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Message Publié : 05 Jan 2006 23:05 
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Pierre de L'Estoile
Pierre de L'Estoile
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I. Opinion internationale

La pression internationale a certainement joué : l'URSS et les USA étaient favorables à l'indépendance, les premiers car les Algériens étaient sous leur influence, et les USA par principe, et certainement pour tenter d'étendre leur influence aussi (comme au Viet-Nam).

II. Une majorité de la population acquise au FLN ?

Le FLN n'était pas le seul mouvement indépendantiste, et était loin de faire l'unanimité. Il ne s'est pas privé de massacrer les Algériens qui leur étaient hostiles. Du reste, pour les Kabyles, l'indépendance signifie le début de la colonisation arabe.

III. Un fossé entre deux populations

Le problème fondamental était plus profond : comment vivre en démocratie avec une population coupée en deux ?
Lors de la seconde guerre mondiale, Algériens "non-blancs" et Pieds-Noirs, comme les autres populations de l'empire français, avaient apporté une grande contribution à la France Libre : les "non-blancs" (ce terme me fait horreur, je le place pour une bonne compréhension) étaient même majoritaire lors des combats en Afrique (serment de Koufra, Bir-Hakeim...) et en Italie.

Pour la Bataille de France, et principalement le débarquement en Provence, un problème s'est posée : l'armée était trop colorée pour que les bons Français -encore grisés par "Travail - Famille - Patrie", se reconnaissent dedans. Un programme, appelé le "blanchiment", a été mis en place : au fur et à mesure que l'armée française remontait la vallée du Rhône, les colorés "étaient" remplacés par des FFI.

Le résultat fut que les Pieds-Noirs purent se targuer - avec raison - d'avoir joué un rôle prépondérant dans la Libération, et, sous une IVe république plus immobiliste que jamais, demanderont et obtiendront un maintien de leurs privilèges sans concession. Les "indigènes", conscient de leur participation à l'effort de guerre, ne l'entendent bien entendu pas de cette oreille.
(ma source : Vae Victis n°58, dossier sur "la 1ère armée ou l'impossible renaissance de l'armée française, 1943-1944).

Ensuite, vint la guerre et ses massacres. En appliquant les recettes déjà éprouvées (attentat / répression), le FLN chercha à creuser un fossé entre les populations. L'armée française tomba dans le piège au-delà de toute espérance, en exerçant souvent des représailles en se trompant de villages. A la fin de la guerre, il était évident que les "colons" (un autre terme qui ne signifie rien) ne pourraient pas être en sécurité sans une forte présence militaire permanente.

Or, cela était beaucoup trop coûteux pour la France, d'autant plus qu'il ne pouvait pas s'agir d'un effort de guerre car le pays n'était pas en guerre.
Ceci, joint au sentiment anticolonialiste d'une partie de la population, explique que de Gaulle, qui avait cyniquement utilisé le putsch d'Alger pour faire passer ses réformes, ait décidé de se débarassé de l'Algérie.

IV. Une autre solution était-elle possible ?


En toute logique, l'autre solution aurait été une assimilation progressive, mais dans les deux sens : les droits des indigènes s'égalisant à ceux des Pieds-Noirs, et ceux-ci acceptant de partager le pouvoir avec eux.
Mais après la seconde guerre mondiale, il était certainement déjà trop tard...

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Qui contrôle le passé contrôle l'avenir.
George Orwell


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Message Publié : 06 Jan 2006 2:38 
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Salluste
Salluste

Inscription : 27 Oct 2005 19:48
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lamy a écrit :
Ce qui est fou c'est que tous les algériens ont voté lors de l'acceptation référendaire de la Veme république en 1958, ils sont même été pour a un tres grand pourcentage, 4 ans apres, ils ne sont même plus français ...
Etrange ? En fait on est sous un régime qui n'a pas été approuvé par notre population actuelle ...


Avez vous des chiffres ? Autant que je me souvienne l'avoir lu, ce référendum a été largement voté.


