Bonjour,
Bien, nous évoluons d'un débat sur la forme vers une discussion sur la situation réelle de la Démocratie Chilienne en septembre 1973, ce qui est une bonne chose.
Tout le monde étant d'accord sur ce forum, pour dire que sur le principe, le renversement d'une démocratie par des Militaires est toujours condamnable. Mais le Chili en septembre 1973, du fait de l'action de Salvador Allende, était-il encore une démocratie ?
Citer :
Salvador Allende (en 1973): Si la révolution ne peut passer en souplesse, elle passera en force.
Sangre (en 2006): Je me fais peut être l'avocat du diable mais on peut interpréter de mille façon cette phrase sans son contexte. Peut être laisse il entendre qu'il entend utiliser la force pour faire passer sa révolution, peut être laisse il entendre que même si lui échoue pacifiquement, tôt ou tard, par la force des choses, la situation changera par un coup de force etc
Plusieurs choses me font penser que cette phrase n’est pas hors contexte, bien au contraire.
Durant les années 1972 1973, les douanes chiliennes ont intercepté des « cadeaux » de Fidel Castro à Salvador Allende, il s’agissait de caisses d’armes… Les douaniers ont été priés de ne pas intervenir s’agissant de cadeaux de chef d’état à chef d’état.
Le gouvernement de Salvador Allende musèle la presse d’opposition dès son élection en nationalisant de grandes maisons d’édition.
Dès l’élection de Salvador Allende, la DGI (Service secret Cubain) intervient au Chili. Ses missions sont diverses :
:!: Ils coordonnèrent et armèrent les diverses brigades internationales d’activistes de gauche qui immigrèrent vers le Chili après l’élection de Salvador Allende.
Ils menèrent diverses opérations d’élimination des opposants (Pérez Zujovic, Maximiano Errázuriz….)
Ils assurèrent la protection rapprochée de Salvador Allende (Tellement rapprochée qu’aujourd’hui encore, on ne sait pas si le Président s’est suicidé ou si ses gardes du corps l’ont liquidé)
:arrow: Pour ceux qui ne seraient pas convaincus des liens entre la DGI et le Président, le chef cubain de la DGI au Chili, Luis de Ona, se marie avec la propre fille de Salvador Allende, Béatrice…
Pour Régis Debré, lui même, la signature du pacte avec les Démocrates Chrétiens en 1970 n’est qu’un accord de façade permettant de gagner du temps en attendant que l’organisation et l’équipement des différents groupes d’extrême gauche permettent de démarrer la révolution socialiste.
La nomination d’Augusto Pinochet par Salvador Allende est d’autant moins innocente que le Général tout comme le Président étaient tout deux Francs-Maçons et en plus d’assez proches amis… (Comme quoi entre ses gardes du corps et ses amis, le Président Allende n’était pas des plus clairvoyants quant au choix de son entourage).
Tous ces éléments mis bout à bout (et j’en ai oubliés sans doute un grand nombre) commencent à faire tâche sur le CV du vertueux Démocrate qu’aurait été Salvador Allende.A mon avis, l’action du gouvernement de Salvador Allende est plus subtile et bien plus pernicieuse que l'on ne veut bien le reconnaître aujourd'hui : Premièrement, quelques données : :arrow: Inflation : en 1970 dans les 25%, en 1973 plus de 600%
Importations : en 1970 900 Millions de $, en 1973 1500 Millions de $
Dépenses publiques : en 1970 13%, en 1973 52 %
La dette extérieure augmente de 25% en 3 ans
Le déficit du budget est proche des 50%
(Il est a noter que si la dette et les importations ont augmenté dans de telles proportions, c’est que les entraves de Washington sur le Chili n’étaient pas si efficaces que cela.)
Deuxièmement, résultat ::arrow: Paupérisation des classes moyennes.
Mise en place de rationnement pour tous sauf les plus démunis, qui eux sont approvisionnés par le pouvoir (clientélisme).
Affrontements quotidiens entre opposants de plus en plus nombreux et supporters de mieux en mieux armés.
Salvador Allende n’a pas pu seulement mal gérer les affaires pour arriver en 36 mois à une situation si catastrophique. Je pense que bien au contraire, le but était de détruire l’économie libérale Chilienne pour lui substituer une économie Socialiste à la Cubaine.
La déclaration du ministre de l’économie Chilienne Carlos Matus, au magazine Der Spiegel en 1973, « Si l'on considère la situation sur la base des critères économiques conventionnels, nous nous trouvons, en effet, en crise. Mais ce qui est une crise pour les uns est pour nous une solution ».
:!: On ne peut être plus clair !
En voulant imposer son programme aux Chiliens, Salvador Allende se place dans une logique de confrontation. La voie Démocratique n’existe plus, le choix se résume soit à une démocratie populaire soit à une dictature militaire.
Je pense que ce faisceau d’éléments démontre que le premier responsable du coup de force de 1973 est bien Salvador Allende et sa Politique de confrontation. Dans tous les cas la Démocratie n’aurait pas survécu s’il était resté au pouvoir.
A bientot de lire vos remarques.
Cordialement.