Fylgja a écrit :
Caen (je parle bien de l'université en elle-même et non d'un enseignant en particulier) s'est mis plus tard que Paris pour l'étude de la Scandinavie. Leur intérêt premier était les Normands et la Normandie. En outre, Musset fut le co-fondateur du Centre d'Etude normande non pas des études scandinaves. La différence entre Musset et Boyer réside là, l'un s'intéresse à la Normandie et l'autre à la Scandinavie.
Et qui y a-t-il de parisianisme à dire qu'effectivement Régis Boyer a fait plus de vulgarisation sur la Scandinavie et les Scandinaves que Lucien Musset ?
La principale différence entre Musset et Boyer, c'est que Musset est un historien éditant et travaillant sur sources (diplomatiques, cartulaires, etc.) là où Boyer traduit ou compile.
Stupéfiant détournement de perspective : nul n'est prophète en son pays, en fait c'est parce qu'il s'est imposé comme connaisseur des mondes nordiques que les Normands sont venus chercher Musset : la Normandie, c'était plutôt le terrain du Cram de Michel de Boüard, ils se sont complétés.
Le "régionaliste" Musset, rappelons-le aux parisianistes, a commis une thèse microrégionale :
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Les peuples scandinaves au Moyen Age. PUF. 1951.
Pour ne pas parler de ses travaux sur l'Angleterre normande ou Guillaume le Conquérant, ou les Normands en Méditeranée, qu'on va taxer de "régionalisme péri-normand" ?, signalons encore :
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Introduction à la runologie. Aubier. 1965 (sur des notes de Fernand Mossé)
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Les invasions [germaniques, scandinaves, etc.]. PUF. 1965-71, deux tomes qui restent la base de nos recherches.
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Nordica et normannica. Proxima Thumé (diffusion de Boccard). 1997. Le titre de ce recueil d'articles donne bien l'ordre de préséance.
Réduire Musset - dont ces quatre titres sont indispensables à toute bibliothèque septentriomane - à un historien de la Normandie, voilà bien le comble du parisianisme !
Si, en apparaissant dans le champ des études nordiques avec
L'Islandais des sagas d'après les sagas de contemporains en 1967 (de mémoire), Boyer a pu s'ouvrir un boulevard, c'est que le terrain sorbonnique était vide : j'ai beau faire des sondages dans les casiers de ma petite tête, je ne vois personne à mettre en face de Musset (Mossé et Gravier, germanistes au sens large, appartenaient à une génération antérieure).
Bref, pour tout observateur avisé, la renaissance des études scandinaves en France part de Lucien Musset (mort en 2004), pas de Régis Boyer. Et elle part de Caen (où ont également sévi Durand, Maillefer, Eydoux..). C'est un Breton qui vous le dit !