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Message Publié : 06 Jan 2006 14:27 
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Fustel de Coulanges
Fustel de Coulanges

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A quelques heures près, le même processus a transformé la quasi victoire anglo-franco-israélienne lors de l'affaire de Suez (automne 1956) en défaite due à l'intervention des deux "grands". Du coup, Nasser a bénéficié du prestige de la "victoire", chassé les résidents étrangers, invité les Russes à réaliser le haut barrage d'Assouan, et isolé son pays pendant vingt ans...


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Message Publié : 07 Jan 2006 17:49 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 03 Oct 2003 9:22
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Entendu en voiture (sans pouvoir téléphoner au standard correspondant) sur les ondes de France-Inter un matin lors des 50 ans de l'insurrection en Algérie. Pascal Paoli avait invité un "historien" algérien pour parler notamment des derniers mois de la présence Française... je passe sur 3-4 remarques qui aurait mérité une remise "à niveau" pour aller à l'essentiel: un auditeur appelle en fin d'émission pour demander qu'à l'occasion de cet "anniversaire" il soit publiquement rendu hommage au "général Katz qui a Oran en début juillet 1962 a permis avec beaucoup de courage et de mérite (etc etc) que l'indépendance se passe de la meilleure façon". Et de rajouter d'autres éloges sur ce militaire qui a joué "un rôle clef dans les derniers évènements à Oran ..."
Paoli avoue à l'antenne ne pas connaitre cet homme ni les évenements en question (sic) et demande un commentaire à l'historien algérien :twisted: qui répond "heu je ne sais pas trop avec précision ... périodes troublées , mais heu...en effet le général Katz mérite tous les éloges"
Et Paoli de conclure "et bien avant de rendre l'antenne rendons donc hommage à ce général Katz..." . Et une page de pub pour oublier tout ça...

Pour ceux qui ne connaissent pas la journée du 5 juillet 1962 à Oran (2 jours après l'indépendance): une fin de matinée et une après-midi d'horreur où une manifestation d'algériens a fini à la chasse à l'Européen la plus horrible qui soit avec des exécutions sommaires dans les rues, des mutilations, un groupe de Pieds-Noirs ligotés emmenés vers les faubourgs de la ville et qu'on ne reverra jamais plus (mais qui se souciait alors de les chercher...)... Un millier au total d'enfants, de femmes et d'enfants assassinés et disparues. Et le général Katz ? Averti de ce qui se passait il ne changea rien, pris son repas... en milieu d'après-midi en hélicoptère il ne fit toujours rien alors que des Français étaient mitraillés à bout portant. Ah si il fit quelque chose: il ordonne aux soldats de rester cantonné dans les caserne oranaise alors que nos compatriotes se faisaient massacrer parfois à moins de 300 mètres...

Le général Katz y a gagné sa troisième étoile et un surnom par les survivants..celui de "Boucher d'Oran"... mais cela Pascal Paoli et les auditeurs de France Inter ne le sauront jamais..

Crillon

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Message Publié : 08 Jan 2006 11:04 
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Grégoire de Tours
Grégoire de Tours
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Inscription : 03 Oct 2003 9:22
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Localisation : Toulouse
J'ai, vous l'aurez rectifié de vous-même, attribué au journaliste en question (Mr Paoli) le prénom du Père de la Nation Corse (Pascal) alors qu'il s'agit bien sur de Stéphane Paoli. Ne pouvant modifier mon message ci-dessus je laisse à un administrateur le soin de le faire...

Crillon

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Message Publié : 08 Jan 2006 11:30 
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Philippe de Commines
Philippe de Commines

Inscription : 08 Mai 2002 9:54
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Il peut être tentant de faire endosser à de Gaulle la responsabilité du dénouement algérien. Il ne faut pourtant pas oublier que le radical Félix Gaillard voulait entamer des négociations avec le FLN en avril 1958 !

