Loïc a écrit :
la belle affaire...
tout à fait il y'a ce qu'on dit et les faits qui sont têtus comme dirait l'autre :
Oui, les faits. Les faits, c'est que la division Azul, qui est la seule participation active à la guerre (participation gratuite, si j'ose dire), est dissoute en 1943. Le reste c'est de la littérature.
Loïc a écrit :
les Alliés interrompirent leurs exportations de pétrole pour obliger Franco à fermer le consulat général allemand à Tanger, à livrer aux alliés les navires italiens abrités dans les ports espagnols et à cesser les exportations de minéraux à l'Allemagne
en échange de la reprise des livraisons de pétrole Franco s'engagea à ne plus fournir de renseignements secrets à l'Allemagne.
C'est le droit le plus absolu des neutres de continuer à commercer avec les belligérants. Si l'on était cynique, on dirait que c'est même le but.
Et il est dans l'ordre des choses que les belligérants fassent pression sur les neutres.
Et il n'est pas anormal que les neutres fassent plus ou moins monter les enchères.
Tout ça, c'est le jeu
ma bonne LucettePour ce qui est de livrer des renseignements plus ou moins secrets, bof.
Vous vous souvenez de ce que disait De Gaulle:
un militaire qui donne un renseignement à un autre militaire d'un autre camp, c'est une trahison. D'un diplomate à un autre diplomate, c'est un gentleman qui a la sensation de faire une fleur à un confrère. La phrase exacte est évidemment bien mieux tournée, mais c'est l'idée.
Notez que je ne suis pas en train de dire que le cœur de Franco ne penchait pas du côté de l'Axe. Ce que je répète, c'est:
- que dans la pratique, il n'est pas ou peu tombé du côté vers lequel il penchait. Rien d'irréversible en tous cas, la preuve par les faits étant qu'il n'a pas fait partie des vaincus en 45.
- et que, à la guerre, il faut désigner son ennemi, et que les ennemis de mes ennemis sont mes amis. L'ennemi de Franco, c'était l'URSS. à tort ou à raison.
Quant à penser qu'il pouvait croire jusqu'en en juin 44 à la victoire de l'Allemagne... désolé, je n'y crois pas. Je peux me tromper, mais cela me paraît impossible. Nous avons vu la relation qu'il entretenait avec Canaris. Canaris qui en octobre 19
40 avait dit à Franco "que jamais un soldat allemand ne pourra poser le pied en Angleterre".
Sauf à nous produire un papier écrit de la main de Franco destiné à sa correspondance privée ou à ses conseillers proches où il dit croire à la victoire de l'Allemagne, évidemment. Mais sinon je n'y crois pas. Ce ne peut être que du blabla, de la propagande éventuellement mâtinée de méthode Coué -même si on a vu que c'est pas le genre.
Pierma a écrit :
Il y a aussi une chose dont on ne parle pas, qui est sa situation politique intérieure : il devait composer avec des associés d'extrême-droite qui n'auraient pas admis un virage en direction des Alliés, si il avait été trop précoce.
Né d'un pronunciamento, il pouvait peut-être en craindre un ?
Je ne pense pas qu'il ait trop à craindre de son aile droite, qu'il tient d'une main de fer. Il a par exemple forcé la fusion entre les phalangistes (révolutionnaires), les carlistes (catholiques conservateurs monarchistes) et les
Groupes d'offensives Nationaux-syndicalistes. Mariage de la carpe, du lapin et de l'araignée qui s'est célébré sans moufter.
Si risque de
pronunciamento il y a, il viendrait plutôt de l'extérieur:
- on dit que Hitler aurait bien aimé voir à la tête de l'Espagne
Emilio Infantes ou
Muñoz Grandes, des généraux mieux à son goût.
- le comte de Barcelone (le père du futur Juan-Carlos) en 1941 joue ouvertement la carte allemande, en échange d'une Restauration à son profit.
Un Bourbon dans les fourgons de l'étranger, l'histoire se serait répétée... Le même comte de Barcelone qui sans honte en 1945 militera encore pour une destitution de Franco à son profit, cette fois-ci parce que Franco avait été trop proche de Hitler
Peut-être pas de risque d'un
pronunciamento donc, mais clairement des pressions en faveur de l'Axe: sentiment personnel, de l'entourage, pression de l'opinion publique de cette moitié de l'Espagne qui a gagné la guerre civile: ces gens sont des anticommunistes remontés à bloc. Il y a même eu des volontaires pour rester sur le front de l'Est après la dissolution de la division Azul, c'est dire.
Mais les pressions extérieures contre l'Axe ne sont pas négligeables non plus, c'est le moins que l'on puisse dire. Si Franco entre en guerre à côté de l'Allemagne, les conséquences immédiates sont:
- arrêt des approvisionnements par les USA (on a vu que c'est un argument de poids),
- occupation des Baléares par les Britanniques, que Franco n'a aucun moyen d'empêcher,
- voire
opérations au sol dans la péninsule à partir de Gibraltar!
Inenvisageable.
Loïc, qu'est-ce que le
wolfram?