de mieux.
De doute manière De Gaulle quitte le pouvoir en janvier 1946 et les trois forces alors en place, le PCF, la SFIO et le MRP n'ont nullement fait travail opposé : la France combattante était mise à l'honneur, oubliée celle de Vichy une fois l'épuration terminée.
Cependant, je ne pense pas qu'il faut y percevoir la moindre proximité idéologique avec les antisémites notoires qu'on pouvait trouver dans certains couloirs de l'hôtel du Parc, trop de gaullistes et de communistes ont été traqués par ces collaborateurs des nazis pour qu'on puisse croire à cela.