Que cela, dissimulé derrière la mission des "Bons Offices" anglo-saxons, entraîna sa chute ! Que le 13 mai, les Algérois s'insurgèrent parce que Pfimlin, MRP, avait la même intention ?

Sans de Gaulle, les gouvernants français auraient entamé le processus d'abandon dès 1958 ! Les hommes du 13 mai auraient-ils pu l'empêcher, sans de Gaulle ?

OUI: au prix d'une guerre civile !

De Gaulle était pour l'auto-détermination, dès 1956. Mais il souhaitait un état-associé pour l'Algérie. Il essaiera cette solution jusqu'en 1961.

Mais il n'allait pas le dire à Alger le 1er juin 1958: il aurait été hué, renversé voire lynché...

comme il est à la mode ces jours-ci, évoquons son souvenir: Mitterrand aurait été désigné président du Conseil comme il l'espérait depuis mai 1957... Il aurait rappelé que "l'Algérie, c'est la France" pour trouver une formule de combinard dont il avait le secret et en 59, l'Algérie était indépendante...

Si l'on voulait à tout prix conserver l'Algérie à la France, ce n'est pas de Gaulle qu'il aurait fallu, c'est Franco ! Salan aurait pu faire l'affaire. Ou Massu. Mais les Français n'en voulaient pas ! Il faut se faire une raison. Après l'électrochoc de 58, ils voulaient la paix en Algérie à tout prix. Et la gauche faisait chorus, comme d'habitude, elle qui avait été incapable de négocier étant au pouvoir...

Surtout, les musulmans étaient attirés par l'indépendance. C'était un mot magique... Les Français voulaient des congés payés et de la consommation, ils ne voulaient plus jouer les héros dans les sables.

En admettant que de Gaulle ait appliqué la politique des Ultras, que ce serait-il passé après son départ ? Pompidou ou Pinay, ou Giscard auraient bradé l'Algérie... tiens ! Comme les Portugais qui ont été virés d'Angola et du Mozambique en 1974 !!!

C'est vrai que partir en 58 ou 59 aurait donné l'impression que l'armée avait été dépassée par les évènements. Alors qu'en 1961, elle tenait le terrain...

Mais ce terrain a été rendu par le verbe gaullien au FLN: cela valait-il la peine de prolonger le conflit pendant 3 ans pour arriver à la même solution: brader l'Algérie et sacrifier les pieds noirs ? Sans compter les Harkis ?

Difficile de se prononcer. Ce qui est sûr, c'est que de Gaulle était le mieux armé pour imposer la nécessité de se séparer de l'Algérie à l'armée. J'estime que tout autre que lui aurait échoué: nous aurions eu la guerre civile en 58 et un gouvernement militaire... Cela ne fait guère de doute !


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Message Publié : 09 Jan 2006 21:13 
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Hérodote
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Inscription : 07 Jan 2006 22:40
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Bonsoir,
Ce que il faut reprocher à De Gaulle, ce n'est pas le fait qu'il soit pour délester la France de ses départements Algériens, bien que le Président soit sensé être le garrant de l'intégrité du territoire nationale.
De Gaulle, en éternel opportuniste a exploité le problème algérien pour reprendre le pouvoir, il brouille les pistes en nous faisant du "Je vous ai compris", j'en passe ........
Alors que dans son fort interieur il est pour l'indépendance depuis le début, il n'a aucun complexe notamment vis à vis des pieds noirs à qui il veut faire payer leur préférence pour Giraud, il cède aux préssions de Moscou et de Washington qui voient là l'occasion d'affaiblir la France un peu plus après le discrédit qu'elle vient d'éssuyer avec la perte de l'Indochine,
De Gaulle fait se mouiller bon nombre d'officiers qui croient en lui, il purge l'Armée de ses meilleurs éléments, il divise les Français une fois de plus !
De Gaulle agit en politique avec tout ce que le mot "politique" implique de cynisme et de calcul , il a gagné a court therme car il est intélligent, mais l'Histoire le juge déjà !
Ce qui est le plus condamnable dans l'action de De Gaulle c'est d'avoir laisser le pays, l'Algérie, aux mains d'incapables, qui avaient pourtant de si beaux refrains d'humanisme anti colonial, qui ne feront que se servir, est ce que le peuple algérien a réellement gagné, je ne le crois pas et l'on voit aujourd'hui que l'Algérie n'est pas cicatrisée de cette indépendance bâclée.
Il devait faire ce que De Latrre à éssayer de faire en Indochine, mettre sur pied une élite qui puisse prendre le pays en main, pour ne pas le laisser aux mains des FLN formées aux théories marxistes !
De Lattre a aimé les Vietnamiens, de Gaulle n'aimait pas ces Français d'Algérie
La France avait un grand rôle a joué au Maghreb, elle n' a fait que rater sa mission !

C'est un sujet passionnant qui est encore trés sensible et qui sucite toujours beaucoups d'émotion à la hauteur des douleurs qu'il a fait endurer a certains, je pense notamment au monde pieds noirs.
C'est mon point de vue, et je tenais à vous le faire partager,

Sur ce le bonsoir !

Jérôme


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Message Publié : 12 Mars 2006 0:01 
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Tite-Live
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Localisation : Cherbourg
Crillon a écrit :
Entendu en voiture (sans pouvoir téléphoner au standard correspondant) sur les ondes de France-Inter un matin lors des 50 ans de l'insurrection en Algérie. Pascal Paoli avait invité un "historien" algérien pour parler notamment des derniers mois de la présence Française... je passe sur 3-4 remarques qui aurait mérité une remise "à niveau" pour aller à l'essentiel: un auditeur appelle en fin d'émission pour demander qu'à l'occasion de cet "anniversaire" il soit publiquement rendu hommage au "général Katz qui a Oran en début juillet 1962 a permis avec beaucoup de courage et de mérite (etc etc) que l'indépendance se passe de la meilleure façon". Et de rajouter d'autres éloges sur ce militaire qui a joué "un rôle clef dans les derniers évènements à Oran ..."
Paoli avoue à l'antenne ne pas connaitre cet homme ni les évenements en question (sic) et demande un commentaire à l'historien algérien :twisted: qui répond "heu je ne sais pas trop avec précision ... périodes troublées , mais heu...en effet le général Katz mérite tous les éloges"
Et Paoli de conclure "et bien avant de rendre l'antenne rendons donc hommage à ce général Katz..." . Et une page de pub pour oublier tout ça...

Pour ceux qui ne connaissent pas la journée du 5 juillet 1962 à Oran (2 jours après l'indépendance): une fin de matinée et une après-midi d'horreur où une manifestation d'algériens a fini à la chasse à l'Européen la plus horrible qui soit avec des exécutions sommaires dans les rues, des mutilations, un groupe de Pieds-Noirs ligotés emmenés vers les faubourgs de la ville et qu'on ne reverra jamais plus (mais qui se souciait alors de les chercher...)... Un millier au total d'enfants, de femmes et d'enfants assassinés et disparues. Et le général Katz ? Averti de ce qui se passait il ne changea rien, pris son repas... en milieu d'après-midi en hélicoptère il ne fit toujours rien alors que des Français étaient mitraillés à bout portant. Ah si il fit quelque chose: il ordonne aux soldats de rester cantonné dans les caserne oranaise alors que nos compatriotes se faisaient massacrer parfois à moins de 300 mètres...

Le général Katz y a gagné sa troisième étoile et un surnom par les survivants..celui de "Boucher d'Oran"... mais cela Pascal Paoli et les auditeurs de France Inter ne le sauront jamais..

Crillon


Vous parliez de France-sphincter, heu, pardon, France -inter...?


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Message Publié : 14 Sep 2007 10:58 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 26 Oct 2005 18:58
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La FLN faisait régner la terreur sur les populations civiles. Mais l'armée française avait franchi la ligne rouge : la torture s'était banalisée dans ses rangs. Tout le monde y avait droit, FLN et la population civile. De ce fait, la position de la France dans la guerre d'Algérie était devenue indéfendable tant de l'intérieur que sur la scène internationale.

La priorité de De Gaulle était de sortir au plus vite de ce conflit et cela s'est traduit par le prix du sang et le prix de la honte (70 000 Harkys auraient été massacrés et 800 Pieds Noirs ont disparus après les accords d'Evian).

Mais il fallait le faire quand la France était vainqueur sur le terrain. Vous vous imaginez ce qui se serait passé si la France avait été vaincue militairement.

Sujet né de la séparation d'avec le sujet sur les pieds noirs.
Ce sujet étant plutôt polémique, je préviens que la modération sera très rigoureuse sur les interventions.
On est ici pour faire de l'histoire, pas de la politique.
Tout message politique ou polémiste sera effacé sans préavis.

Narduccio

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Message Publié : 14 Sep 2007 11:08 
Il suffit de lire le livre de Pierre Le Goyet "La guerre d'Algérie" Ed Perrin, et les livres qu'a écrit le Bachaga Boualam... Mais bon, bien évidemment vous jugerez ces ouvrages probablement "partiaux"...
J'ajouterai le livre de Bernard Moinet "Ahmed, connais pas!" chez Athanor.

Ayant été officier dans cette armée française coupable de 'barbarie" et ayant "ratissé" de long en large la Kabylie et le massif blidéen, je n'ai jamais été témoin "d'exaction" dans les douars et les mechtas que j'ai eu à contrôler. Par ailleurs, j'ai également été le témoin d'excations commises par l'ALN. Un exemple ? Ces trois femmes découvertes un petit matin de juillet au creux d'un oued à sec encombré de massifs de lauriers roses... Ces trois femmes avaient été empalées, probablement alors qu'elles vivaient encore au milieu du lit de l'oued. L'une d'elles, enceinte de quelques mois, avait été éventrée, le foetus arraché et jeté aux chacals (c'est ce qui nous avait alerté), eviscérée, et ses assassins avaient rempli son ventre de galets et l'avaient "recousu' avec du fil de fer.
Pourquoi ces crimes odieux ? En représailles ? Non. Simplement pour "dissuader" les hommes du village proche de se constituer en auto-défense comme ils en avaient manifesté l'intention...



Il y a eu certes des villages détruits pas l'artillerie, mais aprés que leurs habitants aient été regroupés autour des postes de l'armée dans ces villages de rergoupement que certains ont eu le foutu culot de comparer à des camps de concentration !


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Message Publié : 14 Sep 2007 11:27 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 26 Oct 2005 18:58
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Je pense plutôt que c'est à partir du moment où la torture s'est banalisée qu'il y a eu de plus en plus de gens qui souhaitaient l'indépendance. Quand De Gaulle parle d'autodétermination, les gens ont commencé à dire tout haut, ce qu'ils pensaient tout bas auparavant.

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Message Publié : 14 Sep 2007 13:50 
Duduche19 a écrit :
Je pense plutôt que c'est à partir du moment où la torture s'est banalisée qu'il y a eu de plus en plus de gens qui souhaitaient l'indépendance. Quand De Gaulle parle d'autodétermination, les gens ont commencé à dire tout haut, ce qu'ils pensaient tout bas auparavant.


Je viens de dire que la torure ne s'est jamais banalisée ! Il y a eu, pendant la bataille d'Alger (années 56-57) lorsque les parachutistes ont été chargés de la répression à Alger de nombreux cas avérés, parceque le gouvernement socialiste de l'époque avait demandé de "l'efficacité par n'importe quels moyens" pour éradiquer le terrorisme dans cette ville. Mais ce fut vraiment ponctuel. Aussaresses en a parlé, Massu également. On ne peut pas parler de banalisation, absolument pas ! Il y avait une méthode pour obtenir des renseignements qui consistait à "infiltrer" les bandes, et nous avions, avec nous, des Algériens volontaires pour ce genre de choses !

Lorsque De Gaulle a parlé d'auto-détermination et a donné sa préférence pour une Algérie indépendante associée à la France, c'est vrai que les Algériens se sont mis à douter. Mais c'était en 59/60 !
Dire qu'il y avait de plus en plus de gens qui souhaitaient l'indépendance à cause de la "banalisation" de la torture est une ineptie ! La terreur côté FLN faisait encore plus peur que la soi-disant "torture" de l'armée française ! Il ne faut vraiment rien connaître à ce conflit pour dire de telles contre-vérités !


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Message Publié : 14 Sep 2007 14:19 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 26 Oct 2005 18:58
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Samouraï a écrit :
Il y a eu, pendant la bataille d'Alger (années 56-57) lorsque les parachutistes ont été chargés de la répression à Alger de nombreux cas avérés

Vous voulez dire des milliers. Et après ça a continué. Il n'y a eu qu'un seul général français, je dis bien un seul, qui a condamné la torture.

Citer :
parceque le gouvernement socialiste de l'époque avait demandé de "l'efficacité par n'importe quels moyens" pour éradiquer le terrorisme dans cette ville.
Le gouvernement ne maitrisait plus rien. Les militaires faisaient ce qu'ils voulaient.

Citer :
La terreur côté FLN faisait encore plus peur que la soi-disant "torture" de l'armée française !

Sans aucun doute, mais la soi-disante "torture" (je reprend vos mots) de l'armée française a fait combien de victimes ?

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Message Publié : 14 Sep 2007 14:24 
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Eginhard
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Inscription : 09 Mai 2006 21:43
Message(s) : 717
Samouraï a écrit :
Je viens de dire que la torture ne s'est jamais banalisée !
Non, vous avez écrit « Officier dans cette armée, j'atteste que je n'ai jamais ni pratiqué, ni laissé pratiqué ce genre d'interrogatoire "musclé" dans mon secteur ». Il s'agit d'un témoignage, que vous ne pouvez pas généraliser à l'ensemble de la guerre.

Samouraï a écrit :
Il y a eu, pendant la bataille d'Alger (années 56-57) lorsque les parachutistes ont été chargés de la répression à Alger de nombreux cas avérés, parceque le gouvernement socialiste de l'époque avait demandé de "l'efficacité par n'importe quels moyens" pour éradiquer le terrorisme dans cette ville. Mais ce fut vraiment ponctuel. Aussaresses en a parlé, Massu également. On ne peut pas parler de banalisation, absolument pas !
Dans son livre Services spéciaux Algérie 1955-1957 (Plon, 2001), le général Aussaresses écrit dans le chapitre intitulé « Philippeville, 1955 » (à cette date, le Parti socialiste SFIO est encore dans l'opposition) : Les policiers « me firent vite comprendre que la meilleure façon de faire parler un terroriste qui refusait de dire ce qu'il savait était de le torturer. Ils s'exprimaient à mi-voix, mais sans honte, sur ces pratiques dont tout le monde, à Paris, savait qu'elles étaient utilisées et dont certains journaux commençaient à parler ». Il poursuit, quelques pages plus loin (toujours dans le même chapitre) : « Les policiers de Philippeville utilisaient donc la torture, comme tous les policiers d'Algérie, et leur hiérarchie le savait ». Il ajoute, enfin : « La quasi-totalité des soldats français eurent plus ou moins connaissance de l'existence de la torture mais ne se posèrent pas trop de questions car ils ne furent pas directement confrontés au dilemme. Une petite minorité (note n°4) d'entre eux l'a pratiquée, avec dégoût, certes, mais sans regrets ».

(Note n°4) « Beaucoup d'officiers d'active n'ont jamais torturé, tout simplement parce qu'on ne les a jamais mis en situation de le faire. Quant aux appelés, il n'était pas question de leur confier ce genre de besogne. »


Sur ce sujet, il faut lire (ce que je n'ai pas encore fait :oops: ) la thèse de Raphaëlle Branche, L'armée et la torture pendant la guerre d'Algérie. Les soldats, leurs chefs et les violences illégales dirigée par Jean-François Sirinelli et soutenue en décembre 2000 l'Institut d'études politiques de Paris, qui a été publiée chez Gallimard en 2001 sous le titre La torture et l’armée pendant la guerre d’Algérie 1954-1962. Voilà ce qu'en écrivait Charles-Robert Ageron dans le n°74 du second trimestre 2002 de Vingtième Siècle. Revue d'histoire :

Charles-Robert-Aheron a écrit :
« Sous le titre La torture et l’armée (1954-1962), cette thèse de doctorat présente une étude détaillée des diverses violences illégales commises par l’armée française au nom de la théorie de la guerre révolutionnaire. L’ampleur de l’information, le talent d’écriture et la qualité de la réflexion de l’auteur en font un livre qui s’imposera à un vaste public.

Raphaëlle Branche a su obtenir une liberté presque totale de consultation des archives militaires du SHAT soumises jusqu’ici à de sévères restrictions. On ne peut que se réjouir pour ses travaux et ceux de tous les chercheurs. Raphaëlle Branche a rassemblé également une masse de témoignages individuels de soldats et d’officiers. La richesse de cette documentation lui permet d’affirmer l’institutionnalisation de la « torture » dans l’armée spécialement grâce à la création en 1957 des DOP (Détachements opérationnels de protection) rebaptisés en mai 1960 UOR (Unités opérationnelles de recherches). Environ 4 000 appelés auraient servi pendant la guerre comme hommes de troupe (p. 365). L’auteur n’en précise pas moins « qu’aucune étude quantitative ne pourra jamais être faite sur les diverses violences de l’armée ». cela vaut sans doute pour les viols officiellement interdits, mais ce serait peut-être oublier que la gendarmerie enregistrait fidèlement, par exemple, le nombre de victimes des « corvées de bois » ou « fuyards abattus » lors de tentatives d’évasion. Malgré la résistance de certains juges d’instruction civils et militaires, et celle de certains officiers, malgré les rappels à l’ordre répétés du général de Gaulle, les violations du droit, tout en diminuant à partir de 1960, se poursuivirent jusqu’au bout.

Mieux informés qu’ils ne l’étaient jusqu’ici, les lecteurs pourront librement juger de la place et du rôle de la « torture » dans la guerre d’Algérie. Qu’on veuille bien me permettre de leur citer la conclusion réaliste d’un officier : « La torture n’a pas plus servi à la France que les égorgements et les mutilations à la cause du FLN. »


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Message Publié : 14 Sep 2007 14:28 
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Grégoire de Tours
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Inscription : 26 Oct 2005 18:58
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A partir de 1957, il y avait 18 DOP (détachements opérationnels de protection), des structures militaires semi-clandestines spécialisées dans la recherche du renseignement. La torture était leur méthode ordinaire. En 1957, il existait ainsi 584 centres de torture pour l’ensemble de l’Algérie ; les DOP comptaient 2500 personnes en 1960.

Parlons maintenant du système de la corvée de bois. Il consistait à abattre un prisonnier en prétextant une tentative de fuite. Il était attesté dès le printemps 1955. Il était relativement courant durant toute la guerre puisque le taux de “rebelles abattus lors d’une tentative de fuite” par rapport aux “rebelles” abattus était de 12% en 1956, 25% en 1958, 11,6% en 1959. Il descend à 2% en 1960, quand l’Etat recouvrait lentement son autorité sur l’armée en Algérie.

Ces informations je les ai tirés ici. http://www.lennemi-intime-lefilm.fr/dossier/ennemi-intime.pdf .C'est une documentation relativement bien faite qui accompagne le film "l'ennemi intime".

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